L’anxiété, les troubles du sommeil et les symptômes dépressifs peuvent entraîner une grande souffrance s’ils ne sont pas traités. C’est pourquoi il est important de prendre des mesures thérapeutiques dès que les symptômes sont légers. De nombreux patients sont réticents à l’égard des psychotropes de synthèse, car ils craignent les effets secondaires et les phénomènes de dépendance. Pour ce groupe cible en particulier, un médicament bien toléré à base d’un extrait standardisé d’huile de lavande peut constituer une option thérapeutique intéressante. Une nouvelle étude montre que le potentiel de dépendance de cette substance, qui a des effets anxiolytiques et améliore l’humeur, est extrêmement faible.
Les troubles anxieux comptent parmi les troubles psychiatriques les plus fréquents et peuvent, même à un niveau subclinique, entraîner une dégradation importante de la qualité de vie [1–3]. Selon les données épidémiologiques, la prévalence des troubles anxieux généralisés (TAG) dans les pays industrialisés est d’environ 5% [4–6]. Le symptôme principal du GAS est l’anxiété excessive et l’inquiétude permanente [7]. De plus, des caractéristiques physiologiques telles que l’agitation, les troubles du sommeil, les tensions musculaires, les troubles digestifs apparaissent, ce qui est lié à une activité dysfonctionnelle du système nerveux sympathique. Le développement d’une dépression comorbide est également fréquent dans le cadre d’un GAS.
Ce phytothérapeutique apaise sans créer de dépendance
Les psychotropes synthétiques basés sur des directives, tels que les inhibiteurs sélectifs de la recapture de la sérotonine (ISRS), les inhibiteurs sélectifs de la recapture de la noradrénaline (ISRN) et les tranquillisants, sont certes très efficaces, mais un potentiel de dépendance a été rapporté à plusieurs reprises dans des études cliniques, en particulier en ce qui concerne les anxiolytiques benzodiazépine et prégabaline [1]. Le Silexan® est une alternative à base de plantes bien tolérée pour le traitement de l’agitation et de l’anxiété. Des études ont montré que le traitement des patients par GAS avait des effets similaires à ceux obtenus avec le lorazépam ou la paroxétine [8,9]. Dans les études cliniques contrôlées, aucun effet sédatif, aucune dépendance ni aucun symptôme de sevrage n’ont été rapportés à l’arrêt du Silexan® [1].
Cependant, il manquait jusqu’à présent une étude sur l’homme pour examiner systématiquement un éventuel potentiel de dépendance au Silexan®. Pour combler cette lacune, une étude de phase I a été conçue et réalisée en 2015 au sein du département de recherche de la société Syneos Health à Toronto (Canada).
Une nouvelle étude montre que : Le risque de dépendance au Silexan® est extrêmement faible
Afin d’étudier les effets d’accoutumance à la substance de Silexan® en simple dose, une étude randomisée en double aveugle et en crossover a été réalisée. Le Silexan® a été comparé au lorazépam et au placebo de manière intra-individuelle chez des sujets sains non dépendants qui consommaient occasionnellement des substances ayant un effet dépresseur sur le système nerveux central (SNC) en tant que stimulants. Le choix de la benzodiazépine lorazépam comme comparateur est basé sur le fait que Silexan® a montré des effets thérapeutiques comparables chez les patients atteints de GAS dans un essai randomisé antérieur [8].
Pour l’étude croisée, 40 participants féminins et masculins en bonne santé ont été randomisés dans les conditions expérimentales. La tranche d’âge était de 18 à 54 ans et l’IMC était compris entre 18,0 et 29,9 kg/m2. A la fin de l’étude, des données évaluables étaient disponibles pour 34 sujets au total, le taux d’abandon était de 15%. Un critère d’inclusion était l’expérience de consommation de substances ayant un effet sédatif sur le système nerveux central (SNC) dans les antécédents, au moins 10 fois au cours de la vie et au moins 1 fois dans les 12 semaines précédant la date de dépistage de l’étude. Ce critère a été choisi comme critère d’inclusion, car il s’agit d’un groupe à risque pour le développement d’une dépendance aux substances à effet sédatif et l’expérience de consommation de substances était un avantage pour l’évaluation des effets [1]. Parmi les critères d’exclusion figuraient, outre les maladies somatiques et psychiques, notamment la dépendance à une substance (y compris l’alcool, à l’exclusion de la nicotine et de la caféine) au cours des 12 derniers mois ainsi que la participation à un programme de sevrage de substances dans le passé.
La réalisation de l’étude a comporté huit séances en présentiel réparties sur quatre phases : Dépistage, qualification, traitement, suivi. Pendant la phase de traitement, les participants à l’étude ont reçu une dose unique de placebo, de lorazépam 2 mg, de lorazépam 4 mg, de Silexan® 80 mg ou de Silexan® 640 mg à chacune des cinq visites cliniques de trois jours. La randomisation a été effectuée à l’aide du plan carré de Williams. Les études pharmacodynamiques et cinétiques ainsi que l’évaluation de la sécurité ont été réalisées dans les 24 heures suivant la prise de la substance. Les participants à l’étude ont noté sur une échelle visuelle analogique de 0 à 101 (EVA) leur état subjectif ainsi que les effets des substances consommées. Le critère d’évaluation primaire était l’évaluation subjective du “drug liking”.
L’effet d’accoutumance (“liking”) n’est pas plus important avec le Silexan® qu’avec le placebo
Des scores individuels médians maximum de “liking” de 51 points ont été observés à la fois sous placebo et sous Silexan® 80 mg et 640 mg. 50 points correspondent à une évaluation neutre sur cette échelle. Sous lorazépam 2 mg et 4 mg, ces scores étaient respectivement de 76 et 80,5 points. Pour le silexane® et le placebo, les scores moyens de “liking” ont légèrement augmenté entre 1 et 2,5 heures après la prise, passant d’une valeur neutre de 50 points à des pics moyens de 52,9 ± 12,4 points pour le silexan® 80 mg, 58,6 ± 17,7 points pour le dosage de 640 mg et 53,5 ± 5,5 points pour le placebo. Sous l’effet du lorazépam, les scores moyens de “liking” ont atteint les maximums individuels 2,9 et 4,3 heures après l’ingestion pour 2 mg et 4 mg avec des pics moyens à 66,9 ± 20,4 et 69,4 ± 19,7 points pour 2 mg et 4 mg, ces valeurs étant encore supérieures à la valeur neutre de 50 12 heures après la prise. Le fait que le “liking” du phytothérapeutique n’ait pas été systématiquement distingué du placebo par les participants à l’étude se traduit par le fait que la différence médiane entre les deux doses de silexan® et le placebo était de 0 (tableau 1). Dans Illustration 1 sont les comparaisons intra-individuelles entre les différents dosages de Silexan® et le lorazépam par rapport au placebo. Les différences intra-individuelles dans les valeurs maximales de l’effet d’accoutumance (“liking”) entre le lorazépam et le Silexan® étaient similaires à celles observées entre le lorazépam et le placebo.
En résumé, cette étude n’a pas mis en évidence de potentiel de dépendance au Silexan®, que ce soit à la dose thérapeutique recommandée de 80 mg ou à la dose huit fois supérieure de 640 mg. Contrairement au lorazépam, les scores d’évaluation de l’effet de “liking” du Silexan® se situaient de façon cohérente dans la zone neutre de l’échelle bipolaire, c’est-à-dire entre 40 et 60 points, ce qui correspond au schéma d’évaluation typique des substances placebos [10].
Littérature :
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