Lorsque l’on parle de maux de tête, il ne s’agit pas nécessairement de la même douleur. Il est beaucoup plus probable que les troubles se présentent différemment d’un patient à l’autre. On définit aujourd’hui plus de 200 types de maux de tête différents. Leur point commun est la réduction significative de la qualité de vie des personnes concernées. Le traitement doit donc être complet et adapté à chaque céphalée.
La classification internationale des céphalées (ICHD-3) distingue les céphalées primaires et secondaires ainsi que les neuropathies et les algies faciales [1]. Au total, plus de 200 types de maux de tête différents sont répertoriés et ont été regroupés en 14 groupes. Les céphalées de tension sont de loin les plus répandues, suivies par les migraines, comme l’a montré le PD Dr Andreas R. Gantenbein, Bad Zurzach. Les maux de tête secondaires ne concernent en effet qu’une minorité de personnes, estimée à 18% dans le monde [2]. C’est pourquoi ils sont souvent négligés. Les “red flags” permettent d’augmenter la probabilité d’identifier une étiologie secondaire (tableau 1) [2]. Il s’agit notamment de vérifier la présence de symptômes systémiques tels que la fièvre, les déficits neurologiques ou un début soudain. Si l’on peut exclure les déclencheurs secondaires des troubles, il s’agit de déclarer les maux de tête primaires en conséquence.
Les céphalées en grappe se produisent sur une période de quatre heures, unilatéralement autour de l’œil. Le pic de douleur est atteint après environ trois heures. On remarque des rougeurs oculaires, des larmes ainsi qu’un nez bloqué. “De plus, les personnes concernées “tigrent” souvent pendant la crise”, ajoute-t-il. Le traitement aigu peut se faire par des triptans en spray nasal ainsi que par l’administration d’O2. Pour prévenir les céphalées en grappe, il est possible d’administrer du vérapamil, du topiramate, du lithium, du galcanezumab ou de la prednisone.
Traiter la migraine de manière efficace et complète
La migraine peut être clairement distinguée des céphalées de tension. Les céphalées de tension sont sourdes, diffuses des deux côtés, d’intensité légère à modérée et ne s’accompagnent d’aucun symptôme. La migraine, en revanche, est généralement unilatérale, pulsatile et s’accompagne souvent de nausées/vomissements et de photo-/phonophobie. La douleur se manifeste pendant quatre à 72 heures et s’intensifie en cas de mouvement. Des facteurs déclencheurs tels que, entre autres, le temps, le fromage ou le vin rouge peuvent déclencher une crise. “Pendant une migraine, le repos, le sommeil et la relaxation sont particulièrement importants”, a rapporté Gantenbein. Sur le plan médicamenteux, une crise aiguë peut être traitée à l’aide d’analgésiques, d’AINS, d’antiémétiques ou de triptans. Il est important que la dose soit ciblée et suffisamment élevée, mais pas trop fréquente. Les triptans constituent le traitement de première intention pour les patients souffrant de crises modérées à sévères [3]. Ils peuvent toutefois être contre-indiqués chez certains patients. Surtout chez les patients ayant des antécédents d’accident vasculaire cérébral ou de crise cardiaque. En outre, les patients souffrant d’hypertension sévère, de maladie coronarienne, de maladie artérielle périphérique (MAP) ou d’accident ischémique transitoire (AIT) doivent également renoncer à cette classe de substances. En effet, les triptans ne contractent pas exclusivement les vaisseaux sanguins intracrâniens, mais aussi les vaisseaux périphériques. Dans ce domaine, deux nouvelles classes de substances sont dans les starting-blocks : Ditane et Gepante. Les premiers ciblent également le récepteur de la sérotonine, mais agissent sélectivement sur le 5-HT1F. Les gépantes sont de petites molécules qui agissent comme des antagonistes du récepteur CGRP.
Prophylaxie en cas de crises fréquentes
Si les patients souffrent de migraines plusieurs fois par mois avec des crises très sévères ou de longue durée, il convient d’envisager un traitement prophylactique. Il s’agit également de prévenir la surconsommation de médicaments, qui peut à son tour se traduire par des maux de tête. Outre un entraînement d’endurance aérobie, des thérapies de relaxation et des mesures comportementales et psychothérapeutiques, des interventions médicamenteuses peuvent intervenir. Les comorbidités doivent être prises en compte. Les bêtabloquants sont par exemple contre-indiqués chez les patients souffrant d’asthme sévère ou d’hypotension. En outre, les bêtabloquants, la flunarizine et le topiramate peuvent favoriser la dépression. D’autre part, l’effet de réduction de la pression artérielle et du pouls des bêtabloquants peut également être un effet secondaire souhaitable. Le topiramate peut favoriser une perte de poids et l’amitriptyline a un effet sédatif. En principe, les antidépresseurs, les anticonvulsivants, les bêtabloquants, les antagonistes du calcium et les anticorps anti-CGRP peuvent être utilisés pour la prophylaxie de la migraine. Des substances naturelles comme le magnésium, la coenzyme Q10 et la riboflavine ou l’administration de toxine botulique de type A peuvent également contribuer au traitement préventif [3].
Congrès : Forum pour la formation médicale continue
Littérature :
- www.ichd-3.org (dernier accès le 13.02.2021)
- Do TP et al. Drapeaux rouge et orange pour les céphalées secondaires en pratique clinique : liste SNNOOP10. Neurology 2019 ; 92(3) : 134-144.
- Recommandations thérapeutiques de la Société suisse des céphalées. Disponible sur : www.headache.ch/download/Content_attachments/FileBaseDoc/SKG_Therapieempfehlungen_2018_DE_15_WEB.pdf (dernier accès le 13.02.2021)
InFo NEUROLOGIE & PSYCHIATRIE 2021 ; 19(2) : 22-23 (publié le 30.3.21, ahead of print)