L’anticorps monoclonal dupilumab, déjà approuvé par l’Agence européenne du médicament (EMA) pour le traitement de la dermatite atopique et de l’asthme, est désormais disponible pour les patients atteints de rhinosinusite chronique.
En cas de sinusite chronique avec polypose nasale, Dupixent® peut depuis peu être utilisé comme add-on chez l’adulte après l’échec d’un traitement conventionnel dans l’UE. Les patients chez qui les corticostéroïdes systémiques ou l’intervention chirurgicale n’ont pas été suffisamment efficaces disposent ainsi d’une autre option de traitement dans l’UE. L’autorisation de l’EMA est basée sur les études de phase III SINUS-24 et SINUS-52, dans lesquelles le dupilumab 300 mg toutes les deux semaines, en complément du traitement standard (corticostéroïdes intranasaux), s’est révélé significativement supérieur au placebo plus stéroïdes.
Inhibition de l’IL4 et de l’IL13 comme mécanisme d’action
Le dupilumab bloque spécifiquement les médiateurs inflammatoires allergiques IL-4 et Il13. L’anticorps monoclonal inhibe la croissance des polypes et dégage les voies respiratoires. Les études d’enregistrement ont indiqué un profil d’effets secondaires plus favorable que celui de la cortisone. Cependant, pour maintenir l’effet du nouveau médicament biologique, il doit être administré de manière continue – dans les études, il était administré par voie sous-cutanée toutes les deux à quatre semaines. Jusqu’à présent, cette substance, tout comme l’omalizumab, un inhibiteur d’IgE (également un produit biologique), ne pouvait être utilisée hors étiquette dans l’UE que dans des cas isolés. En Suisse, le dupilumab n’est pour l’instant autorisé que pour le traitement de la dermatite atopique – pour la rhinosinusite chronique, les options thérapeutiques se limitent actuellement dans notre pays aux stéroïdes intranasaux et aux lavages/sprays nasaux à base de solution saline. Dans des cas exceptionnels, des antibiotiques (à long terme) sont administrés.
Réaction allergique médiée par les cytokines
L’inflammation de la cavité nasale principale est souvent associée à des processus inflammatoires des sinus qui lui sont associés. Au-delà de 12 semaines, il s’agit d’une rhinosinusite chronique, une forme d’évolution associée à une souffrance importante. Dans l’étiologie, les réactions allergiques médiées par le type 2 (IL4, IL13) jouent généralement un rôle important. Les substances allergènes sont par exemple le pollen, les poils d’animaux, les moisissures, la farine ou le latex. Par la suite, des polypes (formations muqueuses) peuvent se former. Les allergies et l’asthme sont considérés comme des facteurs de risque pour le développement d’une sinusite chronique avec polypose nasale. Outre le blocage de la respiration nasale, les symptômes typiques incluent des sécrétions de mucus et une diminution de l’odorat et du goût. L’évolution est particulièrement grave chez les patients chez qui les polypes entraînent un rétrécissement supplémentaire des fosses nasales ainsi qu’une perturbation de la circulation de l’air et des infections. Bien que les traitements établis, tels que les glucocorticoïdes (topiques ou oraux), répondent généralement bien et que l’ablation chirurgicale des polypes entraîne une réduction significative des symptômes chez la plupart des patients, il n’y a pas de raison de s’inquiéter. Toutefois, le taux de récidive est élevé : chez certains patients, les polypes repoussent de telle manière que les symptômes réapparaissent malgré l’opération. Pour ces patients, le médicament biologique nouvellement approuvé offre une alternative de traitement.
Source : Sanofi
PRATIQUE DU MÉDECIN DE FAMILLE 2019 ; 14(12) : 24