Il a été démontré à plusieurs reprises que le vedolizumab administré par voie sous-cutanée dans le cadre du traitement d’entretien de la MEC présente une efficacité comparable à celle d’une administration intraveineuse. Les patients peuvent ainsi effectuer le traitement de manière autonome à domicile au moyen d’une seringue ou d’un stylo prérempli. Lors de la conférence ECCO de cette année, de nouvelles données “du monde réel” ont été présentées concernant la praticabilité et la sécurité du passage de la voie intraveineuse à la voie sous-cutanée. Le bilan a été très positif.
Le traitement par des médicaments conventionnels, tels que les aminosalicylates (5-ASA) ou les corticostéroïdes, ne donne pas les résultats escomptés chez toutes les personnes atteintes de CED. On estime qu’environ la moitié des patients atteints de la maladie de Crohn (M. Crohn) et plus d’un tiers de ceux atteints de colite ulcéreuse (C. ulcerosa) ont besoin d’un traitement intensif avancé à base d’immunosuppresseurs, de produits biologiques ou de “petites molécules” [1]. Cela concerne en particulier les cas de CED avec une atteinte étendue, une activité élevée de la maladie et une évolution réfractaire [2]. Dans le groupe des produits biologiques, outre différents inhibiteurs du TNF-α et l’anticorps anti-interleukine 12/23 ustekinumab, l’anticorps anti-integrine vedolizumab est également disponible en Suisse. Le choix du médicament biologique le plus approprié pour chaque patient doit être fait au cas par cas [1]. Le vedolizumab, un bloqueur d’intégrine, fait partie de la nouvelle génération de médicaments biologiques et est autorisé en Suisse dans la M. Crohn et la C. ulcerosa modérément à fortement actifs pour les patients chez qui un traitement par des médicaments conventionnels ou des bloqueurs du TNF-α n’a pas été efficace. Les intégrines sont des protéines qui, en tant que molécules d’adhésion, permettent la liaison entre deux cellules. L’intégrine α4β7 se trouve à la surface des lymphocytes T à mémoire qui migrent vers le tractus gastro-intestinal et participent à l’inflammation caractéristique de la maladie de Crohn et de la colite ulcéreuse. Le mécanisme d’action du vedolizumab est qu’il se lie spécifiquement à l’intégrine α4β7. Cela empêche les cellules immunitaires de la circulation sanguine de pénétrer dans les tissus intestinaux, ce qui permet de lutter contre l’inflammation. Le vedolizumab peut être administré en perfusion ou en injection sous-cutanée. Une injection sous-cutanée peut être injectée par le patient lui-même après au moins deux perfusions de vedolizumab. Le patient a ici le choix entre une seringue prête à l’emploi ou un stylo prêt à l’emploi.
Le changement de mode d’application s’avère pratique et sûr
L’approbation de la forme d’administration sous-cutanée est basée sur les études VISIBLE 1-2 (encadré) [3]. L’étude d’une équipe de recherche norvégienne, présentée cette année lors du congrès virtuel de l’European Crohn’s and Colitis Organisation (ECCO), montre que le passage de la forme intraveineuse à la forme sous-cutanée du vedolizumab a fait ses preuves en termes de praticabilité et de sécurité dans la pratique quotidienne [4]. Les patients atteints de CED traités par vedolizumab ont été identifiés sur la base de leur dossier médical. Les critères d’exclusion de l’étude comprenaient le traitement pendant la phase d’induction ainsi qu’un changement de régime de traitement prévu pour les trois mois suivants ou une intervention chirurgicale prévue pendant cette période. La dose de s.c. Le dosage du vedolizumab a été calculé sur la base de la dose i.v. actuelle et de l’intervalle entre les injections. Le traitement a été évalué au moment de la première et de la quatrième injection, ainsi qu’après trois mois. Le critère d’évaluation principal était le pourcentage de patients ayant conservé la forme s.c. à trois mois. Le pourcentage de patients qui ont conservé la forme galénique à trois mois a été calculé comme suit Les critères d’évaluation secondaires comprenaient notamment les événements indésirables, l’activité de la maladie (indice de Harvey Bradshaw et score partiel de Mayo), la protéine C-réactive (CRP) et la calprotectine fécale, ainsi que la satisfaction des patients vis-à-vis de chaque mode d’administration.
Au total, 51 patients atteints de C. ulcerosa et 57 patients atteints de M. Crohn sont passés d’une administration intraveineuse à une administration sous-cutanée de vedolizumab. Après 3 mois, 95,3% des 108 participants à l’étude ont maintenu le traitement s.c. Traitement maintenu. Aucun effet indésirable grave lié au changement de mode d’administration n’a été observé. L’intervalle moyen entre les injections était de 12 jours. La concentration plasmatique de vedolizumab après trois mois était de 44,4 mg/l (intervalle interquartile : 28,9-64,7 mg/l). Chez les patients atteints de C. ulcerosa et de M. Crohn, 92% et 72% respectivement étaient en rémission clinique au moment de la première injection, tandis que les taux correspondants à trois mois étaient de 88% (p=0,18) et 83% (p=0,11) respectivement. Aucune modification significative de la CRP et de la calprotectine fécale n’a été observée. Avant le changement, 25% des patients avaient indiqué qu’ils préféraient un traitement i.v., 28% préféraient un traitement s.c. et aucun n’avait de préférence. Les patients qui ont opté pour la voie intraveineuse ont été 28% à préférer la voie intraveineuse, 47% à ne pas s’en préoccuper. Trois mois après le changement, les taux correspondants étaient respectivement de 18%, 53% et 29% (p<0,001). Des réactions au site d’injection sont survenues chez 19 (17,6%) des patients.
Dans l’ensemble, cette étude “Real World” confirme que le passage de la forme intraveineuse à la forme sous-cutanée du vedolizumab est réalisable et sûr dans le traitement d’entretien des CED et que l’administration s.c. est une option intéressante. L’administration par voie intraveineuse est une alternative intéressante à l’administration par voie intraveineuse. Les données recueillies lors du suivi à 3 mois montrent que le changement n’a pas entraîné de modifications des taux de rémission clinique, de CRP et de calprotectine fécale. Les patients étaient généralement satisfaits du changement et préféraient la forme sous-cutanée.
Congrès : European Crohn’s and Colitis Organisation
Littérature :
- Bokemeyer B, et al. : Maladies inflammatoires chroniques de l’intestin : Conseils pour une sélection différenciée des biothérapies. Dtsch Arztebl 2021 ; 118(37) : [4] ; DOI : 10.3238. www.aerzteblatt.de/archiv/221197/
- Manthey CF, Reher D, Huber S : Qu’est-ce qui est sûr dans le traitement des maladies inflammatoires chroniques de l’intestin. Internist 2021 ; 62 : 1269-1279.
- Swissmedic : Information sur les médicaments, www.swissmedicinfo.ch, dernière consultation 18.03.2022
- Wiken T, et al. : P376 Switching from intravenous to subcutaneous vedolizumab maintenance treatment ; feasibility, safety and clinical outcome. Poster presentations : Clinical : Therapy and Observation 2022. 17th Congress of ECCO, February 16-19, 2022, Virtual.
- Edmonton Pediatric IBD Clinic, www.kidsibd.ca/ibd-treatments (dernière consultation 18.03.2022)
PRATIQUE DU MÉDECIN DE FAMILLE 2022 ; 17(4) : 24-25