Le nombre de personnes atteintes de SEP en Suisse est en augmentation. Les enquêtes actuelles dressent un tableau alarmant. Un traitement efficace, adapté à la situation de vie et à l’évolution de la maladie du patient, est d’autant plus important. L’objectif devrait être de maintenir une participation à la vie sociale aussi longue que possible.
Jusqu’à présent, on estimait qu’environ 10 000 personnes en Suisse étaient atteintes de sclérose en plaques (SEP). Une enquête récente du registre de la SEP a dû réviser cette hypothèse : au moins 15 000 personnes souffrent de cette maladie et la tendance est à la hausse [1]. Le rapport entre les sexes se déplace également encore plus vers les femmes. De nouvelles projections indiquent que 73% des femmes sont touchées. On peut douter que cette évolution soit uniquement due à la croissance démographique et à l’augmentation de l’espérance de vie. Les mécanismes d’apparition de la maladie sont toujours en cours de décryptage. Les premiers résultats indiquent une prédisposition génétique et une influence considérable des facteurs environnementaux. La recherche actuelle se concentre notamment sur la neurodégénérescence [2,3]. Elle est en grande partie responsable du développement de handicaps, car elle entraîne une transsection axonale ainsi qu’une perte de neurones. Une neurodégénérescence croissante, qui commence très probablement plus tôt qu’on ne le pensait jusqu’à présent, semble être une cause essentielle de la progression de la maladie. La recherche de biomarqueurs, tels que la protéine Neurofilament light, qui détecte les lésions axonales ou neuronales en général et peut être utilisée pour mieux évaluer le pronostic de chaque patient, sont les premiers pas prometteurs vers une thérapie personnalisée [4].
Cliniquement, on peut distinguer les formes rémittentes des formes progressives primaires et secondaires. Outre les symptômes neurologiques, de nombreux patients souffrent de déficits cognitifs, de fatigue et de dépression manifeste. Comme la SEP se manifeste sous différentes formes et facettes, la gestion du traitement doit être complète, compétente et adaptée à chaque patient.
Le modèle des piliers comme base thérapeutique
Plus la thérapie peut être initiée tôt, mieux c’est. Plusieurs options de traitement efficaces sont désormais disponibles et permettent souvent de ralentir considérablement la progression de la maladie. En principe, le traitement doit être basé sur quatre piliers (tab. 1). L’objectif du traitement est de réduire l’ampleur des réactions inflammatoires, de stabiliser les limitations fonctionnelles ainsi que d’améliorer les symptômes associés. L’objectif est d’atteindre le statut NEDA (No Evidence of Disease Activity) 3, c’est-à-dire l’absence de nouvelles lésions IRM, de poussées de la maladie et de progression du handicap.
Ces dernières années, plusieurs régimes de traitement ont été développés pour différentes évolutions de la maladie (tab. 2). Les préparations peuvent être classées en quatre groupes en fonction de leur mécanisme d’action :
- Inhibition de la prolifération : azathioprine, cladribine, mitoxantrone, tériflunomide
- Immunomodulation : fumarate de dimenthyl, acétate de glatiramère, iterferon-β, iterferon-β pégylé, teriflunomide
- Inhibition de la migration : Fingolimod, Natalizumab
- Déplétion : alemtuzumab, rituximab/ocrelizumab
Dans les formes modérées, le traitement de base de la forme rémittente est l’interféron-β (IFN-β), l’acétate de glatiramère, les immunoglobulines et l’azathioprine. Ces préparations immunomodulatrices inhibent les processus nocifs et favorisent les processus protecteurs du système immunitaire. Chez les patients dont l’évolution est (très) active (c’est-à-dire de nombreux épisodes de poussée graves en peu de temps et/ou une IRM (très) active) ou qui ne répondent pas suffisamment aux immunothérapies de base, des médicaments de l’escalade thérapeutique sont utilisés. Il s’agit par exemple de traitements oraux de courte durée, tels que les comprimés de cladribine, qui ciblent sélectivement et périodiquement les lymphocytes dans les cas de SEP rémittente. La diminution du nombre de lymphocytes devrait permettre de réduire la fréquence des poussées. Une autre possibilité consiste à bloquer le récepteur de la sphingosine-1-phosphate avec le fingolimod, ce qui permet de retenir les cellules immunitaires dans les ganglions lymphatiques. Des traitements mensuels par perfusion de natalizumab, un anticorps monoclonal, empêchent également les cellules immunitaires de migrer vers les sites d’inflammation du SNC [6–8].
Littérature :
- www.multiplesklerose.ch/das-schweizer-ms-register/
- Ziemssen T, Derfuss T, de Stefano N, et al : Optimiser le succès du traitement dans la sclérose en plaques. J Neurol 2016 ; 263 : 1053-1065
- De Stefano N, Airas L, Grigoriadis N, et al : Pertinence clinique des mesures de volume cérébral dans la sclérose en plaques. CNS Drugs 2014 ; 28 : 147-156
- Barro C, Benkert P, Disanto G, et al : Le neurofilament sérique comme prédicteur de l’aggravation de la maladie et de l’atrophie du cerveau et de la moelle épinière dans la sclérose en plaques. Brain 2018 ; 141(8) : 2382-2391
- www.multiple-sklerose.com/medikamente-zur-behandlung/
- www.neurologen-und-psychiater-im-netz.org/neurologie/erkrankungen/multiple-sklerose-ms/therapie
- www.mpg.de/411133/forschungsSchwerpunkt
- DGN/KKNMS : lignes directrices pour le diagnostic et le traitement de la sclérose en plaques
InFo NEUROLOGIE & PSYCHIATRIE 2020 ; 18(1) : 22-23