En pratique clinique quotidienne, les personnes âgées atteintes de rhumatisme ont tendance à recevoir moins souvent un traitement par des médicaments biologiques (bDMARDs) que les personnes plus jeunes, bien que l’utilisation de traitements de base conventionnels ne soit souvent pas appropriée en raison de comorbidités ou d’une efficacité insuffisante. Dans une analyse récente des données de registres, les médicaments biologiques et les inhibiteurs JAK n’ont pas montré de risque accru d’infections graves dans la population de patients âgés de plus de 70 ans.
La prévalence des maladies rhumatismales est plus élevée dans la population âgée par rapport aux groupes d’âge plus jeunes. Les modifications de la pharmacocinétique et de la pharmacodynamie ainsi que l’apparition accrue de comorbidités représentent un défi pour le choix du traitement approprié et l’évaluation des bénéfices et des risques est souvent un exercice d’équilibriste [1]. Les personnes âgées atteintes de polyarthrite rhumatoïde présentent généralement un risque accru d’infection, ce dont il faut tenir compte lors du choix du traitement.
Données du registre RABBIT
Le registre des médicaments biologiques RABBIT (“Rheumatoide Arthritis – Beobachtung der Biologika-Therapie”) est une étude de cohorte prospective allemande dans laquelle un grand nombre de patients sont suivis sur une longue période afin d’en savoir plus sur le profil bénéfice/risque des pharmacothérapies antirhumatismales [2,3]. L’étude peut inclure des patients atteints de polyarthrite rhumatoïde qui commencent un nouveau traitement antirhumatismal modificateur de la maladie (DMARD) après au moins un essai thérapeutique échoué avec un médicament de base conventionnel (csDMARD),
Médicaments biologiques et JAK-i : risque accru d’infections graves ?
Dans une analyse présentée lors de la réunion annuelle de l’EULAR de cette année et basée sur le registre RABBIT, les données de 2 274 patients âgés de plus de 70 ans atteints de polyarthrite rhumatoïde ont été comparées au risque de différentes classes de médicaments modifiant la maladie. Les résultats indiquent que le traitement par bDMARDs et tsDMARDs n’est pas associé à un risque accru d’infections graves dans le groupe d’âge des plus de 70 ans (encadré) [2]. Après ajustement des données, le risque d’infections graves s’est avéré plus faible avec les traitements biologiques (bDMARDs) et les inhibiteurs JAK (tsDMARDs) par rapport aux traitements de fond conventionnels (csDMARDs), mais le niveau de signification statistique n’a pas été atteint. Un risque accru d’infection a été constaté en cas de traitement par glucocorticoïdes, d’activité accrue de la maladie et en présence d’une autre maladie telle qu’une maladie pulmonaire chronique, une insuffisance rénale ou un diabète. En outre, les chercheurs ont constaté qu’une meilleure performance physique était associée à une réduction du risque d’infection.
Congrès : EULAR Annual Meeting 2021
Littérature :
- Thérapie médicamenteuse 2020 ; 38 : 125-136.
- Strangfeld A, et al. Les patients âgés ne présentent pas de risque accru d’infections graves lorsqu’ils reçoivent des bDMARD ou des inhibiteurs de JAK par rapport au traitement csDMARD. Présenté à EULAR 2021 ; abstract OP0116, Annals of the Rheumatic Diseases 2021 (80) : Suppl 1, https://ard.bmj.com/content/80/Suppl_1/64.2
- RABBIT – Polyarthrite rhumatoïde : suivi du traitement biologique, https://biologika-register.de, (dernière consultation 23.06.2021)
InFo DOULEUR & GERIATRIE 2021 ; 3(1) : 40-41 (publié le 2.7.21, ahead of print)