L’étude de phase III DAPA-CKD s’achèvera plus tôt que prévu en raison d’une efficacité prouvée chez les patients souffrant d’insuffisance rénale chronique. La dapagliflozine est le premier inhibiteur de SGLT2 à montrer un avantage significatif en cas d’insuffisance rénale chronique dans une étude menée chez des patients atteints ou non de diabète de type 2.
Il s’agit d’une nouvelle étape importante dans le domaine de la néphroprotection. Le professeur Thomas Fehr, médecin-chef et directeur du département de médecine interne de l’hôpital cantonal des Grisons, a commenté ce bilan positif comme suit : “Ces dernières années, les inhibiteurs du SGLT-2 ont permis des progrès significatifs dans la néphroprotection des patients atteints de néphropathie diabétique. Avec l’arrêt prématuré de l’étude DAPA-CKD en raison d’un ensemble de données positives, il semble que le même constat pourrait s’appliquer aux patients atteints d’insuffisance rénale chronique non diabétique d’une autre origine (hors ADPKD). Ainsi, plus de 20 ans après l’introduction du blocage du SRA, une nouvelle option thérapeutique pourrait s’ouvrir aux néphrologues pour ces patients”.
DAPA-CKD fait partie d’un vaste programme d’études
La dapagliflozine (Forxiga®), un inhibiteur du SGLT2 (sodium-glucose-co-transporteur-2) administré une fois par jour par voie orale, fait l’objet d’un vaste programme d’études cliniques comprenant plus de 35 études de phase IIb/III achevées et en cours, portant sur plus de 35 000 patients [1]. Après avoir constaté un bénéfice cardiovasculaire et néphroprotecteur supplémentaire des inhibiteurs de SGLT2 dans des études menées chez des patients diabétiques, des études ont été lancées dans d’autres populations de patients. Il s’est avéré que les patients non diabétiques pouvaient également bénéficier des avantages pour le cœur et les reins [1,2]. L’étude de phase III DAPA-CKD (“Dapagliflozin And Prevention of Adverse outcomes in Chronic Kidney Disease”) est une étude internationale multicentrique, randomisée, en double aveugle, portant sur 4245 patients et visant à évaluer l’efficacité de la dapagliflozine 10 mg par rapport à un placebo chez des patients atteints d’une MRC de stade 2 à 4 avec une excrétion d’albumine élevée et avec ou sans T2D. La dapagliflozine est administrée une fois par jour en complément du traitement standard. Le critère d’évaluation combiné principal est la détérioration de la fonction rénale (diminution du DFGe ≥50%, survenue d’une INT et d’un décès CV ou rénal) chez les patients atteints d’IRC, indépendamment de la présence d’un diabète de type 2 (DT2) [3]. La décision de mettre fin prématurément à l’étude a été prise après une évaluation de routine de l’efficacité et de la sécurité par un comité indépendant de surveillance des données, qui a révélé les avantages de la dapagliflozine plus tôt que prévu initialement. Les résultats complets seront présentés lors d’un prochain congrès médical et le groupe pharmaceutique AstraZeneca va maintenant entamer des discussions avec les autorités sanitaires mondiales en vue d’une approbation anticipée.
Avantages pour les patients souffrant d’insuffisance rénale chronique
L’insuffisance rénale chronique (IRC) est une diminution grave et progressive de la fonction rénale, diagnostiquée sur la base de mesures du DFGe et/ou de marqueurs de l’atteinte rénale sur une période de trois mois [4]. Les causes les plus fréquentes de l’IRC sont le diabète, l’hypertension et la glomérulonéphrite [5]. L’IRC est associée à une morbidité considérable et à un risque accru d’événements CV tels que l’insuffisance cardiaque (IC) et le décès prématuré [6,7]. Dans sa forme la plus grave, l’insuffisance rénale terminale, les lésions rénales et la détérioration de la fonction rénale ont progressé jusqu’à un stade où la dialyse ou la transplantation rénale sont nécessaires [8]. La plupart des patients atteints d’IRC meurent de causes cardiovasculaires avant d’atteindre le stade de l’IRT [9]. “Pour les patients souffrant d’insuffisance rénale chronique, en particulier ceux qui ne souffrent pas de diabète de type 2, les options de traitement sont limitées. Nous sommes ravis que le comité de surveillance des données ait attesté d’un avantage pour les patients”, a déclaré Mene Pangalos, vice-président exécutif de la R&D de BioPharmaceuticals.
Source : Astra Zeneca
Littérature :
- Swissmedic : Information professionnelle Forxiga®, www.swissmedicinfo.ch
- Wiviott SD, et al : Dapagliflozin and Cardiovascular Outcomes in Type 2 Diabetes. N Engl J Med 2019 ; 380(4) : 347-357.
- Heerspink HJL, et al : Raison d’être et protocole de l’essai contrôlé randomisé Dapagliflozin And Prevention of Adverse outcomes in Chronic Kidney Disease (DAPA-CKD). Néphrologie Dialysis Transplantation 2020 ; 35 (2) : 274-282.
- Mallappallil M, et al. Maladie rénale chronique chez les personnes âgées : évaluation et prise en charge. Clinical Practice (Londres) 2014 ; 11(5) : 525-535.
- National Kidney Foundation. Maladie du rein : Causes, 2017 ; www.kidney.org
- Bikbov B, et al : Global, Regional, and National Burden of Chronic Kidney Disease, 1990-2017 : a Systematic Analysis for the Global Burden of Disease Study 2017. Lancet 2020 ; 395(10225) : 709-733.
- Segall L, et al : Heart failure in patients with chronic kidney disease : A systematic in-tegrative review. Biomed Res Int 2014 ; 2014 : 937398. doi : 10.1155/2014/937398.
- Centres de contrôle et de prévention des maladies (CDC) : Chronic Kidney Disease in the United States, 2019 ; www.cdc.gov
- Thompson S, et al : Cause de la mort chez les patients ayant une fonction rénale réduite. Journal of the American Society of Nephrology 2015 ; 26 (10) : 2504-2511.
PRATIQUE DU MÉDECIN DE FAMILLE 2020 ; 15(5) : 35