En utilisant des modèles de tumeurs mammaires appelés sphéroïdes, des chercheurs allemands ont pu prédire avec une grande précision la réponse à une chimiothérapie néoadjuvante. Cette méthode est basée sur la “reproduction” de la tumeur in vitro. Cela permet d’analyser comment les cellules se comportent dans un agrégat 3D similaire à un carcinome in vivo. Dans la boîte de Pétri, il est ainsi possible de prévoir si le traitement sera efficace ou non. Les patients n’ont donc pas eu à subir les désagréments d’une tentative de traitement infructueuse.
Dans cette étude prospective, les chercheurs ont généré des sphéroïdes sphériques tridimensionnels de plusieurs milliers de cellules tumorales à partir des biopsies tumorales de 78 patientes atteintes d’un cancer du sein. Il s’agit de micromodèles complexes des tumeurs in vivo concernées. Tous les participants étaient éligibles pour une chimiothérapie néoadjuvante et étaient donc éligibles pour le bras in vivo.
Les sphéroïdes ont été exposés aux mêmes agents que les tumeurs des patients et, après un temps donné, la corrélation entre la réponse in vivo et in vitro a été déterminée. Les variables utilisées étaient le nombre de cellules tumorales survivantes in vitro et la réponse pathologique complète (pCR) in vivo, déterminée au moment de l’opération. Une pCR était présente en cas de statut ypT0 ypN0, c’est-à-dire lorsqu’il n’y avait plus de cellules tumorales vitales dans le sein et les axillaires.
Prévision spécifique possible
La survie des cellules tumorales a été fixée à 35% comme valeur de référence pour déterminer la sensibilité et la spécificité des modèles in vitro. Un nombre de cellules inférieur à cette valeur était associé à la pCR (c’est-à-dire qu’une survie des cellules tumorales <35% augmentait significativement la probabilité d’une réponse complète). Le rapport de cotes par rapport à un nombre de cellules plus élevé, supérieur à 35%, était de 0,011 (IC à 95% : 0,001-0,096 ; p=0,000132).
Les chercheurs ont alors examiné dans quelle mesure un test avec un tel cut-off pouvait prédire l’efficacité ou la réponse à un traitement. Un résultat de test positif (<35%) signifie qu’une pCR peut également être obtenue in vivo et que le traitement sera donc efficace. Un résultat négatif (≥35%) signifie qu’il n’est pas possible d’obtenir une pCR in vivo et que le traitement ne fonctionnera pas (et qu’il ne sera donc pas nécessaire de le commencer à l’avenir chez ces patients). En fait, le test semblait bien fonctionner :
Les sphéroïdes de 32 patients étaient inférieurs à la valeur seuil (c’est-à-dire qu’ils présentaient un nombre inférieur de cellules in vitro). 21 de ces patients, soit 65,6%, ainsi qu’un patient dont la survie des cellules sphéroïdes était supérieure à 35%, ont obtenu une pCR in vivo. Concrètement, cela signifie que le test in vitro a prédit une pCR correctement positive chez 21 participants, mais qu’il a donné un résultat faussement négatif chez un seul. Par conséquent, la sensibilité était de 95,5% (21 patients sur 22).
Les sphéroïdes de 46 patients étaient supérieurs à la valeur seuil. 45 de ces patients, ainsi que 11 patients dont la survie des cellules sphéroïdes était inférieure à 35%, n’ont pas obtenu de pCR in vivo. Concrètement, cela signifie que le test in vitro a prédit de manière correctement négative qu’aucune pCR ne se produirait chez 45 participants, mais qu’il a donné des résultats faussement positifs chez 11 d’entre eux. La spécificité était donc de 80,4% (45 patients sur 56).
Une approche prometteuse
De plus, l’étendue de la maladie résiduelle était corrélée à l’augmentation du nombre de cellules survivantes dans le spadice (p=0,021).
Dans l’ensemble, on a constaté une survie moyenne des cellules tumorales dans le sphéroïde de 21,8% chez les 22 personnes ayant subi une pCR. En revanche, chez les 56 participants qui n’ont pas obtenu de pCR, la valeur moyenne était de 63,8%. Cette différence était statistiquement significative (p=0,001).
Afin de valider les résultats convaincants de cette étude exploratoire, une étude d’intervention randomisée et contrôlée est maintenant prévue. Il s’agit ici de tester à nouveau la stabilité du cut-off, qui a fait ses preuves dans la présente cohorte, dans une population plus importante. En outre, les données de suivi de la présente étude continuent d’être analysées et évaluées.
Source : Halfter K, et al : Étude de cohorte prospective utilisant le modèle de sphéroïde du cancer du sein comme prédicteur de la réponse au traitement néoadjuvant – l’étude SpheroNEO. BMC Cancer 2015 ; 15 : 519.
InFo ONKOLOGIE & HÄMATOLOGIE 2015 ; 3(11-12) : 2