La sclérose en plaques est une maladie inflammatoire chronique dégénérative auto-immune qui peut entraîner des handicaps importants pour les personnes atteintes dans leur vie quotidienne. Les offres d’entraînement basées sur des applications et les développements dans le domaine des systèmes électroniques de détection des mouvements tentent de contrecarrer les pertes de motricité ou de les suivre de la manière la plus précise possible.
La sclérose en plaques (SEP) est une maladie inflammatoire chronique et dégénérative auto-immune du système nerveux central qui peut, au cours de son évolution, entraîner des handicaps très divers pour les personnes atteintes et ainsi nuire considérablement à la qualité de vie des patients à long terme. La réalité virtuelle (VR), les offres d’entraînement basées sur des applications et les développements dans le domaine des systèmes électroniques de détection des mouvements sont autant de domaines dans lesquels de nouveaux outils sont en cours de développement.
Apps – où en sommes-nous ?
Il existe actuellement sur le marché quelques applications sur le thème de la sclérose en plaques, rapporte le Dr Vanbellingen. Outre les entraînements basés sur des jeux qui peuvent être utilisés pour améliorer la fonction motrice, il existe des offres pour la stimulation cognitive ainsi que des applications avec du matériel informatif et éducatif sur la maladie. Par exemple, la Société suisse de la sclérose en plaques a lancé sa propre application, qui peut être téléchargée gratuitement. On y trouve un aperçu du travail de l’association avec des informations sur l’évolution de la maladie, des services de conseil et des instructions d’entraînement détaillées présentées par des patients atteints de SEP sous forme de matériel vidéo. De manière générale, il a été signalé que la formation basée sur les applications et les jeux vidéo est encouragée par la Société suisse de la sclérose en plaques. Mais ces offres ne sont pas encore soutenues par les caisses d’assurance maladie. Une telle formation reste donc pour l’instant de nature expérimentale.
Sur la thématique de l’entraînement cognitif, un groupe de recherche italien s’est penché en 2015 sur la question de savoir si l’application “COGNI-TRAcK”, développée à cet effet, était bien acceptée dans la pratique. L’objectif était de proposer un entraînement facile d’accès, auto-planifiable et pouvant être effectué à domicile, avec les mêmes avantages que ceux déjà connus de la rééducation cognitive personnalisée [1]. Il s’est avéré que l’entraînement avec l’application était bien accepté et mis en œuvre par les patients atteints de SEP. D’autres études sur l’efficacité de cette formation basée sur des applications devraient suivre.
Dans une étude actuellement en cours, un groupe de travail dirigé par le Dr Vanbellingen examine l’efficacité d’une autre application [2]. “Finger Circus” est un jeu sur tablette qui développe l’habileté motrice des mains ou des doigts et qui est déjà disponible (www.fingers-in-motion.de). Une étude a montré que jusqu’à 76% des patients atteints de SEP recevant des soins ambulatoires souffrent d’une dextérité manuelle réduite [3], ce qui peut les limiter dans de nombreuses activités de la vie quotidienne, telles que la cuisine, le nettoyage ou l’hygiène personnelle. Dans le cadre du “Cirque des doigts”, six jeux différents font appel à cinq mouvements importants qui sont également souvent utilisés en ergothérapie classique :
- Touche sélective
- Poignée de pincette
- Rotation du poignet
- Croisement du centre du corps
- Cercle sélectif doigts I-II.
La condition préalable à l’utilisation est la présence d’une tablette, car la taille de la main doit être calibrée avant le lancement du jeu. Un avantage par rapport à d’autres unités d’entraînement que les patients se voient prescrire par les thérapeutes sous forme d’exercices à domicile est la possibilité pour le praticien de sélectionner en ligne les différents modules de jeu en fonction du patient, ainsi que le retour d’information possible au thérapeute pour savoir si l’entraînement a été effectué. En 2015, il a déjà été démontré que l’entraînement à domicile de la dextérité avait un effet positif significatif sur les personnes atteintes de SEP [4]. L’étude actuelle sur l’application “Finger Circus” se concentre sur la question de savoir si les bons résultats de l’entraînement de l’habileté à domicile classique peuvent également être obtenus par l’application.
Vanbellingen, avec l’aide d’une participante à l’atelier, a présenté le “Leap Motion controller” (LMC), un exemple impressionnant et amusant d’autres applications de tablettes ou d’ordinateurs dans le domaine de la dextérité manuelle. Un capteur, de la taille d’une clé USB, est connecté à l’ordinateur et détecte ensuite sans contact les mouvements des mains (fig. 1). L’ordinateur et de nombreux jeux créés spécialement pour le capteur devraient ainsi pouvoir être contrôlés par des mouvements naturels des doigts et des mains. Parmi les 108 jeux disponibles dans l’App Store associé, l'”Airspace Store”, certains ont été particulièrement mis en avant dans la présentation, notamment : “Cut the Rope”, “ASL Digits” et “Dots”. Actuellement, des applications basées sur la LMC sont testées pour les patients atteints de SEP, selon l’intervenant (www.multiplesklerose.ch/PDF/de/UEber_MS/Aus_der_Forschung/Unterstuetzte_Projekte/2017/SMSG_lay_summary_Vanbellingen_Tim_DE.pdf).
Développements sur l’évaluation de l’évolution de la SEP
Dans le cas de maladies chroniques pouvant entraîner des limitations des fonctions motrices, il est important d’évaluer ces changements physiques de la manière la plus objective et continue possible sur une longue période. Dans le cadre d’une relation médecin-patient normale, cette évaluation dépend du praticien et de son expérience, ainsi que de l’état d’esprit du patient au jour le jour. Afin de créer une comparabilité fondamentale, il est utile d’utiliser un langage diagnostique uniforme. Les scores disponibles jusqu’à présent limitent cependant l’évaluation fine en ce qu’ils attribuent souvent les symptômes à certaines catégories. Ainsi, la fonction motrice d’un patient peut se détériorer d’une visite à l’autre, tout en restant dans la même catégorie.
Une nouvelle approche pour une évaluation constante et objective de la fonction motrice est un système informatisé qui enregistre les mouvements du patient avec une caméra cinétique, les analyse et les classifie ensuite automatiquement, appelé “Assess MS”. (Fig. 2). L’objectif est d’obtenir une évaluation à la fois standardisée et très détaillée, qui permette de suivre efficacement la progression des troubles. L’évaluation repose sur un “algorithme d’apprentissage automatique” (MLA).
Pour une mesure adéquate, des conditions standardisées doivent être créées :
- L’arrière-plan devant lequel le patient est assis doit remplir des conditions spécifiques et ne doit pas contenir de surfaces fortement réfléchissantes, par exemple.
- Le patient doit se trouver à une certaine distance de la caméra.
- Pour les exercices effectués avec un assistant, une distance minimale doit être maintenue entre le patient et l’assistant.
- Pour chaque exercice, des instructions verbales et vidéo claires sont nécessaires (Fig. 3).
Une étude déjà réalisée sur l’utilisation pratique d'”Assess MS” [5] a montré que cette forme d’examen assisté par ordinateur était appréciée tant par les patients que par les professionnels de la santé. L’un des points positifs soulignés a été le gain de temps lors de l’examen clinique, car la procédure était très structurée. La convivialité de l’outil est également très pratique : après une courte introduction, il peut être utilisé sans problème par des médecins d’expérience différente ainsi que par d’autres professionnels de la santé, tels que les infirmiers.
Une étude pilote a montré une nette concordance d’évaluation entre le MLA et des neurologues expérimentés [6]. L’avantage de l’évaluation automatique réside dans la répétabilité constante de ces résultats sur une période aussi longue que possible (indépendamment d’un éventuel changement d’opérateur), alors que l’évaluation humaine présente une plus grande marge de résultats avec le temps. Assess MS” permet donc d’obtenir des résultats plus constants et plus standardisés. Enfin, un tel système pourrait être utilisé à domicile et par le patient lui-même, ce qui permettrait une évaluation plus précise de l’évolution des maladies neurologiques chroniques progressives avec des symptômes musculaires.
Source : 20th State of the Art Symposium, 27 janvier 2018, Lucerne
Littérature :
- Tacchino A, et al : A New App for At-Home Cognitive Training : Description and Pilot Testing on Patients with Multiple Sclerosis. JMIR Mhealth Uhealth 2015 ; 3(3) : e85.
- A New App Home Based Dexterity Training in Multiple Sclerosis : a Randomized Controlled Trial. https://clinicaltrials.gov/ct2/show/NCT03369470.
- Johansson S, et al : Présence concomitante élevée de handicap dans la sclérose en plaques. Associations avec la santé perçue. J Neurol 2007 ; 254(6) : 767-773.
- KammCP, et al : Entraînement à domicile pour améliorer la dextérité manuelle chez les patients atteints de sclérose en plaques : un essai contrôlé randomisé. Mult Scler 2015 ; 21(12) : 1546-1556.
- Morrison C, et al. : Utilisabilité et acceptabilité d’ASSESS MS : évaluation du dysfonctionnement moteur dans la sclérose en plaques à l’aide de la vision par ordinateur à détection de profondeur. JMIR Facteurs Humains. 2015 Jan-Jun ; 2(1) : e11.
- D’Souza M, et al : Accuracy of depth-sensing recordings in classifying Expanded Disability Status Scale subscores of motor dysfunction in patients with multiple sclerosis. Neurology 2016 ; 86 (16 Supplément) : P2.139 poster et présentation orale à l’AAN 2016.
InFo NEUROLOGIE & PSYCHIATRIE 2018 ; 16(2) : 44-46