La rétinopathie diabétique peut être diagnostiquée à un stade précoce grâce à une endoscopie du fond d’œil et à d’autres méthodes de diagnostic. Il existe aujourd’hui des traitements innovants qui peuvent freiner la progression de la maladie. Les diabétiques doivent subir des examens ophtalmologiques à intervalles réguliers. En effet, pour de nombreuses personnes atteintes, la détérioration de la vision ne devient perceptible qu’à un stade avancé.
La rétinopathie diabétique est une complication microvasculaire progressive et fréquente du diabète sucré. Selon les études, une personne diabétique sur quatre ou cinq développe une rétinopathie diabétique. Les facteurs de risque incluent la durée du diabète, le contrôle de la glycémie (HbA1c) et l’hypertension artérielle. La perte de vision due aux complications rétiniennes du diabète se développe généralement de manière progressive et n’est pas associée à la douleur, à l’exception de l’hémorragie du vitré. Si elle n’est pas traitée, la rétinopathie diabétique peut aller jusqu’à la cécité. “Le dépistage est très très important”, a souligné le Dr Felix Rombold, ophtalmologue à la clinique ophtalmologique d’Augsbourg [1].
Angiographie par fluorescence et tomographie par cohérence optique (OCT)
Des examens ophtalmologiques réguliers (tableau 1) permettent de détecter des modifications morphologiques avant même qu’une atteinte fonctionnelle ne survienne, afin de mettre en place des mesures thérapeutiques à temps. Alors que les diabétiques de type 1 présentent souvent des ischémies, mais pas de baisse de l’acuité visuelle, c’est l’œdème maculaire qui est au premier plan chez les diabétiques de type 2. Parmi les manifestations cliniques, on distingue la rétinopathie diabétique non proliférative (RNP) de la rétinopathie diabétique proliférative (RDP). L’étendue de l’atteinte rétinienne peut être évaluée à l’aide de l’échelle de sévérité de la rétinopathie diabétique (“Diabetic retinopathy severity scale”, DRSS) et de l’ETDRS-DRSS (“Early Treatment Diabetic Retinopathy Study-DRSS”) [2,3]. “En cas de suspicion d’ischémie périphérique ou de néovascularisation, nous faisons un diagnostic avancé avec des angiographies en fluorescence”, a expliqué le Dr Rombold [1]. L’angiographie par fluorescence permet de détecter les modifications vasculaires dues au diabète, telles que les micro-anévrismes et les troubles de la microperfusion, ainsi que les fuites vasculaires. La tomographie par cohérence optique (OCT) permet une analyse précise de l’œdème rétinien. En outre, les applications d’intelligence artificielle prennent de plus en plus d’importance, en particulier dans les régions où la densité d’ophtalmologues est faible. À partir de photos du fond d’œil, un algorithme identifie les structures anatomiques pertinentes telles que la macula, le nerf optique ou les vaisseaux sanguins et examine l’ensemble de l’image pour détecter les modifications pathologiques liées au diabète, telles que les micro-anévrismes.

Application chirurgicale intravitréenne de médicaments
Pour préserver la vision, il est essentiel de contrôler au mieux la glycémie et de traiter la maladie sous-jacente. Parmi les thérapies ciblées actuellement disponibles, l’application chirurgicale intravitréenne de médicaments (IVOM) permet actuellement d’obtenir de meilleurs résultats visuels que la thérapie au laser [1].
Œdème maculaire diabétique : traitement anti-VEGF
Les anticorps anti-VEGF actuellement autorisés en Suisse dans le domaine de l’œdème maculaire diabétique et injectés dans le corps vitré par IVOM sont l’aflibercept (Eylea®), et le ranibizumab (Lucentis®) [4]. Le bevacizumab (Avastin®) ne peut être utilisé que “hors étiquette” [4]. Ces médicaments permettent d’obtenir une belle augmentation de l’acuité visuelle, a rapporté le conférencier. Il a ajouté qu’il fallait administrer les substances actives toutes les quatre semaines au cours du premier semestre, ce qui suppose une certaine adhésion du patient. En cas d’hémorragie vitréenne persistante ou d’amotio de traction, une vitrectomie est indiquée. Il s’agit d’enlever le corps vitré, de détacher les membranes de traction existantes de la rétine et de traiter la rétine par coagulation endolaser afin d’éviter d’autres hémorragies et proliférations. Ensuite, le corps vitré est remplacé par un mélange d’air et de gaz ou par de l’huile de silicone.
Congrès : la diabétologie sans frontières
Littérature :
- “Diabetic retinopathy : retinopath screening using Artificial Intelligence & ophthalmological quality control”, Dr. med. Felix Rombold, Diabetology grenzenlos, 03.02.2022.
- Davis MD, et al. : Risk factors for high risk proliferative diabetic retinopathy and severe visual loss : early treatment diabetic retinopathy study report #18. Invest Ophthal mol Vis Sci 1998 ; 39(2) : 233-252.
- Groupe d’étude sur le traitement précoce de la rétinopathie diabétique. Grading diabetic retinopathy from stereoscopic color fundus photographs – an extension of the modified Airlie House classifications. Rapport ETDRS numéro 10, Ophtalmologie. 1991 ; 98(5 suppl):786-806. doi:10.1016/S0161-6420(13)38012-9
- Information sur les médicaments, www.swissmedicinfo.ch,(dernière consultation 07.02.2023)
HAUSARZT PRAXIS 2023 ; 18(2) : 34 (publié le 22.2.23, ahead of print)