Jamais notre vie n’a été aussi rigoureusement réglementée qu’à l’époque de Corona. Yuval Noah Harari, l’un des historiens de l’humanité les plus connus de notre époque, déclare à propos de la pandémie : “Dans 50 ans, on pourrait moins se souvenir du virus que du début de la surveillance… Le plus grand danger de COVID-19 est économique et politique, pas médical”, est-il convaincu.
Au moins 83 gouvernements dans le monde ont utilisé la pandémie du COVID-19 pour justifier la violation de la liberté d’expression et d’association, selon Human Rights Watch. Les autorités ont attaqué, emprisonné, poursuivi et, dans certains cas, tué des détracteurs, dispersé des manifestations pacifiques, fermé des médias et promulgué des lois vagues qui criminalisent la liberté d’expression, dont elles prétendent qu’elle menace la santé publique. Parmi les victimes figurent des journalistes, des activistes, des travailleurs de la santé, des groupes politiques d’opposition et d’autres personnes qui ont critiqué les réactions du gouvernement face au coronavirus. Ce n’est pas une simple caractéristique des “États voyous” connus : La tendance au “déni des droits fondamentaux” autoritaire sévit également dans des États prétendument démocratiques – avec, étonnamment, des protestations limitées de la part des citoyens.
Le journaliste et juriste allemand Heribert Prantl, qui met en garde dans son nouveau livre contre les effets non médicaux de la pandémie, se penche notamment sur ce phénomène de la société bourgeoise, en particulier en Allemagne, en des termes clairs, en démasquant l’hubris dominante faite d’auto-justification et de posture comme un égotrip : “La plupart des gens n’ont pas modifié leur comportement quotidien par solidarité avec les personnes âgées et les malades, mais par intérêt personnel – pas tant par peur de contaminer que par peur d’être contaminé”. Parallèlement à la domination croissante de “l’État de prévention”, le pluralisme démocratique des opinions est de plus en plus mis à mal : “Ceux qui ne sont pas d’accord sur une question de fond sont souvent discrédités personnellement. L’empathie pour la position de l’autre a fait place à une indignation hâtive”.
Prantl met en garde contre le fait que le virus s’attaque à la démocratie, au droit et à la société – et imagine avec horreur ce que les personnes âgées, par exemple, ont dû et doivent encore parfois subir dans les maisons de retraite, dans l’isolement et la solitude avant la mort. Suggestion de l’ancien procureur Prantl : qu’on affiche l’article 1 de la Loi fondamentale allemande – “La dignité de l’homme est intangible” – sur toutes les portes d’entrée des maisons de retraite et de soins et qu’on agisse enfin en conséquence. Si sa mère, déjà décédée, était placée dans une maison de retraite dans des conditions aussi indignes, il se battrait “à travers toutes les instances” pour y mettre fin.
Lorsque l’on entend les déclarations parfois insupportablement vertueuses des gouvernements sur les lockdowns, les assouplissements et les règlements, on a envie de leur crier avec Prantl : “La restriction n’est pas l’état normal, la liberté est l’état normal”. Car ce n’est pas la liberté qui doit être justifiée, mais sa restriction. S’il s’agit d’imposer des restrictions pour des raisons urgentes, c’est la seule tâche du pouvoir législatif – et non celle d’un comité arbitraire sans légitimité démocratique, comme c’est le cas actuellement en Allemagne.
Il s’agit maintenant d’un problème allemand. Néanmoins, même “décloisonné”, Prantl s’inquiète de la prolongation des lois d’exception et donc de l’augmentation des coûts. “qu’un état d’exception devienne un état normal. Que nous nous habituions à ce que, en cas de situation de crise, de nouvelles épidémies, de catastrophes, la restriction des droits fondamentaux devienne un moyen éprouvé”. C’est déjà une réalité dans de nombreuses régions du monde. De plus en plus en Europe. Cela ne doit pas arriver – ni chez nous ni ailleurs. Regardons de plus près.
Je vous souhaite une bonne lecture du numéro de mars de HAUSARZT PRAXIS.
Restez en bonne santé !