La recherche sur le traitement des maladies rénales chroniques a longtemps stagné. Nous avons maintenant des nouvelles encourageantes. Les inhibiteurs de SGLT2 et le GLP-1 sont porteurs d’espoirs prometteurs, comme le montrent des résultats récents.
La maladie rénale chronique est une complication grave du diabète de type 2 et est associée à un risque accru d’insuffisance rénale terminale et à une réduction de l’espérance de vie de plusieurs années. Le fait que les inhibiteurs du SGLT2, l’empagliflozine, la canagliflozine et la dapagliflozine, ainsi que les agonistes du GLP1, le liraglutide et le semaglutide, réduisent le risque de MACE (Major Adverse Cardiac Event) a été démontré et répliqué à plusieurs reprises [1,2]. En outre, les inhibiteurs de SGLT2 réduisent les critères d’évaluation rénaux sévères (doublement de la créatinine, diminution de 40% de l’eGFR, insuffisance rénale terminale, mortalité rénale) de 40 à 50%, comme le montre les données de plusieurs études sur les critères d’évaluation cardiovasculaires (EMPA-REG, CANVAS, DECLARE), explique le PD Dr Harald Seeger de l’Hôpital universitaire de Zurich [3]. On observe une tendance à l’augmentation de la prévalence du diabète de type 2 et de l’insuffisance rénale chronique (IRC) dans le monde [4,5]. Selon des données américaines, environ 30 à 50% des cas d’IRC sont causés par le diabète et environ 50% des diabétiques développent une IRC malgré le traitement [6–8]. La mortalité et le risque de complications cardiovasculaires dépendent du degré d’insuffisance rénale et d’albuminurie. Ainsi, le risque de mortalité cardiovasculaire est d’autant plus élevé que le TFGe est mauvais et que l’albimunirie est élevée [9]. “En ce qui concerne la prophylaxie des complications cardiovasculaires, beaucoup de choses ont été faites au cours des 20 dernières années”, a déclaré l’orateur [3]. Il n’en va pas de même pour les mesures de prévention de la progression de l’insuffisance rénale chez les patients diabétiques, pour lesquels seuls les inhibiteurs de l’ECA et les agonistes des récepteurs de l’angiotensine étaient disponibles jusqu’à récemment. Toutefois, des progrès ont été réalisés récemment dans ce domaine, avec l’autorisation de mise sur le marché des antidiabétiques oraux appartenant aux classes des inhibiteurs de SGLT2 et des agonistes de GLP1.
Réduction élevée du risque d’événements rénaux
Le traitement des patients atteints de diabète de type 2 et d’IRC repose sur deux piliers [3] : 1) Protection néphro et cardiovasculaire, 2) Contrôle de la glycémie [12,13] (Aperçu 1 et 2). Dans l’étude randomisée en double aveugle CREDENCE [10] a démontré que la canaglifozine, un inhibiteur du SGLT2, permettait d’atteindre le critère d’évaluation rénale primaire chez les patients atteints de néphropathie diabétique (eGFR=30-90 ml/min/1,73 m2; albimunirie 300-5000 mg/g) réduite de 30% par rapport au placebo (critère combiné : insuffisance rénale terminale=ESKD, doublement de la créatinine, mortalité rénale ou cardiovasculaire) (HR 0,70 ; IC 95% 0,59-0,82 ; p=0,00001) [11]. Les critères rénaux durs chez les patients atteints de néphropathie diabétique ont été réduits de 30% en 2,6 ans [11]. Il s’est avéré que l’effet stabilisateur de la canaglifozine, un inhibiteur du co-transporteur du glucose sodique 2 (SGLT2), sur l’eGFR dans l’IRC était indépendant de la réduction de l’HbA1c [11]. Il s’agit de la première substance depuis les inhibiteurs de l’ECA et les agonistes des récepteurs de l’angiotensine à réduire le risque de progression de l’insuffisance rénale chronique (IRC). De plus, le traitement par canagliflozine entraîne une réduction de 31% des critères cardiovasculaires (mortalité cardiovasculaire, hospitalisation pour insuffisance cardiaque) (HR 0,69 ; IC 95% 0,57-0,83 ; p<0,001) [11]. De plus, la canagliflozine permet de stabiliser l’eGFR dans l’IRC, indépendamment de la réduction de l’HbA1c [11]. Les points suivants doivent être pris en compte pour un traitement réussi avec les inhibiteurs du SGLT [3] : Dans les études correspondantes, la canagliflozine et l’empagliflozine ont été utilisées chez des patients dont le DFGe se situait dans la fourchette 30-90 ml/min. La dapaglifozine n’est pas autorisée en cas de DFGe <60 ml/min. Le patient doit être informé que le traitement par les inhibiteurs de SGLT2 doit être interrompu en cas de maladie aiguë (infection, diarrhée/vomissements). Il en va de même pour le jeûne (par exemple avant une opération) en raison d’un risque accru d’acidocétose. Si des mycoses génitales se développent, un traitement topique est recommandé. Si des diurétiques de l’anse sont prescrits parallèlement au traitement par les inhibiteurs du SGLT2, il convient de réduire la dose de moitié avant de commencer le traitement par les inhibiteurs du SGLT-2.
Source : FOMF Zurich
Littérature :
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