Les lymphadénopathies cervicales sont des gonflements douloureux ou indolores des ganglions lymphatiques cervicaux et peuvent être dues, outre à des infections locales ou systémiques, à des leucémies, des lymphomes et des tumeurs de la tête, du cou et de la bouche. Les techniques d’imagerie appropriées pour détecter les lymphomes cervicaux sont l’échographie, la tomodensitométrie et surtout l’IRM.
Les gonflements des ganglions cervicaux sont fréquents dans la pratique quotidienne. Il convient d’élucider un large éventail de causes en présence de symptômes cliniques variés [3], qui vont de l’asymptomatique au tableau clinique sévère. Une anamnèse précise, des examens cliniques et de laboratoire ainsi que des examens d’imagerie plus poussés font partie de la recherche du diagnostic, qui doit dans certains cas être complété par l’examen des tissus. Le tableau 1 présente les principaux diagnostics différentiels du gonflement des ganglions lymphatiques cervicaux.
Les hypertrophies des ganglions lymphatiques cervicaux peuvent survenir à tout âge. Elles peuvent également être l’expression d’un événement tumoral chez l’enfant et l’adolescent, bien que les causes inflammatoires prédominent dans ce groupe d’âge [2]. Chez les moins de 14 ans, les lésions malignes des ganglions lymphatiques ont une incidence de 1/7000, les lymphomes hodgkiniens et non hodgkiniens représentant environ 10-15%.
Les lymphomes dans la maladie de Hodgkin et la maladie non hodgkinienne représentent une part non négligeable des gonflements malins des ganglions lymphatiques du cou, même à l’âge adulte [4,8]. Le pic d’âge moyen chez les hommes est de 46 ans et de 43 ans chez les femmes.
Une anamnèse et un examen clinique précis constituent la base des mesures diagnostiques. En fonction de leur étendue et de leur localisation, elles peuvent provoquer des troubles de la déglutition, une sensation de pression et de boule dans la gorge ou encore une dysphonie. Une symptomatologie B peut être détectée par l’anamnèse. Le diagnostic différentiel hématologique avec clarification des sous-types pose les jalons du pronostic. L’étendue de l’atteinte des ganglions lymphatiques ou même d’autres organes peut être déterminée de manière fiable grâce aux examens en coupe.
Les examens radiologiques ne jouent aucun rôle dans la détection des lymphomes cervicaux. Parfois, les grands conglomérats lymphomateux peuvent présenter des volumétries denses en tissus mous, ainsi que des déplacements et des sténoses de la trachée. Si des destructions osseuses sont présentes, elles peuvent être détectées par radiographie.
L’échographie des parties molles du cou peut déjà être utilisée pour orienter le diagnostic des lymphomes cervicaux qui peuvent être facilement évalués par imagerie. L’aperçu 1 présente les critères anamnestiques et d’imagerie du diagnostic différentiel de l’hypertrophie des ganglions lymphatiques du cou [6].
La tomodensitométrie et surtout l’IRM (avec son contraste élevé des tissus mous) sont des techniques d’imagerie efficaces dans la détection des lymphomes cervicaux [1]. L’IRM assistée par contraste peut très bien détecter les changements inflammatoires et fusionnels et les infiltrations des tissus mous, tandis que le scanner a une valeur légèrement plus élevée dans l’évaluation des changements osseux. Pour différencier la lymphadénopathie nécrosante cervicale, un algorithme de diagnostic a été développé pour les examens CT, comprenant plusieurs critères d’imagerie et cliniques [7].
Étude de cas
L’exemple 1 montre un gros paquet de lymphomes chez un patient âgé de 57 ans au moment de l’examen (fig. 1A à C). La biopsie a montré qu’il s’agissait d’une lymphadénite nécrosante. L’effet d’occupation de l’espace était considérable, avec un déplacement de la glande submandibulaire, un déplacement de la base de la langue ainsi que de l’hypopharynx et du larynx vers la gauche. Compression de la veine jugulaire et latéralisation du muscle sterno-cléido-mastoïdien. Une fistule latérale initiale a également été suspectée, la cuticule et la sous-cutanée ainsi que le platysma étaient épaissis par un œdème inflammatoire. Cliniquement, le patient présentait un tableau clinique prononcé avec un état général réduit, de la fièvre, des difficultés à avaler, des douleurs et un gonflement du côté droit du cou et de l’angle de la mâchoire, ainsi qu’une rougeur de la peau.
Cas 2 documenté métastases ganglionnaires cervicales (Fig. 2A à C) submandibulaires et cervicales profondes avec dysphagie résultante chez un homme de 37 ans atteint d’un carcinome neuroendocrine.
L’exemple 3 montre, chez une patiente âgée de 57 ans lors du dernier examen de contrôle et atteinte d’actinomycose (fig. 3A et B) depuis 16 ans, l’extension de l’inflammation avec des ganglions lymphatiques agrandis de manière réactive, du cervical, du médiastinal jusqu’à l’abdominal. Il y avait également une dysphagie.
Messages Take-Home
- Le gonflement des ganglions lymphatiques cervicaux se produit dans le cadre d’un grand nombre de maladies inflammatoires et tumorales. Elles peuvent survenir à tout âge.
- En fonction de leur taille et de leur emplacement, ils provoquent des troubles différents.
- L’attribution diagnostique exacte des lymphomes nécessite une anamnèse précise, des examens cliniques et de laboratoire, ainsi que des examens d’imagerie plus poussés.
- La biopsie permet d’établir la correspondance tissulaire et de déterminer la valeur intrinsèque.
Littérature :
- Chisin R, Weber AL : Imagerie des manifestations du lymphome dans la région extracrânienne de la tête et du cou. Leuk Lymphoma 1994 ; 12(3-4) : 177-189.
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- Kaji AV, Mohuchy T, Swartz JD : Imagerie de la lymphadénopathie cervicale. Semin Ultrasound CT MR 1997 ; 18(3) : 220-249.
- Nayak LM, Deschler DG : Lymphomes. Otolaryngol Clin North Am 2003 ; 36(4) : 625-646.
- Rafaty FM : Adénopathie cervicale secondaire à la toxoplasmose. Arch Otolaryngol 1977 ; 103(9) : 547-549.
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- You SH, et al : Cervical necrotic lymphadenopathy : a diagnostic tree analysis model based on CT and clinical findings. Eur Radiol 2019 ; 29(10) : 5635-5645.
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PRATIQUE DU MÉDECIN DE FAMILLE 2022 ; 17(9) : 36-38