Lors de l’assemblée annuelle de la Société Suisse de Pneumologie (SSP) à Interlaken, il a été question, entre autres, de la BPCO. Ce sont surtout les exacerbations qui ont fait l’objet de discussions. Comment sont-elles définies précisément et quels sont les facteurs associés ? Un traitement systémique par glucocorticoïdes de cinq jours est-il déjà efficace pour réduire le risque de nouvelles exacerbations ? En outre, il a été question du paysage thérapeutique actuel de la BPCO en général.
(ag) Plusieurs événements ont été consacrés aux exacerbations de la bronchopneumopathie chronique obstructive (BPCO). Le Dr Peter Grendelmeier de l’Hôpital universitaire de Bâle a tout d’abord abordé la définition d’une exacerbation : Selon le rapport GOLD 2014, celle-ci se traduit par un événement aigu caractérisé par une aggravation des symptômes respiratoires. Cette aggravation dépasse les variations normales des symptômes de la maladie et elle conduit à un changement de médication.
Par exemple, dans les cas de gravité modérée, un traitement par corticostéroïdes systémiques, antibiotiques ou les deux est utile ; dans les cas graves, une hospitalisation est nécessaire. Selon le Dr Grendelmeier, les conséquences des exacerbations sont des affects négatifs sur la qualité de vie, un temps de récupération de plusieurs semaines, une association avec une mortalité accrue [1], une diminution de la fonction pulmonaire à long terme [2] et des coûts socio-économiques élevés.
Les facteurs potentiellement associés à l’exacerbation de la BPCO ont également été présentés lors de l’assemblée annuelle. Une étude de cohorte menée par Nebal Abu-Hussein et al., de l’hôpital cantonal de Bâle-Campagne/Liestal, a conclu que les exacerbations antérieures et les symptômes graves actuels, tels que la production de crachats, la dyspnée sévère et la toux chronique, sont des facteurs prédictifs importants pour les exacerbations futures.
Cinq jours de prednisone suffisent-ils ?
Le professeur Jörg Daniel Leuppi de l’hôpital cantonal de Bâle-Campagne/Liestal a présenté l’étude REDUCE [3] randomisée et contrôlée par placebo, publiée l’année dernière, qui a examiné, dans le contexte des exacerbations, si un traitement systémique par glucocorticoïdes de cinq jours était aussi bon et efficace qu’un traitement systémique par glucocorticoïdes de 14 jours (“non-inferiority”). Concrètement, il s’agissait de savoir si une durée de traitement plus courte (groupe 1 : 5 jours 40 mg de prednisone/jour. plus 9 jours de placebo/jour) donne les mêmes bons résultats qu’un traitement de 14 jours (groupe 2 : 14 jours 40 mg de prednisone/jour) en ce qui concerne la réapparition d’une exacerbation au cours des six mois suivants.
Résultats : Selon le professeur Leuppi, environ un tiers des patients dans chacun des deux bras de traitement a subi une nouvelle exacerbation de la BPCO au cours de la période de suivi de six mois (critère d’évaluation primaire) : Le nombre exact était de 35,9 dans le premier groupe et de 36,8% dans le second. Il n’y a donc pas eu de différence entre le traitement de l’exacerbation de la BPCO par 40 mg de prednisone/jour pendant 5 ou 14 jours et le traitement de l’exacerbation de la BPCO par 40 mg de prednisone/jour. a été traité. Il n’y avait pas non plus de différence en termes de mortalité ou d’amélioration de la fonction pulmonaire. La ré-exacerbation est survenue en médiane après 43,5 jours dans le groupe 1 et après 29 jours dans le groupe 2. “Notre étude montre clairement qu’un traitement de cinq jours par glucocorticostéroïdes n’est pas inférieur à un traitement plus long dans le traitement de l’exacerbation de la BPCO. Et ce, dans un groupe de patients dont la BPCO est majoritairement sévère à très sévère”, a déclaré le professeur Leuppi dans sa conclusion (tableau 1).
Développements des inhalants
Le nouveau phénotypage multidimensionnel de la BPCO est présenté dans la figure 1. Différents traitements de première ligne sont recommandés en fonction de la gravité :
- A : anticholinergique de courte durée d’action si nécessaire ou β-2-agoniste de courte durée d’action si nécessaire
- B : anticholinergique à longue durée d’action (LAMA) ou β-2-agoniste à longue durée d’action (LABA)
- C : corticostéroïde inhalé (CSI) + anticholinergique à longue durée d’action (LAMA) ou β-2-agoniste à longue durée d’action (LABA)
- D : corticostéroïde inhalé (CSI) + anticholinergique à longue durée d’action (LAMA) et/ou β-2-agoniste à longue durée d’action (LABA).
Selon le professeur Erich W. Russi, Zurich, les avantages de la pharmacothérapie inhalée actuelle sont une amélioration de la fonction pulmonaire, de la tolérance à l’exercice et de la qualité de vie, ainsi qu’une réduction de la fréquence des exacerbations dans la BPCO. Les nouveaux médicaments et dispositifs d’inhalation qui arrivent actuellement sur le marché apportent des avantages plutôt modestes, mais ils sont néanmoins très bienvenus, car ils élargissent l’arsenal thérapeutique. Chez certains patients, la préférence pour un médicament à l’intérieur du spectre résulte principalement d’impressions émotionnelles plutôt que de différences vérifiables. “Les bronchodilatateurs restent donc les piliers d’un traitement de la BPCO, la double bronchodilatation est encore plus efficace”, a conclu le professeur Russi. Quelques études récentes sur les différents bronchodilatateurs sont mentionnées dans le tableau 2. Selon l’expert, les corticostéroïdes inhalés (CSI) sont trop souvent utilisés.
Source : Réunion annuelle conjointe de la Société Suisse de Pneumologie (SSP), de la Société Suisse de Pneumologie Pédiatrique (SSPP), de la Société Suisse de Chirurgie Thoracique (SSCT) et de l’Association Suisse du Personnel en Endoscopie (ASPE), 8-9 mai 2014, Interlaken
Littérature :
- Soler-Cataluña JJ, et al : Thorax 2005 Nov ; 60(11) : 925-931. Epub 2005 Jul 29.
- Donaldson GC, et al : Thorax 2002 Oct ; 57(10) : 847-852.
- Leuppi JD, et al : JAMA 2013 Jun 5 ; 309(21) : 2223-2231.
- Wise RA, et al : N Engl J Med 2013 Oct 17 ; 369(16) : 1491-1501.
- Fuhr R, et al : Chest 2012 Mar ; 141(3) : 745-752.
- Chapman KR, et al : BMC Pulm Med 2014 Jan 17 ; 14 : 4. doi : 10.1186/1471-2466-14-4.
- Mahler DA, et al : Eur Respir J 2013 Oct 31 [Epub ahead of print].
PRATIQUE DU MÉDECIN DE FAMILLE 2014 ; 9(7) : 44-46