D’après une étude de cohorte rétrospective de Krüger publiée en 2023
et al. montre que les patients traités par un médecin généraliste pour des troubles du sommeil ont moins souvent besoin de consultations de suivi lorsqu’on leur prescrit un médicament phytothérapeutique à base d’huile essentielle de lavande que lorsqu’on leur prescrit des agonistes des récepteurs des benzodiazépines du groupe des “Z-drugs”. Les patients qui présentent des symptômes d’anxiété en plus de leurs troubles du sommeil peuvent notamment bénéficier de ce phytothérapeutique anxiolytique bien toléré.
En cas de troubles du sommeil, les médecins généralistes sont généralement le premier interlocuteur des personnes concernées (encadré). Les causes des troubles du sommeil peuvent être très diverses [11]. Il n’est pas rare que l’insomnie soit associée à des maladies mentales telles que la dépression ou le trouble anxieux généralisé (TAG) [11]. Si les mesures non médicamenteuses ne permettent pas d’améliorer les troubles du sommeil, un traitement pharmacothérapeutique doit être envisagé. Le zolpidem et le zopiclone, qui appartiennent à la famille des agonistes des récepteurs des benzodiazépines, sont considérés comme des somnifères efficaces dans les lignes directrices actuelles pour une utilisation à court terme (3–4 semaines) [1,10]. Toutefois, en raison des risques d’effets secondaires, aucune recommandation n’est formulée pour un traitement à long terme. Les produits phytothérapeutiques sont également mentionnés dans la ligne directrice. L’huile de lavande propriétaire Silexan® (WS® 1265) est obtenue par distillation à la vapeur d’eau des inflorescences de lavande vraie (Lavandula angustifolia) et est conforme à la pharmacopée européenne [4]. Plusieurs études ont démontré la supériorité du placebo du Silexan® dans les troubles anxieux subsyndromiques ou le TAG [5–7]. Seifritz et al. ont en outre montré que le Silexan® avait des effets favorisant le sommeil chez les patients souffrant de troubles anxieux [8]. Dans une étude de cohorte rétrospective, Krüger et al. s’est penché sur la question de savoir comment la prescription de Silexan® vs. “Z-drugs” est associée au recours à des consultations de suivi en médecine générale [9].
Les troubles du sommeil, y compris l’insomnie, la parasomnie, l’hypersomnolence et les troubles respiratoires du sommeil, font partie des diagnostics les plus courants dans la pratique clinique quotidienne [1,2]. Dans la CIM-10, les troubles du sommeil sont classés sous les codes G47-F51 [3]. La ligne directrice S3 actuelle recommande de proposer un traitement médicamenteux contre les troubles du sommeil aux patients pour lesquels les mesures cognitivo-comportementales et les changements de mode de vie associés ne suffisent pas [10]. Outre les substances actives synthétiques, il existe également des substances phytothérapeutiques ayant un effet soporifique. |
Au total, les données de plus de 95 000 patients ont été analysées.
L’analyse a porté sur les données des patients souffrant de troubles du sommeil auxquels ont été prescrits du Silexan® (n=5204) ou des “Z-drugs” (n=90 526) [9]. Les patients recevant Silexan® étaient en moyenne plus jeunes (48,7 vs 61,5 ans) et plus souvent de sexe féminin (66,4% vs 59,6%) que les patients traités par des “Z-drugs”. Ces derniers étaient un peu moins susceptibles de présenter un trouble dépressif (18,4% vs 21,7%), un trouble anxieux (5,5% vs 11,3%) ou un trouble d’adaptation lié au stress (8,0% vs 13,2%) que les patients traités par Silexan®. 15,6% des patients traités par Silexan® et 28,6% des patients traités par les “Z-drugs” ont dû consulter un autre médecin généraliste pour des troubles du sommeil dans les 15 à 365 jours. Les résultats du modèle de régression logistique multivarié montrent que, sur l’ensemble des données, la prescription de Silexan® est associée à une réduction de 44% de la probabilité d’avoir besoin d’une consultation de suivi pour des troubles du sommeil dans un délai de 15 à 365 jours (OR : 0,56 ; IC 95% : 0,51-0,60) par rapport aux “Z-drugs”. Par groupe d’âge, les OR correspondants se situaient dans la fourchette 0,48–0,65 (tableau 1).
Littérature :
- Karna B, Sankari A, Tatikonda G: Sleep Disorder. StatPearls [Internet], StatPearls Publishing; Treasure Island, FL, USA: 2022.
- Rémi J, et al.: Sleep-Related Disorders in Neurology and Psychiatry. Dtsch Arztebl Int 2019; 116: 681–688.
- International Classification of Diseases: ICD-10-GM-2023, www.icd-code.de, (letzter Abruf 02.11.2023)
- Arzneimittelinformation, www.swissmedicinfo.ch, (letzter Abruf 02.11.2023)
- Möller HJ, et al.: Efficacy of Silexan in subthreshold anxiety: Meta-analysis of randomised, placebo-controlled trials. Eur Arch Psychiatry Clin Neurosci 2019; 269: 183–193.
- Yap WS, et al.: Efficacy and safety of lavender essential oil (Silexan) capsules among patients suffering from anxiety disorders: A network meta-analysis. Sci Rep 2019; 9: 18042.
- Kasper S, et al.: Silexan in anxiety disorders: Clinical data and pharmacological background. World J Biol Psychiatry 2018; 19: 412–420.
- Seifritz E, Schläfke S, Holsboer-Trachsler E: Beneficial effects of Silexan on sleep are mediated by its anxiolytic effect. J Psychiatry Res 2019; 115: 69.
- Krüger T, Becker EM, Kostev K: Prescription of Silexan Is Associated with Less Frequent General Practitioner Repeat Consultations Due to Disturbed Sleep Compared to Benzodiazepine Receptor Agonists: A Retrospective Database Analysis. Healthcare (Basel). 2022 Dec 27; 11(1): 77.
- Riemann D, et al.: S3-Leitlinie Nicht erholsamer Schlaf/Schlafstörungen. Somnologie 2017; 21: 2–44.
- Carbone EA, et al.: Sleep Disturbances in Generalized Anxiety Disorder: The Role of Calcium Homeostasis Imbalance. Int J Environ Res Public Health 2023 Mar 1; 20(5): 4431.
HAUSARZT PRAXIS 2023; 18(11): 41