Le cancer du pancréas a un taux de mortalité très élevé. En Suisse, 1172 personnes en sont atteintes chaque année et 1080 en meurent. Lors du point presse de Shire, un aperçu complet de la maladie a été présenté, ainsi que les options thérapeutiques actuelles, y compris la nouvelle autorisation d’Onivyde en Suisse, et une personne atteinte de la maladie a parlé de son histoire émouvante.
“En décembre de cette année, cela fera cinq ans que j’ai reçu le diagnostic de cancer … un très mauvais moment … le pire jour de ma vie”, des mots émouvants par lesquels une jeune femme introduit l’histoire de son cancer du pancréas. Elle avait 35 ans au moment du diagnostic. Le nombre de patients plus jeunes augmente pour des raisons inexpliquées, constate également le professeur Markus Borner, ONCOCARE, Hôpital Engeried du groupe Lindenhof à Berne. Il n’y aurait guère de facteurs de risque causaux pour le cancer du pancréas. On peut citer par exemple le tabagisme, la consommation excessive d’alcool, l’âge croissant, les contraintes familiales. Aucun d’entre eux n’était présent chez la jeune patiente. Les symptômes typiques de cette maladie, qui ne se manifestent généralement que par une progression locale ou des métastases, étaient également absents. Mais ce sont souvent les douleurs abdominales, la perte de poids, la jaunisse, les selles grasses ou le diabète qui sont des symptômes non spécifiques du cancer. Lorsque le diagnostic est posé, 80% des patients sont déjà au stade inopérable [3]. Dans 10 à 20% des cas, il existe une approche thérapeutique curative avec la résection chirurgicale, qui peut faire passer la survie à 5 ans de 5 à 10% [4]. Pour les 80% restants (et en partie comme traitement adjuvant), une chimiothérapie contenant de la gemcitabine est jusqu’à présent disponible comme traitement de première ligne. En raison des quantités résiduelles de cellules tumorales microscopiques, il y a malgré tout une forte proportion de progression locale et de métastases [4].
Nouvel agrément Onivyde
Depuis juillet 2017, les patients adultes atteints d’un adénocarcinome pancréatique métastatique et dont la maladie a progressé après un traitement de première ligne à base de gemcitabine disposent en Suisse d’une option thérapeutique, Onivyde, qui peut améliorer de manière significative la survie globale dans cette situation. L’autorisation de Swissmedic était basée sur l’étude NAPOLI-1, une étude mondiale de phase III en libre accès qui a comparé la prise d’irinotécan liposomal (nal-IRI, 80 mg/m2) associée au 5-fluorouracile (5-FU) et à la leucovorine (LV) toutes les deux semaines à l’administration d’une monothérapie par Onivyde (120 mg/m2) toutes les trois semaines et à un groupe témoin prenant uniquement du 5-FU/LV [5]. Le traitement combiné Onivyde plus 5-FU/LV a montré une survie globale médiane de 6,1 mois contre 4,2 mois (p=0,012) par rapport au traitement par 5-FU/LV seul. Il n’y a pas eu de différence significative dans la survie globale entre la monothérapie Onivyde et le groupe témoin 5-FU/LV (4,9 vs 4,2 mois, p=0,94). La survie sans progression a été de 3,1 mois sous Onivyde plus 5-FU/LV, alors qu’elle était de 1,5 mois sous 5FU/LV seul (p=0,0001).
Selon les auteurs de l’étude, le traitement par Onivyde plus 5-FU/LV présentait un profil d’effets secondaires gérable. Des effets secondaires toxiques de grade 3 et 4 ont été observés, les plus fréquents étant la neutropénie (27%), la diarrhée (13%), la fatigue (14%) et les vomissements (11%). Au total, 11% des patients ont interrompu le traitement par Onivyde plus 5-FU/LV.
Le principe d’action d’Onivyde repose sur l’encapsulation de la substance active irinotécan avec une bicouche lipidique pégylée [6], ce qui devrait améliorer le transport et prolonger la durée d’exposition de la tumeur à la substance active. De plus, cela devrait permettre de réduire la dose nécessaire et de diminuer les effets secondaires, selon le professeur Borner.
La jeune patiente a également indiqué que les effets secondaires pouvaient être si violents que le traitement devait être brièvement interrompu pour “reprendre son souffle”. Outre le traitement médical, le soutien mutuel entre les personnes concernées, par exemple dans le cadre de groupes d’entraide, est d’autant plus important. La Ligue suisse contre le cancer peut vous mettre en contact avec des groupes d’entraide et répondre à toutes vos questions sur le sujet (www.krebsliga.ch). C’est notamment grâce à ce soutien que la jeune femme, après cinq ans et 55 à 58 cycles de chimiothérapie, sait qu’elle veut continuer à se battre et “faire exploser toutes les statistiques”.
Source : conférence de presse World Pancreatic Cancer Day 2017 à Berne, 16 novembre 2017
Littérature :
- Worlwide date. Site web du Fonds mondial de recherche sur le cancer. www.wcrf.org/int/cancer-facts-figures/worldwide-data (situation au 20.11.17).
- Agence internationale pour la recherche sur le cancer. http://eco.iarc.fr/EUCAN/Country.aspx?ISOCountryCd=756 (situation au 20.11.17).
- Hidalgo M : Cancer du pancréas. N Engl J Med 2010 ; 362(17) : 1605-1617.
- Jones OP, Melling JD, Ghaneh P : Traitement adjuvant dans le cancer du pancréas. World J Gastroenterol 2014 ; 20 : 14733-14746.
- Wang-Gillam A, et al : Nanoliposomal irinotecan with fluorouracil and folinic acid in metastatic pancreatic cancer after previous gemcitabine-based therapy (NAPOLI-1) : a global, randomised, open-label, phase 3 trial. Lancet 2016 ; 387(10018) : 545-557.
- Compendium des médicaments. https://compendium.ch/mpro/mnr/28140/html/de (situation au 20.11.17).