Dès le début du 20e siècle, aux débuts de la médecine du sport, l’une des principales missions de cette jeune spécialité médicale était de déterminer l’aptitude à la performance et la capacité de performance des sportifs de l’époque. Qu’en est-il aujourd’hui ?
L’examen clinique médico-sportif porte en principe sur l’aptitude à la performance. L’athlète est examiné pour détecter les facteurs perturbateurs qui pourraient limiter ou influencer sa performance. Pour ce faire, il est nécessaire de connaître les différentes exigences des différents sports. L’état de santé et la corpulence doivent correspondre au sport pratiqué.
La performance en tant que telle ne peut être évaluée que par des examens spéciaux supplémentaires, appelés tests de performance, qui constituent ensemble le diagnostic de performance. Au fil des années, grâce à un développement technologique rapide, le diagnostic de performance complexe) s’est imposé comme l’un des principaux piliers de la spécialité. Ce n’est que par le biais de telles mesures et déterminations parfois coûteuses qu’il est possible d’appréhender un tant soit peu la performance.
Il convient de noter que les deux aspects de l’aptitude et de la capacité de performance sont étroitement liés et doivent donc être étudiés ensemble.
Les bilans de santé ne doivent pas être des “exercices alibis”.
Au cours d’un examen médico-sportif, les caractéristiques biologiques classiques sont recueillies : poids, tension artérielle, divers paramètres sanguins, etc. Si ces valeurs sont dans la norme, on est souvent déjà rassuré. Mais on oublie trop souvent que le manque d’activité physique est au moins aussi dangereux que l’obésité et l’hypertension artérielle. Le manque d’activité physique est presque toujours associé à une diminution de la capacité de performance, raison pour laquelle celle-ci doit absolument être déterminée lors des examens de contrôle (ce qui n’est malheureusement pas fait pour diverses raisons). Certains examens préventifs sont alors presque relégués au rang d'”exercice alibi”.
La performance est le résultat de plusieurs facteurs
La performance peut apparaître comme un ensemble cohérent pour le sportif, mais d’un point de vue pragmatique, elle est assimilable aux résultats obtenus en compétition. Du point de vue des sciences du sport, il s’agit toutefois d’une structure variable (selon l’individu et le sport) qui se compose de cinq formes de sollicitations motrices principales, également appelées facteurs de condition physique. Dans la physiologie de la performance en langue allemande, on distingue l’endurance, la vitesse, la force, la mobilité et la coordination. Dans la pratique, il s’agira de “mesurer” au mieux chacun de ces paramètres. Et il faut immédiatement souligner que, malgré les progrès impressionnants de l’appareillage, on n’y parvient pas de la même manière pour chaque facteur. Aujourd’hui, il est plus facile de déterminer l’endurance aérobie et la force, les deux facteurs de condition physique les plus importants pour la santé, mais pour les autres types de sollicitation, les tests existants ne sont pas très développés.
Conditions de test
Pour être significatifs, les tests choisis pour le diagnostic de performance doivent remplir plusieurs conditions strictes. Tout d’abord, il est indispensable que la question à laquelle la procédure doit répondre soit bien définie et que le test soit en mesure d’y répondre ! La question n’est pas identique pour chaque sportif. Le sportif de masse, qui peut tout autant tirer profit du diagnostic de performance, aura des objectifs différents de ceux du sportif de haut niveau grâce au test.
En général, les principaux objectifs du diagnostic de performance sont les suivants :
- Enquête sur les performances actuelles
- Évaluation de l’évolution des performances
- Optimisation du contrôle de la formation
- Estimation du potentiel de performance.
Pour atteindre ces objectifs (élevés), plusieurs dispositions valent évidemment mieux qu’une seule – un principe qui s’applique à l’ensemble de la médecine. Chaque test n’est qu’un instantané et doit être interprété comme tel. Plus il y a de points, plus cette interprétation peut être pertinente.
Les autres conditions imposées aux mesures sont un protocole solide et des appareils techniques validés scientifiquement. Toutefois, il s’agit également de maîtriser le facteur de perturbation bien plus important, à savoir la variabilité biologique du sujet. Comparée aux incertitudes liées à l’appareil (environ 10%), cette variabilité est beaucoup plus importante (jusqu’à 90%). Une bonne préparation de la personne testée et de son entourage (par exemple l’entraîneur) ainsi qu’une structuration rigoureuse du déroulement du test (heure de la journée, séances d’entraînement précédentes, alimentation, équilibre hydrique, consommation de café ou d’alcool, etc.) permettent également de réduire fortement cette source d’erreurs. Il va de soi que les critères choisis doivent être consignés et conservés strictement lors de l’enquête suivante.
Un autre point très important est la similitude des mouvements utilisés dans le test avec ceux du sport pratiqué. Il serait contre-productif d’examiner un coureur sur un vélo ergométrique. Aujourd’hui, il existe de nombreux “ergomètres”, du tapis roulant au couloir de nage, de l’ergomètre à rame à l’ergomètre à patin. Avec ces équipements spécialisés, qui sont loin d’être disponibles partout, une mesure fidèle est (presque) garantie. De plus, ils permettent un meilleur transfert des données obtenues dans le contrôle quotidien de l’entraînement. Il faut savoir, par exemple, que la course à pied fait travailler un plus grand nombre de muscles que le vélo, ce qui signifie que les valeurs de pouls affichées sur le tapis roulant sont plus élevées que celles de la géométrie vélo pour des efforts comparables. Les mêmes considérations doivent être faites pour la natation en raison de la pression de l’eau : la fréquence cardiaque sera plus basse qu’en course à pied.
L’idée de sortir de l’environnement stérile d’un laboratoire de performance a conduit au développement de différents tests sur le terrain, où l’athlète est testé dans son environnement naturel. Il faut s’attendre à de nombreux avantages, mais aussi à quelques inconvénients.
Offres de tests médico-sportifs en Suisse
En Suisse, sous l’égide de Swiss Olympic, différents tests de performance sont proposés dans les centres médico-sportifs agréés de Swiss Olympic (Swiss Olympic Medical Center et Swiss Olympic Base). D’autres institutions proposent également de tels examens. Le lien mentionné dans [1] fournit des informations détaillées sur les tests d’endurance et de force. Le tableau 1 résume la situation pour la Suisse.
Pas si simple, mais utile
Le diagnostic de performance est un pilier original et important de la médecine sportive et peut être utilisé dans le sport de compétition comme dans le sport de masse, avec les nuances nécessaires. Il s’agit toutefois d’une opération délicate, qui repose généralement sur une technologie sophistiquée, qui exige beaucoup d’expérience et de connaissances de la part de l’examinateur, qui nécessite une planification logistique et une préparation minutieuses et qui, enfin, ne répondra aux attentes que si l’athlète est bien informé et très motivé.
Nous reviendrons plus en détail sur les différents tests spécifiques dans un prochain article.
Littérature :
- Siwss Olympic : Manuel de diagnostic de performance 2015. www.swissolympic.ch/Portaldata/41/Resources/03_sport/00_dokumente/Manual_Leistungsdiagnostik_(dernière_modification_01.02.2016).pdf
PRATIQUE DU MÉDECIN DE FAMILLE 2016 ; 11(5) : 4-5