Le traitement par les antirhumatismaux modificateurs de la maladie (DMARD) occupe une place importante dans les concepts thérapeutiques modernes de la polyarthrite rhumatoïde. En l’absence de traitement, la destruction des articulations et la perte de mobilité sont des conséquences possibles de cette maladie inflammatoire chronique à médiation auto-immune. Un nouveau représentant de la classe de substances des inhibiteurs de la Janus kinase (JAK) s’est révélé efficace et sûr lors d’études cliniques.
La prévalence de la polyarthrite rhumatoïde (PR) en Suisse est d’environ 1%, la tranche d’âge la plus touchée étant celle des 40-60 ans, a expliqué le professeur Diego Kyburz, de l’Hôpital universitaire de Bâle [1]. La PR peut entraîner une dégénérescence/destruction articulaire si elle n’est pas traitée. Contrairement aux approches thérapeutiques symptomatiques, les DMARD provoquent des changements structurels et peuvent arrêter la destruction articulaire.
Bilan positif en monothérapie et dans l’étude tête-à-tête
Dans l’étude SELECT-MONOTHERAPY, l’une des cinq études pivots de phase III en vue de l’homologation, l’upadacitinib, un inhibiteur sélectif de JAK1, en monothérapie, a entraîné une très bonne réponse chez les patients atteints de PR qui n’avaient pas suffisamment répondu au méthotrexate (MTX). Au total, 648 patients adultes (≥18 ans) répondant aux critères 2010 de l’American College of Rheumatology (ACR)-European League Against Rheumatism (EULAR) pour la PR et présentant une activité de la maladie malgré un traitement par MTX ont été inclus dans l’étude. Les sujets ont été randomisés pour recevoir du MTX, de l’upadacitinib 15 mg et 30 mg, respectivement, ou un placebo. Dans les critères d’évaluation primaires de l’étude après 14 semaines, 68% dans le bras upadacitinib 15 mg et 71% dans le bras upadacitinib 30 mg ont obtenu un ACR20, ce qui est significativement plus que 41% dans le bras MTX (p<0,0001). ACR20 signifie une amélioration de 20% dans les critères de l’ACR. Le seuil de faible activité de la maladie, DAS28-(CRP) ≤3,2, a été atteint par 45% des patients du groupe upadacitinib 15 mg et par 53% des patients du groupe upadacitinib 30 mg, soit une proportion significativement plus élevée que 19% sous MTX (p<0,0001). Le taux d’effets secondaires de l’upadacitinib était comparable à celui du MTX [2].
Jusqu’à présent, le médicament biologique adalimumab (Humira®) était considéré comme le gold standard pour le traitement DMARD de la PR. Dans l’étude tête-à-tête SELECT-COMPARE, l’upadacitinib s’est avéré supérieur à l’adalimumab, tous deux associés au MTX, en termes de réponse (ACR50), de fonction physique selon le Health Assessment Questionnaire Disability Index (HAQ-DI) et de douleur [3].
“Disease modifying antirheumatic drugs” (DMARDs) (médicaments antirhumatismaux modifiant la maladie) Outre les inhibiteurs de Janus kinase (JAK), qui font partie des DMARD synthétiques/semi-synthétiques, les produits biologiques et les biosimilaires font également partie des DMARD. Alors que les agents biologiques inhibent certains messagers extracellulaires du système immunitaire (par exemple le facteur de nécrose tumorale ou les interleukines), les inhibiteurs de JAK se concentrent sur l’interruption de la transduction du signal intracellulaire des Janus kinases comme mécanisme d’action anti-inflammatoire. |
La rémission comme objectif principal du traitement
Du point de vue des patients, la réduction ou la disparition de la douleur et des handicaps fonctionnels sont au premier plan. Dans le contexte clinique, cela peut être mesuré objectivement au moyen de différents scores. En Europe et en Suisse, le critère de rémission est un score DAS28(CRP) <2,6. Ce score cumulatif est basé sur différentes expressions quantifiées des caractéristiques de la maladie dans 28 articulations (genoux et membres supérieurs, pieds exclus). Le principe “Treat-to-target” s’applique, et outre la rémission, une activité aussi faible que possible de la maladie peut être un objectif du traitement.
Andrea Rubbert-Roth, de l’hôpital cantonal de Saint-Gall, a souligné dans son exposé qu’un pourcentage significatif de patients présentait déjà une amélioration dans la semaine suivant le début du traitement par upadacitinib et que l’efficacité augmentait au cours du traitement [4]. Le fait que l’activité de la maladie soit en corrélation avec différents autres paramètres a été démontré à plusieurs reprises. Plus l’activité de la maladie était élevée, plus les restrictions en termes de santé physique et mentale et de capacité fonctionnelle étaient importantes [5]. De plus, il est apparu clairement qu’à long terme, le risque d’une opération de remplacement articulaire était positivement corrélé au niveau d’activité de la maladie.
Bonne commodité
L’upadacitinib est un inhibiteur de JAK qui interrompt la voie de transduction du signal JAK-STAT. Ce dernier joue un rôle important dans la réaction inflammatoire. Le produit peut être pris sous forme de comprimés, ce qui constitue la méthode d’administration préférée des patients atteints de PR [6,7]. La posologie recommandée est de 15 mg une fois par jour [7].
Désormais autorisé en Suisse
Upadacitinib (Rinvoq®) a été autorisé par Swissmedic le 20 janvier 2020 pour le traitement des adultes atteints de PR modérée à sévère qui ont présenté une réponse inadéquate ou une intolérance au traitement par un ou plusieurs antirhumatismaux de synthèse conventionnels (csDMARD). Rinvoq® peut être utilisé en monothérapie ou en association avec des csDMARDs [7].
Source : AbbVie Inc.
Littérature :
- Kyburz D : Diego Kyburz, Hôpital universitaire de Bâle, présentation de transparents, table ronde des médias Iaculis/AbbVie, 28 janvier 2020, Zurich.
- Smolen JS, et al : Upadacitinib en monothérapie chez des patients atteints de polyarthrite rhumatoïde active et présentant une réponse inadéquate au méthotrexate (SELECT-MONOTHERAPY) : une étude randomisée, contrôlée par placebo, en double aveugle de phase 3. Lancet 2019 ; 393(10188) : 2303-2311.
- Fleischmann RM, et al : Sécurité et efficacité de l’upadacitinib ou de l’adalimumab plus méthotrexate chez les patients atteints de polyarthrite rhumatoïde pendant 48 semaines avec passage à un traitement alternatif chez les patients présentant une réponse insuffisante. Annals Rheum Dis 2019 ; 78 : 1454-1462.
- Rubbert-Roth A : Prof. Andrea Rubbert-Roth, Hôpital cantonal de Saint-Gall, présentation de transparents, table ronde des médias Iaculis/AbbVie, 28 janvier 2020, Zurich.
- Radner H, et al : Remission in rheumatoid arthritis : benefit over low disease activity in patient-reported outcomes and costs. Arthritis Research & Therapy 2014 ; 16 : Article number : R56.
- Alten R, et al. Examining patient preferences in the treatment of rheumatoid arthritis using a discrete-choice approach. Patient Prefer Adherence, 2016. 10 : 2217-2228.
- Information professionnelle actuelle RINVOQ® (upadacitinib). www.swissmedicinfo.ch. Dernier accès : 29.01.2020.