La question de savoir quels mécanismes contribuent à la chronicité du prurigo nodulaire chronique fait l’objet de recherches actuelles. On espère que l’étude des processus moléculaires apportera de nouvelles informations. Dans un projet présenté lors du congrès de l’ADF de cette année, les modèles de méthylation de l’ADN de la peau prurigineuse lésionnelle et non lésionnelle de patients atteints de prurigo ont été analysés et comparés à un groupe de contrôle à la peau saine.
Le prurigo nodulaire est défini par la présence de nombreux nodules hyperkératosiques ou érosifs, répartis de manière symétrique, en particulier dans les régions facilement accessibles pour le grattage. Le symptôme prédominant est une forte démangeaison [1]. En cas de prurit persistant, parfois accompagné de lésions de grattage secondaires, on parle de prurigo nodulaire chronique. On ne sait pas encore si le grattage en soi est responsable du développement et du maintien de la chronicité en induisant le cycle démangeaison-grattage, ou si d’autres mécanismes sont impliqués [2].
Analyse des mécanismes épigénétiques
Pour en savoir plus, une équipe de chercheurs de l’hôpital universitaire de Münster a analysé les profils de méthylation de l’ADN de cinq patients atteints de prurigo nodulaire chronique (PNC) et les a comparés à ceux d’un groupe témoin à la peau saine [2]. Les profils de méthylation de l’ADN permettent d’identifier les différences entre l’ADN des tissus malades et celui des tissus sains. La méthylation de l’ADN est une modification relativement stable de l’épigénome.
L’un des objectifs de cette étude était de trouver des biomarqueurs basés sur la méthylation de l’ADN, qui permettraient de tirer des conclusions sur les mécanismes sous-jacents à la chronicité du prurit. Pour ce faire, des biopsies de peau lésionnelle prurigineuse (PL) et de peau non lésionnelle non prurigineuse (NPNL) de patients et de témoins sains ont été analysées à l’aide d’Illumina Infinium Methylation EPIC arrays (Diagonede, Belgium). Afin d’identifier des sous-groupes similaires dans la base de données sur la base de la méthylation différentielle de l’ADN, une analyse en cluster par distance a ensuite été effectuée, suivie d’une analyse en composantes principales (ACP).
Des différences dans la méthylation de l’ADN ont été mises en évidence
Les résultats montrent qu’il est possible de différencier les biopsies prurigineuses lésionnelles (PL) des biopsies non prurigineuses non lésionnelles (NPNL) et des contrôles de peau saine (HC) grâce au clustering à distance et à l’ACP [2]. Les chercheurs ont trouvé un nombre significatif de positions méthylées différentielles (DMP) entre PL et NPNL (n=28879) et entre PL et HC (n=24994). Cela illustre les différences de méthylation de l’ADN supposées par les chercheurs. En revanche, la comparaison entre NPNL et HC n’a révélé aucune position méthylée différentielle (DMP) ou région (DMR) (tableau 1) .
En résumé, la présente étude a permis d’identifier des clusters caractéristiques de la méthylation de l’ADN en fonction de l’état des lésions dans le CNPG. D’autres analyses concernant les corrélations avec les profils d’expression des gènes sont actuellement en cours et peuvent contribuer à une compréhension plus approfondie des mécanismes qui mènent à la chronicité du prurit.
Congrès : Groupe de travail sur la recherche dermatologique
Littérature :
- Mettang T, Vonend A, Raap U : Prurigo nodulaire dans les dermatoses et les maladies systémiques. Dermatologue 2014 ; 65(8) : 697-703.
- Agelopoulos K, et al : Pruritic lesional skin in chronic nodular prurigo exhibits specific DNA methylation signatures, P188, ADF Annual Meeting, 23-26.2.2022.
- Manjrekar J. Héritage épigénétique, prions et évolution. J Genet 2017 ; 96(3) : 445-456.
- “Le succès de la recherche sur le prurit chronique se poursuit : Le groupe de recherche de la DFG entre dans sa deuxième phase de financement”, Universitätsklinikum Münster, 30.09.2021
- Wieser JK, Mercurio MG, Somers K : Résolution du prurigo nodulaire réfractaire au traitement par le dupilumab : une série de cas Cureus 2020 ; 12(6) : e8737.
DERMATOLOGIE PRAXIS 2022 ; 32(2) : 24 (publié le 20.4.22, ahead of print)