Il y a de plus en plus de personnes âgées vivant avec le VIH, mais dans les essais cliniques, le groupe d’âge des plus de 65 ans est généralement sous-représenté. Une étude en cours dans le monde réel examine l’efficacité virologique et la sécurité du passage à un régime à un seul comprimé de bictégravir chez ce groupe de patients. Les analyses intérimaires sont prometteuses.
Aujourd’hui, l’infection par le virus de l’immunodéficience humaine 1 (VIH-1) est une maladie chronique incurable, mais qui se traite bien et, si elle est diagnostiquée à temps, l’espérance de vie est à peu près normale. Les thérapies antirétrovirales (TAR) modernes sont généralement bien tolérées, ce qui a un impact positif sur l’adhésion au traitement. Il a également été démontré que les régimes ne nécessitant qu’un seul comprimé par jour étaient associés à une meilleure adhérence et à des taux d’hospitalisation plus faibles que les régimes à deux ou trois comprimés [1]. La taille des comprimés et la simplicité du traitement dans son ensemble sont également des facteurs d’adhésion importants. Le risque de comorbidités et de polypharmacie étant plus élevé chez les personnes âgées atteintes du VIH, un profil risque/bénéfice favorable du TAR est particulièrement important dans cette population de patients.
Biktarvy® : barrière de résistance élevée et faible potentiel d’interaction
L’antiviral Biktarvy® est un régime à un seul comprimé, à prise unique quotidienne, pour le traitement de l’infection par le VIH-1. La triple combinaison contient l’inhibiteur d’intégrase non boosté, le bictégravir (BIC), et deux inhibiteurs nucléosidiques/nucléotidiques de la transcriptase inverse, l’emtricitabine (FTC) et le ténofovir alafénamide (TAF) [2]. En Suisse, Biktarvy® est indiqué pour le traitement de l’infection par le VIH-1 chez les adultes naïfs de traitement, ou pour remplacer le traitement antirétroviral actuel chez les patients qui n’ont pas eu d’échec virologique dans le passé et qui sont virologiquement supprimés par un traitement antirétroviral stable depuis au moins 6 mois (ARN du VIH-1 <50 copies/ml). En outre, aucune mutation du VIH-1 contre la classe des inhibiteurs d’intégrase, l’emtricitabine ou le ténofovir ne doit avoir été détectée à aucun moment. Biktarvy® (BIC/FTC/TAF) a une petite taille de comprimé et peut être utilisé indépendamment de la prise de nourriture. Dans les études cliniques, cette préparation combinée a montré un faible potentiel d’interaction avec d’autres médicaments et une barrière élevée contre la résistance.
Traitement antirétroviral : la charge virale, principal marqueur de substitution L’objectif principal d’un traitement antirétroviral est d’abaisser la charge virale en dessous du seuil clinique de 50 copies d’ARN du VIH-1/ml [4]. Pour ce faire, il est nécessaire de prendre les médicaments de manière continue, généralement à vie, et de combiner les antirétroviraux de manière optimale afin d’éviter ou de limiter l’apparition de résistances. La charge virale est le principal marqueur de substitution pour évaluer le succès d’un traitement. La mesure de la charge virale fournit également des informations précieuses pour évaluer le risque de progression de la maladie. Des valeurs supérieures à 100 000 copies d’ARN du VIH-1/ml sont associées à une évolution plus rapide de la maladie. Il s’agit toutefois d’une valeur indicative qui peut varier d’une personne à l’autre. |
Changement de traitement réussi chez les patients âgés atteints du VIH
Une étude de 96 semaines a évalué l’efficacité et la sécurité de BIC/FTC/TAF chez des patients âgés de plus de 65 ans qui sont passés à ce traitement combiné [3]. Il s’est avéré que les taux élevés de suppression virologique mesurés à la semaine 24 pouvaient être maintenus dans cette population de patients jusqu’à la semaine 72. Les sujets étaient des patients virologiquement supprimés (ARN du VIH-1 <50 copies/ml) qui étaient passés de l’un des deux traitements antrétroviraux suivants à BIC/FTC/TAF : elvitégravir (E)/cobicistat (C)/emtricitabine (FTC)/ténofoviralafenamide (TAF) ou régime à base de ténofovir disoproxil (TDF). Les 86 participants à l’étude ont été inclus dans différents centres de cinq pays européens, l’âge moyen était de 69 ans (fourchette 65-80 ans), 13% étaient des femmes, 92% recevaient l’E/C/FTC/TAF à la ligne de base. A la semaine 72, la proportion avec un ARN du VIH-1 <50 copies/ml était de 93% (80/86) [3]. Quatre des sujets ont abandonné l’étude en raison d’effets secondaires indésirables, les dernières valeurs mesurées pour l’ARN du VIH-1 <étant de 50 copies/ml et aucune donnée n’étant disponible pour deux des participants à l’étude. En tenant compte des valeurs manquantes et des abandons (n=6), un taux d’ARN du VIH-1 <de 50 copies/ml a été atteint chez 100% des patients à la semaine 72. Il n’y a pas eu de cas d’échec virologique et aucune résistance n’a été développée. La variation médiane du nombre de cellules CD4 était de 53 cellules/mm3 (intervalle interquartile : -49, 120). Il y a eu deux effets indésirables liés au traitement de grade 3 à 4, soit un taux de 2%. Au total, quatre effets indésirables ont entraîné l’arrêt prématuré de la participation à l’étude. Il n’y a pas eu d’interruption du traitement en raison d’effets indésirables rénaux, ostéologiques ou hépatiques.
En résumé, les données d’efficacité et de sécurité de cette étude soutiennent le passage à Biktarvy® (BIC/FTC/TAF) chez les personnes infectées par le VIH et virologiquement supprimées ≥65 ans.
Littérature :
- Sax PE, et al. : PLoS One 2012 ; 7(2):e31591. doi:10.1371/journal.pone.0031591
- Compendium suisse des médicaments, https://compendium.ch, (dernière consultation 15.10.2021)
- Maggiolo F, et al : J Int AIDS Soc 2020 Oct ; 23(Suppl 7) : e25616.
- HIV Arbeitskreis Südwest : Guide VIH, www.hivleitfaden.de (dernière consultation 15.10.2021)
PRATIQUE DU MÉDECIN DE FAMILLE 2021 ; 16(10) : 28