La rosacée peut avoir un impact considérable sur le bien-être psychologique des personnes qui en souffrent. “Awareness” sur la dimension psychologique de cette dermatose et sur les multiples possibilités de traitement est important pour améliorer les soins aux patients atteints de rosacée. C’est le point de départ d’une étude par questionnaire menée par une équipe de chercheurs britanniques.
Les lésions cutanées, souvent bien visibles, représentent une défiguration esthétique pour les patients, ce qui a un impact négatif sur leur estime de soi et peut entraîner une rumination [1]. Les stigmates sociaux et la perception négative de soi contribuent au stress psychosocial. Cela peut se traduire par une dépression et de l’anxiété [2]. L’insatisfaction et l’irritation/l’embarras liés à l’apparence de leur visage entraînent souvent un isolement social [3]. Cela a un impact négatif sur la qualité de vie des patients, car cela conduit à l’exclusion sociale et à une détérioration de l’état mental. D’autre part, le stress psychosocial causé par la rosacée est un facteur déclencheur des poussées de rosacée, ce qui peut conduire à un cercle vicieux [4].
Les femmes sont particulièrement touchées par la stigmatisation
Dans une étude britannique publiée en 2021 et portant sur 60 042 patients, 61,5% des participants à l’étude étaient des femmes [4]. D’autres études montrent que l’impact de la rosacée sur la qualité de vie est plus important chez les femmes que chez les hommes [4]. Malgré la prévalence plus élevée de la rosacée chez les femmes, il existe encore peu d’études sur l’impact psychosocial de cette dermatose dans cette sous-population de patients. Une plus grande sensibilisation aux possibilités de traitement de la rosacée pourrait réduire les effets psychologiques négatifs. Dans ce contexte, un groupe de recherche britannique a mené une étude empirique en se concentrant sur l’impact psychosocial de la rosacée chez les patients de sexe féminin [6].
Étude par questionnaire : RosaQoL et Rosenberg Self Esteem Scale
Le RosaQoL est un questionnaire de 21 items. L’impact de la rosacée sur la qualité de vie est évalué en mettant l’accent sur l’état émotionnel, l’expression des symptômes et la gêne dans la vie quotidienne. Le format de réponse correspond à une échelle de Likert en 5 points (1=jamais, 5=toujours). Par ailleurs, une version adaptée de l’échelle Rosenberg Self Esteem Scale (RSES) a été utilisée. L’estime de soi et la perception de soi sont évaluées à l’aide de 10 items. Le format de réponse est une échelle de Likert en 4 points (fort désaccord, désaccord, accord, fort accord).
Au total, 19 patients de sexe féminin ont participé à l’enquête, 13 d’entre eux étaient dans la tranche d’âge 41-50 ans, 5 étaient âgés de 51-60 ans et un patient avait plus de 61 ans. La participation à l’étude était volontaire. Tous les sujets souffraient de rosacée depuis au moins 5 ans et étaient traités en tant que patients ambulatoires au New Cross Hospital, Wolverhampton (Royaume-Uni) entre janvier et juin 2019.
Conclusion : grande souffrance psychologique
L’analyse des données montre que plus de la moitié des participants (53%) ont déclaré souffrir “tout le temps” de sentiments de frustration liés à la rosacée et qu’environ un tiers (32%) se sentait “souvent” frustré. 37% des participants à l’étude ont ressenti de l’irritation/de l’embarras à cause de l’apparence de leur peau “tout le temps”, et autant l’ont ressenti “souvent”. Il convient de noter qu’aucun des sujets n’a répondu “rarement” ou “jamais” à cette question.
Les résultats de la présente étude sont une preuve supplémentaire de l’impact psychosocial considérable de la rosacée, et cette étude par questionnaire s’est concentrée sur la sous-population des patients de sexe féminin. Les chercheurs indiquent que d’autres études devraient être menées sur des échantillons plus importants afin d’en savoir plus sur l’impact psychosocial de la rosacée, même indépendamment des effets de genre.
Littérature :
- Heisig M, Reich A : Aspects psychosociaux de la rosacée avec un focus sur l’anxiété et la dépression. Clinical Cosmetic Investigation 2018 ; 11 : 103-107.
- Oge LK, et al : Rosacea : Diagnostic et traitement. American Family Physician 2015 ; 92 : 187-196.
- Powell FC : Rosacea and the pilosebaceous follicle. Cutis 2004 ; 74 : 9-12.
- Spoendlin J, et al : A study on the epidemiology of rosacea in the UK. Br J Dermatol 2021 ; 167 : 598-605.
- Huynh TT : Le fardeau de la maladie : l’impact psychosocial de la rosacée sur la qualité de vie d’un patient. Am Health Drug Benefits 2013 ; 6 : 348-354.
- Al Abadie M, Asharaff F, Al Abadie D : Impact psychosocial de la rosacée sur les femmes. J Dermatol Res Ther 2019 ; 5 : 074. doi.org/10.23937/2469-5750/1510074.
DERMATOLOGIE PRATIQUE 2022 ; 32(2) : 35