Une évaluation médico-sportive complète du rôle du sexe dans la performance sportive comprend également l’influence de l’activité sportive sur différentes fonctions corporelles féminines, telles que le cycle menstruel. Il convient également de tenir compte des habitudes alimentaires adaptées aux différents sports et de leur impact sur l’état de santé.
Vous trouverez la première partie de cet article dans le numéro 9 de HAUSARZT PRAXIS.
Cycle féminin et sport
Les menstruations montrent quelques liens pertinents avec l’activité sportive. Ainsi, chez les jeunes sportives, les premiers saignements (ménarche) peuvent être retardés si (exercices physiques excessifs) fait chuter le taux de graisse corporelle <17% [2]. L’absence de règles (aménorrhée) concerne souvent les sportives dont le sport exige une silhouette mince, c’est-à-dire une réduction de la graisse corporelle. La littérature disponible fait état de pourcentages très divers pour ce phénomène, allant de 1 à 44% de sportives concernées [1]. Lorsque l’on considère l’influence des menstruations et du sport, on peut se demander quelle est la phase du cycle où les performances sportives sont les plus élevées. L’optimum de performance semble se situer dans la phase post-menstruelle pour la plupart des athlètes féminines. L’explication pourrait être l’augmentation du taux d’œstrogènes à ce stade. En revanche, la phase prémenstruelle est considérée comme défavorable à la performance. Pendant les menstruations elles-mêmes, la majorité des femmes décrivent des capacités constantes ou même meilleures [2]. Dans le monde du sport, on sait que les meilleures performances ont été réalisées pendant toutes les phases du cycle menstruel, ce qui signifierait que le cycle menstruel n’a pas d’influence sur la performance, du moins chez les sportives de haut niveau.
Actuellement, on parle de plus en plus de ce que l’on appelle le cycle long. Il s’agit de prendre des préparations hormonales (pilule contraceptive) de manière à ce que le cycle soit prolongé sans saignement d’interruption entre-temps. Par exemple, la sportive a la possibilité d’influencer la compétition, y compris sur le plan hormonal, et d’éviter les troubles menstruels qui peuvent survenir. Généralement, trois à quatre cycles sont effectués avant d’autoriser l’interruption de l’hémorragie. Il n’existe pas encore de résultats à long terme sur cette procédure, de sorte que l’influence sur la fertilité ou l’effet à long terme sur le métabolisme osseux ne peuvent pas encore être évalués.
En vue d’une compétition importante, il est parfois souhaitable de retarder les règles. Il convient d’être prudent dans cette démarche et l’administration d’hormones sexuelles à cette fin doit rester exceptionnelle. Chez les athlètes plus jeunes, il convient de mentionner la possibilité d’une fermeture prématurée du joint épiphysaire [1].
Les anticonceptifs ne figurent pas sur la liste des produits dopants. Il est toutefois possible d’y trouver quelques médicaments spécifiques aux femmes. Il est donc recommandé aux sportives de haut niveau, comme à tous les autres patients, d’être vigilantes quant aux prescriptions médicales. La nécessité de prescrire des médicaments est peut-être aussi réduite par le simple fait que les femmes qui font régulièrement du sport ont globalement moins de troubles liés au cycle.
Équilibre en fer
L’équilibre en fer de la femme est lié à la menstruation. Le fer est un oligo-élément important pour l’organisme. Il est nécessaire à différentes fonctions de l’organisme, principalement au transport de l’oxygène grâce à sa fixation dans le pigment rouge du sang, l’hémoglobine. Les sportives sont davantage exposées en raison de l’augmentation de la perte de fer au cours des menstruations, mais aussi de la consommation de fer pendant l’effort physique, notamment par la sécrétion de sueur. Ils ont un volume sanguin plus élevé, avec des besoins en fer accrus en conséquence, et leur alimentation est souvent déficiente. Il est donc judicieux de veiller à une alimentation équilibrée, même si elle ne permet d’absorber que 10% du fer contenu dans les aliments. En outre, des mesures régulières du taux de ferritine sérique sont indiquées chez les sportives, notamment en cas d’apparition d’un ou de plusieurs symptômes suspects de carence en fer, mais aussi dans le cadre des examens médicaux réguliers recommandés par les médecins du sport. Il existe aujourd’hui nouvelles valeurs limites : Ferritine sérique >50 ng/ml (doctrine jusqu’à présent >20 ng/ml pour les femmes en âge de menstruation), la valeur optimale pour les deux sexes est d’environ 100-200 ng/ml [2].
Comportement alimentaire et sport
Le risque de carences nutritionnelles chez certaines athlètes féminines a été évoqué. Un terme fréquemment utilisé dans le domaine de la santé des femmes et du sport est la triade athlétique féminine, un complexe de maladies chez les femmes comprenant des troubles alimentaires, un cycle menstruel perturbé (oligo-/aménorrhée) et une qualité osseuse réduite (ostéopénie/ostéoporose). Les différents composants peuvent également apparaître de manière isolée, mais ils se conditionnent et s’influencent souvent mutuellement. Curieusement, ce tableau clinique – qui semble désormais se produire également chez les athlètes – est abrégé en FAT (graisse !). Les performances physiques élevées et les besoins caloriques correspondants, d’une part, et la recherche d’un physique idéal, d’autre part, en particulier dans les sports esthétiques tels que la gymnastique, la danse classique, etc., entraînent des carences alimentaires qui sont souvent associées à des troubles du cycle menstruel. Ces deux éléments ont à leur tour un impact négatif sur le métabolisme osseux, la masse osseuse diminue et devient de moindre qualité, ce qui augmente le risque de fractures de stress et d’autres blessures. L’essentiel est d’identifier le problème. Ainsi, chaque patiente souffrant d’une fracture de fatigue devrait faire l’objet d’un interrogatoire ciblé sur les irrégularités menstruelles et les habitudes alimentaires. Si une triade d’athlètes féminines est identifiée, une stratégie de traitement multidisciplinaire doit être adoptée afin de pouvoir répondre aux différents aspects.
Différences entre les sexes
On connaît encore d’autres différences liées au sexe au niveau d’autres systèmes d’organes, comme par exemple le système cardiovasculaire, le système respiratoire ou dans le cadre du métabolisme global et de la thermorégulation. Nous ne reviendrons pas sur les différences mentionnées dans ce cadre, mais ces différences morphologiques, structurelles et fonctionnelles ont logiquement une influence directe sur les principales formes de sollicitation motrice, les facteurs de condition. En raison de paramètres de performance cardiopulmonaire plus faibles, la femme dispose d’une capacité d’endurance inférieure à celle de l’homme en valeur absolue. Dans toutes les formes de force (force maximale, force rapide, endurance de force), les femmes sont nettement inférieures aux hommes, principalement en raison de leur masse musculaire plus faible. La vitesse de la femme est globalement inférieure à celle de l’homme en raison de la composante de force nécessaire, mais la capacité psychomotrice, également indispensable à la vitesse, est identique. En raison des caractéristiques tissulaires différentes des ligaments, des tendons et des muscles, les femmes sont généralement plus mobiles que les hommes. Enfin, la dextérité et l’agilité, c’est-à-dire les qualités de coordination de la femme, sont équivalentes à celles de l’homme lorsqu’une force considérable n’est pas nécessaire.
Conclusion
L’homme et la femme diffèrent donc sur différents aspects biologiques, ce qui ne signifie en aucune manière une supériorité ou une infériorité de l’un par rapport à l’autre sexe, mais plutôt l’expression de tâches biologiques différentes pour la préservation de l’espèce. Au cours de l’histoire du sport, ces différences ont été exploitées par des hommes en position de pouvoir sur la base d’arguments sociaux, moraux et pseudo-biologiques généralement discutables – pour “protéger” la femme. Cependant, avec l’évolution du rôle social des deux sexes au sein de la société, la situation s’est largement détendue et le nombre de femmes pratiquant un sport a augmenté rapidement au cours des dernières décennies. Les caractéristiques biologiques décrites (et d’autres) de la femme dans le sport nécessitent d’être prises en compte dans la médecine du sport.
Littérature :
- Weineck J. : Biologie du sport. Éditions Spitta 2004
- Schaub BS : Le syndrome de carence en fer, diagnostic et traitement. Ars Medici 1/2006 : 1-5.
PRATIQUE DU MÉDECIN DE FAMILLE 2017 ; 12(10) : 4-6