Les vaccins recommandés ne sont pas tous réellement nécessaires et utiles pour chaque patient. Une revue détaillée des vaccins pour les voyages a été récemment publiée [1], cet article caractérise les vaccins pour les voyages des adultes et explique leur utilisation dans la pratique quotidienne du médecin généraliste.
Tout d’abord, quelques remarques péjoratives sur l’importance des vaccins pour les voyageurs, souvent surestimée dans les conseils médicaux aux voyageurs : Seuls quelques vaccins sont vraiment “nécessaires” pour un voyage. La valeur préventive des vaccins pour la prévention des maladies associées aux voyages est faible en valeur absolue [2]. Les recommandations, comme le présent article, s’appuient sur des avis d’experts plutôt que sur des données probantes. Les experts considèrent que les accidents (de la route par exemple) et les infections sexuellement transmissibles (IST) représentent un risque sanitaire potentiellement plus élevé que les infections évitables par la vaccination [3].
Les recommandations de vaccination peuvent être “individualisées”. Tous les voyageurs n’ont pas les mêmes besoins en matière de protection et de sécurité. Il est toutefois important que les mêmes informations soient communiquées à tous les voyageurs. Des documents écrits d’accompagnement et des fiches d’information peuvent aider. Une consultation médicale de voyage est coûteuse et prend généralement 20 minutes ou plus. Les recommandations suivantes sont divisées en trois sections en fonction de leur nécessité : “Need to have”, “Good to have” et “Nice to have” (tableau 1). Ils concernent les adultes sans maladie sous-jacente importante ni médicament immunomodulateur. Pour les patients souffrant de maladies graves ou chroniques, il est préférable de faire appel à un spécialiste de la médecine tropicale et des voyages.
Besoin d’avoir
Contre quoi les voyageurs doivent-ils être protégés ?
Vaccination contre la fièvre jaune : l’application de cette vaccination est régie par des traités et des règlements internationaux. C’est pourquoi, dans certaines régions, cette vaccination peut être exigée à l’entrée, même sans passage par une zone de fièvre jaune proprement dite, par exemple pour l’entrée en Afrique du Sud avec visite préalable de la Zambie. Dans d’autres régions, en revanche, la vaccination n’est pas obligatoire mais fortement recommandée pour des raisons d’exposition. Par exemple, la région amazonienne du Brésil est considérée comme une région où la fièvre jaune est présente, mais la vaccination n’y est pas obligatoire. En tant que vaccin vivant, le vaccin contre la fièvre jaune ne peut être administré qu’à distance d’autres vaccins vivants. Cela doit être pris en compte lors de la consultation et de l’indication de vaccination par le médecin de premier recours.
Les cartes de répartition mises à jour peuvent être consultées sur www.safetravel.ch. Il est préférable de laisser le centre de vaccination contre la fièvre jaune se charger des indications de vaccination, du certificat de vaccination et de l’établissement de la lettre d’exemption (Exemption).
Vaccination contre les méningocoques : (quadrivalent “ACWY”, validité de 3 ans) est obligatoire pour les pèlerinages à la Mecque (Arabie Saoudite). Avant la période de pèlerinage, en raison d’éventuels changements de dernière minute, il convient de consulter les informations spécifiques fournies par les autorités saoudiennes (www.hajin formation.com).
Contre quoi les voyageurs sont-ils protégés – ou du moins pensent l’être ?
Dans ce cas, ce sont surtout les vaccinations de base qui doivent être vérifiées et, le plus souvent, complétées. Les chances de combler les lacunes en matière de vaccination de base sont rarement plus grandes que pour les voyageurs qui sont motivés pour parler de la prophylaxie vaccinale. Voici un aperçu des vaccins pertinents, surtout chez les adultes :
- Diphtérie-tétanos (dT) : en cas de vaccination de base complète, un rappel doit être effectué tous les dix ans (tous les 20 ans dans le groupe d’âge des 25 à 65 ans !); en cas de voyage, indication plutôt généreuse en raison du risque accru de blessures. CAVE : la vaccination antitétanique seule est obsolète, c’est pourquoi il faut toujours combiner les deux vaccins. Il convient de noter que les personnes de plus de 60 ans n’ont pas encore été vaccinées de manière systématique lorsqu’elles étaient enfants.
- Coqueluche (Pa) : Suivre les nouvelles recommandations 2012/2013 et vacciner systématiquement tous les 25-29 ans contre la coqueluche combinée au dT (VPI). Autres indications de vaccination : contact régulier avec des nourrissons de moins de six mois.
- Poliomyélite : une vaccination de base complète devrait être disponible (voir également les remarques ci-dessous).
- Rougeole-oreillons-rubéole (ROR) : Vaccination complémentaire en cas de vaccination de base non prouvée. Deux vaccinations nécessaires au total, avec un intervalle d’au moins quatre semaines. Antécédents peu concluants (exception : naissance avant 1964 considérée comme protégée), mesure des anticorps non recommandée en routine (sensibilité insuffisante des tests, coût). CAVE : Vaccin vivant (pas de grossesse, pas d’autre vaccin vivant comme la fièvre jaune applicable dans les 3-4 semaines).
- Varicelle : Ne renoncer à la protection vaccinale qu’en cas d’anamnèse fiable, sinon procéder à la vaccination (2 vaccinations nécessaires, à au moins 6-8 semaines d’intervalle). CAVE : Vaccin vivant (pas de grossesse, pas d’autre vaccin vivant applicable dans les 3-4 semaines).
- Vaccination FSME (vaccination de base dans les régions endémiques de Suisse): à discuter en particulier et également recommandée si des voyages en Europe de l’Est ou dans le nord de l’Asie centrale sont prévus.
Demander, dès les vaccinations de routine, s’il est possible de voyager ultérieurement (la polio, par exemple, peut être administrée de manière combinée en cas de projet de voyage en Afrique dans les 10 prochaines années).
Bon à avoir
Quels vaccins le voyageur doit-il avoir avant son départ ?
- Les vaccins contre l’hépatite(hépatite A/hépatite B) font partie des vaccins associés aux voyages généralement recommandés. Les vaccins combinés sont préférables malgré les différences de transmission et de pronostic. Il s’agit ici, d’une part, de donner aux voyageurs la bonne protection (vaccinations de dernière minute) et, d’autre part, d’évaluer correctement les vaccinations de rappel. Principe : Hépatite A : (vaccin unique) une vaccination suffit jusqu’à peu de temps avant le départ ; l’hépatite B et les vaccins combinés contre l’hépatite A/B nécessitent au moins deux vaccinations pour une protection acceptable.
- Poliomyélite (le vaccin n’existe plus que sous forme inactivée, sous forme de VPI) : En cas de vaccination de base, ne vacciner que si l’on prévoit de voyager dans des régions où le risque de transmission est possible (en général : tout le continent africain ainsi que les régions du sud de l’Asie centrale et de l’Asie centrale avec le Pakistan, l’Afghanistan, l’ouest de la Chine et les pays environnants). Si possible, vacciner en même temps que la diphtérie-tétanos (voir ci-dessus).
- typhoïde abdominale : la protection primaire consiste, comme pour la diarrhée du voyageur, à choisir soigneusement les aliments et les boissons. La vaccination est secondairement envisagée pour les voyageurs ayant une forte probabilité d’exposition, qui vivront dans de mauvaises conditions d’hygiène ou dont la destination est l’Asie centrale du Sud (région Inde/Népal). Prévoir suffisamment de temps pour cette vaccination orale (commencer au moins 3 semaines avant).
- Grippe : la grippe, qui est saisonnière chez nous, est transmise quelque part dans le monde à tout moment, souvent même toute l’année dans les régions tropicales. Les indications pour un géant sont les mêmes que chez nous avant la saison de la grippe.
- Malheureusement, il n’existe pas de vaccinscontre : les piqûres d’arthropodes (moustiques, tiques), ni contre les maladies transmises par ces piqûres comme le paludisme, la dengue, le chikungunya, la fièvre du Nil occidental ou la plupart des infections sexuellement transmissibles (IST).
Agréable à avoir
Quel type de vaccination est proposé au voyageur avant son départ ? Contre quoi le voyageur n’a-t-il (généralement) pas besoin de se faire vacciner, mais doit-il connaître les moyens de prévention des maladies ?
- la rage ( “évitable par la vaccination, mais non traitable”) : La connaissance de la maladie et les mesures à prendre après un contact avec un mammifère sont bien plus importantes que la vaccination ! La discussion avant le voyage doit inclure des points tels que “ne pas caresser les chats”, “ne pas faire de jogging la nuit sur la plage”, autrement dit, éviter les expositions. De plus, les hypothèses erronées telles que “les animaux porteurs de la rage ont l’écume aux lèvres” ou “après le retour, la maladie peut toujours être traitée” doivent être corrigées. Les mesures post-exposition (PEP), y compris les recommandations de vaccination contre la rage, doivent être clairement indiquées à tous les voyageurs et leur être communiquées par écrit. Les indications pour les vaccinations pré-expositionnelles (au moins trois fois, intervalle le plus court 0-7-21 jours) incluent par exemple : Enfants de moins de huit ans ou destinations à risque élevé telles que le sud de l’Asie centrale (région Inde/Népal), séjour prolongé de plus de quatre semaines, contact prévu avec des mammifères (non vaccinés), randonnées à vélo ou pénurie de vaccins sur la destination. Ces voyageurs préalablement vaccinés doivent également être informés des mesures post-expositionnelles à prendre malgré tout (mot-clé : une maladie 100% mortelle implique une protection 100%).
Contre quoi les voyageurs n’ont-ils (généralement) pas besoin de se faire vacciner ?
- Encéphalite japonaise : dans ce cas, il est important de connaître les possibilités de transmission et de se protéger contre les moustiques dans les régions d’Asie concernées. En cas d’indication rare de vaccination, il faut communiquer clairement sur l’espacement des vaccinations (2 administrations à 4 semaines d’intervalle, à commencer au plus tard 5 semaines avant le départ), sur la possibilité d’une vaccination de rappel après 15 mois et sur l’importance de la protection des enfants dans le cadre de l’utilisation off-label de la vaccination.
- Méningite à méningocoque: la vaccination n’est indiquée que pendant la saison à risque lors de voyages dans les zones d’endémie en Afrique et lors de voyages dans le cadre du Hadj. Il faut utiliser le bon vaccin, le vaccin conjugué quadrivalent. Lors de la vaccination de routine contre les méningocoques des personnes en Suisse qui prévoient un voyage dans une zone d’endémie pendant la période de protection du vaccin, il faudrait déjà administrer le vaccin quadrivalent “ACWY” et pas seulement un “C”.
- Vaccination contre les Escherichia coli thermolabiles producteurs d’entérotoxines (LT ETEC) : Ce vaccin peut éventuellement aider les patients qui souffrent souvent de diarrhée du voyageur, surtout au cours de la première semaine de séjour. Le vaccin est combiné avec le vaccin contre le choléra, qui n’est toutefois (presque) jamais indiqué chez les voyageurs.
Au fait…
Profiter des rendez-vous de post-vaccination avant le départ pour mettre à jour les connaissances importantes (prophylaxie du paludisme, prophylaxie de la rage) et répondre aux questions restantes (pharmacie de voyage). Cela peut également être fait par des assistants médicaux formés.
Toujours effectuer les inscriptions de vaccination immédiatement et correctement (au bon endroit) selon le principe : une vaccination, une inscription, un autocollant. Ne jamais inscrire de dates à l’avance dans le dossier de vaccination et utiliser des fiches ou des feuillets séparés pour rappeler les rappels de vaccination.
“Chaque vaccination compte” : En cas de vaccination interrompue, ne recommencez pas, mais continuez simplement, même après des années ou des décennies.
Littérature :
- Neumayr A, et al. : Vaccination lors de voyages à l’étranger 2010, Forum Med Suisse 2010 ; 10(43) : 753-756.
- Boggild AK, et al. : Vaccine preventable diseases in returned international travelers : Results from the GeoSentinel Surveillance Network. Vaccine 28(2010) : 7389-7395.
- Zimmermann R, et al. : Risk Perception of Travelers to Tropical and Subtropical Countries Visiting a Swiss Travel Health Center. J Travel Med 2013 ; 20(1) : 3-10.