En Suisse, les premiers analogues de l’insuline à action rapide et à action prolongée ont été mis sur le marché il y a une vingtaine d’années. Ceux-ci ont été progressivement développés, de sorte qu’il existe aujourd’hui une large gamme de préparations pour le traitement personnalisé du diabète. Les innovations technologiques en matière de diabète ont également permis d’améliorer considérablement l’insulinothérapie et la qualité de vie des personnes concernées. Il s’agit notamment de la surveillance continue du glucose et de la Systèmes “hybrides”/”en boucle fermée” avec administration adaptative d’insuline.
Pour les diabétiques, ces avancées se traduisent par une autonomie et une responsabilisation accrues à tous les stades de la vie [1]. Malgré toutes ces évolutions, les mesures liées au mode de vie, telles que la pratique régulière d’une activité physique et la modification de l’alimentation, restent un élément central du traitement du diabète.
Analogues de l’insuline à action ultra-rapide et ultra-longue
Parmi les développements récents, on trouve des analogues à action ultra-rapide qui réduisent encore les pics de glucose postprandiaux et les hypoglycémies liées à l’accumulation grâce à une montée et une descente encore plus rapides de l’action de l’insuline [1]. Les dernières insulines basales à action ultra-longue minimisent les hypoglycémies grâce à une durée d’action plus longue et à des profils d’action plus stables. Néanmoins, à ce jour, l’insulinothérapie sous-cutanée ne permet pas de simuler complètement le rapport physiologique 3:1 d’exposition à l’insuline du foie et des tissus périphériques. Des alternatives telles que les insulines orales ou spécifiques au foie font actuellement l’objet de recherches. L’insuline inhalée n’est pas autorisée en Suisse.
Surveillance continue du glucose
Outre les systèmes conventionnels de surveillance continue du glucose (CGM), qui envoient en permanence des valeurs de mesure à un appareil récepteur, il existe également des systèmes dits de “surveillance flash du glucose”, dans lesquels les valeurs de glucose doivent être activement récupérées à l’aide d’un lecteur [1]. Le glucose est mesuré dans le tissu adipeux sous-cutané à l’aide d’un capteur recouvert d’enzymes. Les systèmes CGM/”Flash Glucose Monitoring” fournissent une évolution dynamique du glucose par rapport aux mesures de glycémie capillaires conventionnelles. Des études ont montré une amélioration du contrôle glycémique avec une réduction des hypoglycémies et la pratique clinique montre que ces systèmes ont des effets positifs sur la motivation thérapeutique ou l’autogestion des utilisateurs. Les personnes concernées peuvent anticiper les écarts de glucose et prendre les mesures qui s’imposent. Ce ne sont pas seulement les diabétiques eux-mêmes qui bénéficient de la possibilité d’adapter le traitement de manière plus précise et plus adaptée à la situation, mais aussi toute l’équipe soignante.
“Systèmes en boucle fermée et aide à la décision basée sur l’IA
Le couplage des pompes à insuline avec les systèmes CGM a conduit au développement de systèmes dits “en boucle fermée” [1]. Ces boucles de contrôle fermées permettent une administration d’insuline automatisée et adaptée aux besoins, dans le but d’améliorer le contrôle du glucose. Cela réduit la charge thérapeutique pour les personnes concernées et permet ainsi de les soulager. Alors que les systèmes “Fully Closed Loop” fonctionnent de manière autonome, les systèmes “Hybrid Closed Loop” nécessitent une intervention de l’utilisateur, comme l’annonce d’un repas. Depuis quelques années, différents systèmes “hybrides en boucle fermée” sont disponibles dans le commerce en Suisse et sont utilisés avec un grand succès, principalement pour le diabète de type 1. En revanche, aucun système “fully closed loop” n’est actuellement autorisé dans notre pays. Le fait que ces systèmes améliorent de manière significative le contrôle du glucose en milieu hospitalier, en cas de nutrition (par)entérale ou chez les patients dialysés est toutefois considéré comme empiriquement prouvé [2–4].
Quels sont les développements futurs qui se dessinent ?
En ce qui concerne les antidiabétiques non insuliniques, la combinaison des hormones intestinales GLP-1 et GIP est étudiée avec des effets puissants sur le contrôle du glucose et la perte de poids [5]. Dans le domaine de l’insulinothérapie, les recherches portent notamment sur le développement d’analogues de l’insuline à action encore plus longue, par exemple sous forme d’insuline de base administrée une fois par semaine [6]. Les systèmes “en boucle fermée” sont constamment améliorés, avec des capteurs CGM plus précis, des analogues de l’insuline agissant encore plus rapidement, l’ajout d’hormones telles que le glucagon ou des analogues de l’amyline (“pancréas artificiel à hormones multiples”) ou l’intégration de données sur l’activité physique et l’alimentation. En outre, nous essayons de rendre les systèmes de plus en plus conviviaux. L’analyse intégrative des données peut d’ores et déjà bénéficier des méthodes d’intelligence artificielle (IA). L’application de nouvelles technologies entraîne la génération de volumes de données de plus en plus importants. L’utilisation de méthodes basées sur l’IA permet d’identifier des modèles complexes. Il s’agit d’une base pour les systèmes dits d'”aide à la décision” destinés à soutenir les personnes concernées et leurs équipes de soins. La numérisation croissante permet le développement d’applications de télémédecine qui fournissent des recommandations thérapeutiques aux patients sur la base des données collectées. Même si l’IA et la numérisation se heurtent encore à certains obstacles en matière de réglementation et de protection des données, le potentiel d’avenir de ces technologies innovantes est énorme. Non seulement de nouveaux efforts sont en cours dans le domaine de la technologie du diabète et de la pharmacothérapie, mais la recherche dans le domaine de la transplantation d’îlots de Langerhans se poursuit également, par exemple avec des îlots de Langerhans encapsulés [1].
Littérature :
- Lehmann V, et al. : Le traitement du diabète en mutation – évolution et révolution avec un accent sur les personnes concernées. Swiss Med Forum 2022 ; 22(0506) : 85-87.
- Bally L, et al : Livraison d’insuline en boucle fermée pour le contrôle glycémique dans les soins non critiques. N Engl J Med 2018 ; 379(6) : 547-56.
- Boughton CK, et al : Fully closed-loop insulin delivery in inpatients receiving nutritional support : a two-centre, open-label, randomised controlled trial. Lancet Diabetes Endocrinol 2019;7(5) : 368-377.
- Boughton CK, et al. : Contrôle du glucose en boucle entièrement automatisé comparé au traitement insulinique standard chez les adultes atteints de diabète de type 2 nécessitant une dialyse : un essai croisé randomisé en ouvert. Nat Med 2021 ; 27(8) : 1471-1476.
- Frías JP, et al : Tirzepatide versus Semaglutide once weekly in patients with type 2 diabetes. N Engl J Med 2021 ; 385(6) : 503-515.
- Rosenstock J, et al : insuline une fois par semaine pour le diabète de type 2 sans traitement antérieur à l’insuline. N Engl J Med 2020 ; 383(22) : 2107-2116.
PRATIQUE DU MÉDECIN DE FAMILLE 2022 ; 17(8) : 34
CARDIOVASC 2022 ; 21(3) : 32