Le carcinome basocellulaire est la forme la plus courante de cancer de la peau. Des taux d’incidence croissants ont été observés au cours des dernières décennies. Les zones de prédilection sont les zones cutanées exposées au soleil dans la région de la tête et du cou. Selon les lignes directrices actuelles, la thérapie photodynamique (PDT) peut être utilisée pour traiter les carcinomes basocellulaires superficients, en particulier lorsqu’il existe des contre-indications à une intervention chirurgicale.
La thérapie photodynamique (PDT) est une procédure bien établie pour les kératoses actiniques et les carcinomes basocellulaires superficiels. Bien que les taux de métastases et de mortalité du carcinome basocellulaire (BCC) soient faibles, le BCC peut entraîner une morbidité considérable : d’une part, en raison de son apparition fréquente dans des zones sensibles sur le plan esthétique et, d’autre part, en raison de sa croissance locale infiltrante et destructrice qui, en l’absence de traitement ou en cas de traitement inadéquat, peut conduire à une situation avancée après plusieurs années [1]. En Suisse, la PDT est autorisée pour le traitement des carcinomes basocellulaires superficients (sBCC) et des CBC nodulaires minces (nBCC). Les avantages de la thérapie photodynamique sont de bons à très bons résultats esthétiques, et la réalisation en ambulatoire – le traitement de patients immunodéprimés est également possible [2,3]. Pour soulager la douleur, les lignes directrices actuelles recommandent une anesthésie locale ou l’administration d’air froid [4]. Typiquement, la douleur commence pendant l’exposition à la lumière rouge et ne dure que quelques heures.
PDT avec 5-ALA ou MAL : largement effet sélectif sur le tissu tumoral
Le principe de la thérapie photodynamique repose sur l’accumulation sélective de substances appelées photosensibilisateurs dans les tissus malades. Dans la PDT conventionnelle, l’acide 5-aminolévulinique (5-ALA) ou le méthyl-aminolévulinate (MAL) sont appliqués localement et transformés dans le tissu tumoral en un photosensibilisateur, la protoporphyrine IX (PPIX) [4]. On procède ensuite à une irradiation en lumière rouge avec une longueur d’onde de 570-670 nm [4]. L’oxygène singlet généré au niveau intracellulaire dans le cadre de l’activation du PPIX entraîne la destruction des cellules tumorales. La thérapie photodynamique a un effet largement sélectif sur le tissu tumoral (Fig. 1). Deux séances de traitement sont effectuées à une semaine d’intervalle par cycle de traitement [1]. Un prétraitement pour enlever les croûtes est recommandé [5]. Les effets secondaires tels que la douleur, la rougeur et la formation de croûtes sont généralement bien tolérés et n’entraînent que rarement l’arrêt du traitement après une information détaillée [6].
Taux de guérison élevé pour les carcinomes basocellulaires superficients et nodulaires minces
Des études randomisées ont montré un taux de guérison de 92 à 97% pour le sBCC avec la MAL-PDT, le taux de récidive étant de 9% après un an [7,8]. Des taux de guérison allant jusqu’à 89% ont également été obtenus pour l’ALA-PDT dans le sBCC [9]. Des taux de guérison de 91% ont été rapportés pour la MAL-PDT dans les CBC nodulaires minces, 76% des patients n’ayant toujours pas de tumeur à 5 ans. Dans une méta-analyse incluant 596 nBCC issus de 5 RCT, une absence de tumeur de 79% a été obtenue après MAL-PDT après 5 ans [10].
Alors que la PDT à la lumière du jour peut être utilisée pour traiter les kératoses actiniques, seule l’irradiation avec une lampe spéciale à lumière rouge est actuellement autorisée en Suisse pour le BCC [2,11].
Littérature :
- Seidl-Philipp M, et al. : Journal de la Société allemande de dermatologie 2021 ; 19(7) : 1021-1043.
- Collier NJ, Ali FR, Lear JT : Lasers Med Sci 2015 ; 30(4) : 1407-1409.
- Alter M, et al. : Journal de la Société allemande de dermatologie 2015 ; 13(9) : 863-874
- Ligne directrice S2k sur le carcinome basocellulaire de la peau, version longue, 032-021, (mise à jour 2017/18).
- Kuijpers D, et al : J Drugs Dermatol 2006 ; 5 : 642-645.
- Hommel T, Szeimies RM : Akt Dermatol 2018 ; 44 : 30-36.
- Basset-Seguin N, Ibbotson SH, Emtestam L : Eur J Dermatol 2008 ; 18 : 547-553.
- Szeimies RM, Ibbotson S, Murrell DF : J Eur Acad Dermatol & Venereol 2008 ; 22 : 1302-1311.
- Peng Q, et al : Cancer 1997 ; 79 : 2282-2308.
- Zou Y, et al. : Journal of Cosmetic Dermatology 2016 ; 15, 374-382.
- Wiegell SR, Skødt V, Wulf HC : J Eur Acad Dermatol & Venereol 2014 ; 28(2) : 169-175.
- Collier NJ, Rhodes LE : Molecules 2020 ; 25 : 5398.
DERMATOLOGIE PRATIQUE 2022 ; 32(3) : 33
InFo ONKOLOGIE & HÉMATOLOGIE 2022 ; 10(4) : 18