La migraine – une maladie neurologique complexe qui affecte environ 11% de la population occidentale. L’impact sur la qualité de vie est aussi important que la souffrance. Pourtant, seule une petite partie des personnes concernées reçoit un traitement préventif contre la migraine. Même s’ils pouvaient bénéficier d’une intervention médicamenteuse préventive. Les raisons en sont multiples.
La migraine est l’une des maladies neurologiques les plus fréquentes, avec une charge de morbidité élevée. Chaque jour en Europe, environ 7 à 8 % des personnes souffrent d’une crise de migraine [1]. Les premiers troubles apparaissent souvent avant la puberté, alors que la proportion de garçons et de filles est encore équilibrée. À l’âge adulte, les femmes sont trois fois plus susceptibles de souffrir de migraines que les hommes. La raison en est, entre autres, l’influence hormonale [2].
Les crises de maux de tête récurrentes se produisent une fois par mois chez la moitié des personnes concernées. Un patient sur dix souffre d’au moins quatre crises. Il n’est guère surprenant que, selon les estimations, la population active perde environ 270 jours de travail par an et par millier de personnes. De plus, presque tous les migraineux se plaignent d’une gêne importante dans leur vie quotidienne [2]. Cependant, de nombreuses personnes ne se rendent pas compte qu’elles souffrent de migraines. Nous n’avons donc pas consulté de médecin. Par conséquent, environ 30% des personnes concernées ne reçoivent pas de diagnostic adéquat [3]. Cependant, même si une migraine est détectée et diagnostiquée, il n’est pas garanti qu’un traitement conforme aux directives soit mis en place [4]. Une grande partie des patients ne reçoit pas de traitement aigu adéquat, sans parler de la prophylaxie.
La prophylaxie pour une meilleure qualité de vie
L’indication d’une prophylaxie est posée chaque fois que le patient souffre de plus de trois crises de migraine par mois, que celles-ci durent régulièrement plus de 72 heures, que le traitement aigu ne répond pas ou n’est pas toléré, que la fréquence des crises augmente et que la prise d’analgésiques ou d’antimigraineux est supérieure à dix jours par mois ou en cas de crises de migraine compliquées avec des auras invalidantes et/ou de longue durée [5]. Mais la proportion de patients qui remplissent ces conditions et reçoivent une prophylaxie adéquate est faible. De plus, les mesures de prévention ont souvent été abandonnées dans le passé en raison de leur manque d’efficacité ou de leurs effets secondaires. Après six mois de prophylaxie, la persistance n’était plus que d’environ 25% [6,7].
Toutefois, des préparations mieux tolérées et plus efficaces ont été développées entre-temps. La découverte du CGRP (calcitonin gene-related peptide) et du rôle que ce peptide joue pendant les crises de migraine a constitué la base de cette recherche. Le CGRP fait partie des neuropeptides pro-inflammatoires et possède un puissant effet vasodilatateur. Il est ainsi impliqué dans l’apparition et le maintien des crises de migraine, car il déclenche de manière centrale le déclenchement de la douleur et l’inflammation neurogène [8]. Grâce à une meilleure compréhension de la physiopathologie, il a été possible de travailler de manière ciblée sur le blocage du CGRP.
Il existe désormais trois anticorps anti-CGRP autorisés en Suisse : l’érénumab, qui bloque les récepteurs, le fremanezumab et le galcanezumab [9]. Ils peuvent être utilisés – selon l’autorisation de mise sur le marché – lorsque les patients adultes souffrent d’au moins quatre jours de migraine par mois. De plus, il doit y avoir une souffrance particulière et un risque de surconsommation de médicaments. D’autres classes d’agents prophylactiques devraient également avoir été essayées sans avoir obtenu l’effet souhaité ou ne pas pouvoir être utilisées en raison d’effets secondaires ou de contre-indications. Entre-temps, on dispose déjà des premières expériences de soins quotidiens, qui sont très prometteuses. Non seulement le nombre de crises de migraine est réduit, mais aussi leur intensité. Le traitement par anticorps anti-CGRP est également considéré comme particulièrement bien toléré [10–12].
Littérature :
- Steiner, et al. : The Journal of Headache and Pain 2014 ; 15 : 31.
- www.dmkg.de/files/dmkg.de/patienten/Download/migraeneinfo.pdf (dernier accès le 14.01.2022).
- Lenz, et al. : Congrès EHF 2020
- Katsarava Z, et al : J Headache Pain 2018 ; 19:10.
- Diener HC, Gaul C, Kropp P, et al. : Traitement de la crise de migraine et prophylaxie de la migraine, ligne directrice S1, 2018, dans : Société allemande de neurologie (éd.), Lignes directrices pour le diagnostic et le traitement en neurologie. Disponible à l’adresse suivante : www.dgn.org/leitlinien.
- Hepp Z, et al : Cephalalgia 2017 ; 37 : 470-485.
- Blumenfeld AM, et al. : Céphalée 2013 ; 53 : 644-655.
- www.gelbe-liste.de/kongresse/dgn-kongress-2018/nebenwirkungen-antikoerper-prophylaxe-migraene (dernier accès le 14.01.2022).
- https://headache.ch/download/Content_attachments/FileBaseDoc/SKG_Therapieempfehlungen_DE_19_WEB.pdf (dernier accès le 14.01.2022)
- Stauffer VL, et al : JAMA Neurol. 2018 Sep 1 ; 75(9) : 1080-1088.
- Dodick DW, et al. : Céphalalgie. 2018 mai ; 38(6) : 1026-1037.
- Silberstein SD, et al. : NEJM 2017 ; 377(22) : 213-2122.
InFo NEUROLOGIE & PSYCHIATRIE 2022 ; 20(1) : 18