Dans une interview accordée à DERMATOLOGIE PRAXIS, Med. pract. Daniel Fleisch, Dermatologisches Ambulatorium Triemli, sur l’étiologie et les nombreuses possibilités de traitement des verrues. Il indique quand le traitement des verrues vulgaires est réellement indiqué et aborde les procédures de destruction des tissus, mais aussi les approches immunomodulatrices et antivirales. En dernier lieu, il évoque le problème des récidives et l’aspect rare de la verrucose généralisée.
Monsieur Fleisch, les papillomavirus humains sont déterminants dans l’étiologie, quelles mesures comportementales conseillez-vous aux patients pour éviter les infections de contact ?
Médecin praticien Viande : Auparavant, la fréquentation des lieux publics (piscines, saunas, douches collectives, etc.) était considérée comme un facteur de risque d’acquisition de verrues. Une publication récente relativise ce mode de transmission en démontrant que les membres de la famille ayant des verrues constituent le principal facteur de risque, devant les camarades d’école ayant des verrues.
Ces deux modes de transmission ont une importance bien plus grande que tous les autres facteurs environnementaux. C’est pourquoi les auteurs recommandent de se concentrer davantage sur la transmission de l’HPV par les membres de la famille ou les camarades de classe et de couvrir les verrues existantes chez les membres de la famille, par exemple.
Les verrues dues à une infection virale sont en principe autolimitées. Cependant, il existe de nombreuses possibilités de les faire disparaître : Quand une thérapie est-elle indiquée ?
Les verrues vulgaires sont une infection virale bénigne qui, en soi et en raison du taux élevé de guérison spontanée, ne nécessite pas de traitement. Un traitement est surtout indiqué lorsque les verrues entraînent des douleurs ou une limitation fonctionnelle. L’indication de traitement doit être large chez les personnes immunodéprimées.
Souvent, les personnes concernées consultent leur médecin en raison du préjudice esthétique. Ou encore, les parents viennent en consultation avec leurs enfants atteints de verrues car ils craignent une propagation de l’infection virale.
Concernant la destruction des tissus : quel type d’action physique (cryothérapie, curetage, électrocoagulation, chirurgie, laser, thérapie photodynamique) présente le meilleur niveau de preuve scientifique en l’état actuel des choses ?
Les données relatives aux mesures thérapeutiques courantes sont généralement insatisfaisantes. Il manque de bonnes études randomisées et contrôlées comparant l’efficacité de différentes méthodes de traitement.
De toutes les modalités de thérapie physique, la cryothérapie présente les meilleures preuves. Plusieurs auteurs la recommandent comme traitement de deuxième ligne, immédiatement après le traitement local le plus étudié, à savoir l’acide salicylique. Sur la base d’études, il est recommandé d’appliquer la thérapie à l’azote liquide de manière “agressive” pour être efficace. Selon un travail britannique, la thérapie photodynamique est en outre considérée comme ayant un niveau de preuve élevé. Les preuves de toutes les autres méthodes de thérapie physique sont insuffisantes. Les excisions chirurgicales doivent être systématiquement évitées, car le succès thérapeutique est souvent frustrant et la formation de cicatrices est inévitable. De même, la radiothérapie, autrefois fréquemment utilisée, est aujourd’hui considérée comme obsolète dans le traitement des verrues.
Quels sont les avantages des approches thérapeutiques immunomodulatrices ou même antivirales ?
L’utilisation de l’imiquimod, un immunomodulateur, constitue une alternative thérapeutique qui offre l’avantage d’un traitement en grande partie indolore. En tant que traitement unique, il est plutôt peu efficace, mais l’utilisation de l’imiquimod peut être utile en cas de verrues péri-unguéales, par exemple, en combinaison avec une ablation préalable au laser.
Selon la littérature, les substances antivirales telles que l’interféron ou le cidofovir sont utilisées dans des cas exceptionnels de verrues résistantes au traitement. Ces deux substances, en particulier le cidofovir, sont associées à des coûts de traitement élevés.
Y a-t-il eu des développements prometteurs dans le domaine de la destruction chimique des verrues (kératolytiques, cytostatiques, substances caustiques) au cours des dernières années ?
Il existe sur le marché de nombreux produits contre les verrues qui peuvent être appliqués par le patient lui-même. De même, les nouveaux produits contiennent souvent les mêmes ingrédients ou des ingrédients d’efficacité similaire, généralement corrosifs, qui n’ont pas d’effet exceptionnel par rapport aux topiques précédents.
Que peut-on dire sur les problèmes de récidive des différentes méthodes ?
Les récidives sont généralement très fréquentes, quel que soit le traitement utilisé. Souvent, les patients suspendent le traitement trop tôt, croyant à une guérison présumée, ce qui est souvent mal interprété comme une “résistance au traitement” et entraîne un renvoi vers le dermatologue. Les patients doivent donc être informés de la nécessité d’utiliser le traitement suffisamment longtemps, selon la devise “mieux vaut une fois de trop qu’une fois de pas assez”.
La verrucose généralisée est particulièrement éprouvante pour la personne qui en souffre. Quelles sont les formes de thérapie recommandées dans ce cas ?
Dans le passé, la verrucose généralisée était utilisée comme synonyme de l’épidermodysplasie verruciforme de Lewandowsky-Lutz. Aujourd’hui, elle est considérée comme une entité à part entière et constitue une forme de verrucose généralisée. On distingue également d’autres troubles génétiques ou immunitaires qui peuvent entraîner une infection diffuse à HPV. Les exemples incluent les patients atteints de leucémie lymphoïde chronique, les patients atteints du VIH, les receveurs de greffes, le syndrome d’hyper-IgE et le syndrome de Wiskott-Aldrich.
Pour des raisons évidentes, le traitement est difficile sur le plan thérapeutique. Compte tenu de la généralisation des verrues, les traitements topiques sont peu pratiques. Selon un récent travail de revue, les thérapies immunomodulatrices sont au premier plan. En dehors du traitement, ces patients doivent être régulièrement dépistés pour les néoplasies cutanées en raison du potentiel oncogène des types d’HPV “à haut risque” (en particulier chez les receveurs de greffes et l’épidermodysplasie verruciforme).
Entretien : Andreas Grossmann
DERMATOLOGIE PRATIQUE 2014 ; 24(3) : 38-39