De nouveaux résultats d’une étude de phase II, présentés au congrès de l’ASH à la Nouvelle-Orléans, donnent de l’espoir aux personnes atteintes de lymphomes hodgkiniens réfractaires ou récidivants : environ 10% des participants à cette étude ont pu arrêter le traitement et sont en rémission à long terme. On peut donc se demander si le brentuximab vedotin pourrait permettre de guérir une partie des patients, ce qui rend d’autant plus importante la recherche sur cette molécule dans le cadre du traitement initial.
“Au total, dans cette étude de phase II, la moitié des patients atteints de lymphomes hodgkiniens réfractaires ou récidivants traités par brentuximab vedotin étaient en vie après trois ans”, a déclaré le professeur Ajay K. Gopal, MD, Washington [1]. “Mais ce qui est plus prometteur, c’est qu’environ 10% des patients ont pu terminer le traitement et connaître une rémission à long terme”. Cela suggère une option thérapeutique curative.
Les lymphomes hodgkiniens peuvent être caractérisés par des cellules de Reed-Sternberg CD30 positives. La norme dans le traitement du lymphome hodgkinien réfractaire et récidivant est la chimiothérapie suivie d’une autogreffe de cellules souches. Les presque 50% de patients qui connaissent une récidive après une autogreffe de cellules souches représentent une population qui a un besoin urgent de nouvelles options thérapeutiques. “Une analyse rétrospective de 756 patients montre que la survie globale médiane de ces personnes atteintes est de 2,4 ans. Notre étude de phase II, actuellement toujours en cours, a donc pour objectif d’évaluer l’efficacité et la sécurité du brentuximab vedotin (Adcetris®) chez 102 patients atteints de lymphome hodgkinien réfractaire ou récidivant après autogreffe de cellules souches”, a déclaré le professeur Gopal.
Émission à long terme possible ?
Le Brentuximab Vedotin est un anticorps monoclonal (anti-CD30 plus cytostatique monométhylauristatine E). Dans cette étude, il a été utilisé pendant une durée médiane de neuf cycles (1,8 mg/kgKG toutes les trois semaines), chez un groupe de patients d’un âge médian de 31 ans, majoritairement des femmes (54%) et avec un statut de performance ECOG de 1 (ECOG : échelle indiquant le degré de limitation par la maladie).
Critères d’évaluation primaires et secondaires : Le critère d’évaluation principal était le taux de réponse objective globale. Les critères d’évaluation secondaires étaient la rémission complète, la durée de la réponse, la survie sans progression et la survie globale, ainsi que les aspects de sécurité.
Résultats : Le taux de réponse objective global est de 75% au moment de l’analyse (après un peu plus de trois ans de suivi). Un tiers des patients ont atteint une rémission complète. La médiane de survie globale est de 40,5 mois et de 5,6 mois pour la survie sans progression. “Exactement la moitié des patients (51 sur 102) étaient en vie après une période d’observation médiane de 32,7 mois depuis la première dose de brentuximab vedotin”, a ajouté le professeur Gopal.
Selon la revue centrale indépendante, 14 patients sont actuellement en rémission. Ils restent sous surveillance. Cinq d’entre eux ont reçu une allogreffe consolidante de cellules souches. Les neuf autres n’ont pas subi de traitement supplémentaire après l’administration de brentuximab vedotin.
En médiane, ces 14 patients étaient plus jeunes que les personnes qui n’ont pas répondu au traitement. En outre, ils ont pris plus de cycles (13,5 vs. 7).
Effets secondaires : Les effets secondaires étaient principalement la fatigue (46%), la neuropathie sensorielle périphérique (47%) et les nausées (42%), et ce à tous les niveaux. 14% des patients ont développé une neutropénie de grade 3, 6% une neutropénie de grade 4.
Des résultats prometteurs
“Ces 14 patients, qui ne présentent à ce jour aucune preuve de progression du lymphome, offrent des indices, certes précoces, d’une possible guérison. Un essai randomisé de phase III est en cours de développement pour évaluer le brentuximab vedotin en association avec la doxorubicine, la vinblastine et la dacarbazine, par rapport à la doxorubicine, la bléomycine, la vinblastine et la dacarbazine en traitement de première ligne”, a conclu le professeur Gopal.
Source : 55e réunion annuelle de l’ASH, 7-10 décembre 2013, Nouvelle-Orléans
Littérature :
- Gopal AK, et al. : Three-Year Follow-Up Data and Characterization Of Long-Term Remissions From An Ongoing Phase 2 Study Of Brentuximab Vedotin In Patients With Relapsed Or Refractory Hodgkin Lymphoma. ASH Abstract # 4382.
SPÉCIAL CONGRÈS 2014 ; 5(2) : 2-3