Les maladies auto-immunes rares telles que la maladie du spectre de la neuromyélite optique (NMOSD) et les maladies associées aux anticorps anti-myéline-oligodendrocyte-glycoprotéine (MOGAD) ont en commun l’ignorance de la qualité de vie ainsi que les coûts socio-économiques de la maladie. Une étude multicentrique s’est penchée précisément sur ces questions et conclut qu’une gestion précoce du traitement est indiquée.
La NMOSD et la MOGAD sont des maladies auto-immunes qui, comme la sclérose en plaques (SEP), provoquent généralement des poussées d’inflammation du système nerveux central (SNC). La moelle épinière et les nerfs optiques sont souvent touchés. Les poussées de la maladie peuvent par exemple entraîner des troubles de la vision pouvant aller jusqu’à la cécité, des spasmes musculaires et des paralysies, des douleurs ainsi qu’une incontinence urinaire et fécale. Malgré un traitement intensif des poussées, des handicaps permanents peuvent survenir. Cependant, pour ces maladies rares, il manquait jusqu’à présent des études et des connaissances significatives sur les coûts socio-économiques de la maladie et la qualité de vie des personnes atteintes. Pourtant, c’est souvent sur la base de telles déclarations que sont prises les décisions de politique de santé qui ont un impact sur la qualité des soins. Cette lacune est désormais comblée. L’étude multicentrique a permis d’inclure 212 patients, un nombre très important pour une maladie rare. Cela a été possible grâce au groupe d’étude NEMOS, qui est un réseau de plus de 60 centres NMOSD en Allemagne, en Autriche et en Suisse. Grâce à ce réseau, les initiateurs de l’étude ont pu non seulement interroger les personnes atteintes et leurs familles, mais aussi accéder simultanément aux données d’autres centres et d’un registre central de patients. Des informations complètes ont été recueillies sur la consommation de ressources médicales et non médicales et sur la capacité de travail des patients. Le coût annuel moyen total de la maladie par personne s’élevait à environ 60 000 euros. Le principal facteur d’augmentation des coûts était les coûts informels des soins, c’est-à-dire les charges financières liées au fait que, par exemple, ce ne sont pas les services de soins qui prennent en charge les personnes concernées, mais leurs proches dévoués. Souvent, ils doivent pour cela réduire considérablement leur temps de travail. Les soins informels représentent 28% du coût total ! Les autres facteurs de coûts sont les coûts indirects, tels que les aménagements du domicile pour les personnes handicapées, et les médicaments, notamment les immunothérapies. Les coûts socio-économiques augmentent de manière spectaculaire avec la gravité de la maladie. Parallèlement, la qualité de vie des personnes concernées diminue. En moyenne, les patients présentaient une qualité de vie moins bonne que les personnes atteintes de SEP.
Prévenir les poussées
Les personnes atteintes de NMOSD vivent avec le risque de poussées imprévisibles de la maladie. 90% subissent une nouvelle poussée dans les cinq ans qui suivent la première. Une seule poussée de NMOSD peut entraîner des dommages importants et permanents, et chaque poussée suivante aggrave les dommages causés par la précédente. Ces dommages sont dus à la libération d’AQP4-IgG par les lymphocytes B exprimant CD19+, ce qui déclenche une escalade de la réaction auto-immune. Les médecins poursuivent deux objectifs dans le traitement de la NMOSD et de la MOGAD : D’une part, il s’agit de combattre les symptômes aigus pendant une poussée et, d’autre part, d’éviter de nouvelles poussées. Alors que le traitement des poussées fait appel à de fortes doses de cortisone et à des techniques d’épuration du sang, le traitement permanent à long terme fait appel à des immunothérapies. Pendant la période de l’étude, de 2017 à 2019, il s’agissait de thérapies hors étiquette non encore autorisées et relativement peu coûteuses. Ils représentaient 13% du coût total. Entre-temps, il existe des immunothérapies autorisées. Cependant, les nouveaux traitements NMOSD in-label font partie des médicaments les plus chers au monde.
Autorisation de l’EMA pour l’inébilizumab
Début mai, il a été annoncé que le Comité des médicaments à usage humain (CHMP) de l’Agence européenne des médicaments (EMA) avait approuvé l’inébilizumab en monothérapie intraveineuse pour le traitement de la maladie du spectre de la neuromyélite optique séropositive aux anti-aquaporines 4-immunoglobulines G (AQP4-IgG) (NMOSD). Les résultats de la plus grande étude d’autorisation de mise sur le marché menée à ce jour dans le domaine de la NMOSD “N-MOmemtum” ont servi de base. Cette étude a montré que 87,6% des patients AQP4-IgG+-NMOSD recevant l’inébilizumab n’ont pas eu de poussées de la maladie sur une période de 28 semaines. Pour la grande majorité des personnes concernées, cet effet a persisté pendant au moins quatre ans.
Littérature complémentaire :
- Hümmer MW, Schöppe LM, Bellmann-Strobl J, et al : Costs and Health-Related Quality of Life in Patients With NMO Spectrum Disorders and MOG-Antibody-Associated Disease. Neurology 2022 ; 98(11) : e1184-e1196.
- Rensel M, Zabeti A, Mealy M, et al : Long-term efficacy and safety of inebilizumab in neuromyelitis optica spectrum disorder : Analysis of aquaporin-4-immunoglobulin G-seropositive participants taking inebilizumab for ≥4 years in the N-MOmentum trial. Multiple Sclerosis Journal 2021 : 135245852110472.
- Cree BA, Bennett JL, et al : Inebilizumab for the treatment of neuromyelitis optica spectrum disorder (N-Momentum) : a double-blind, randomised placebo-controlled phase 2/3 trial. The Lancet 2019 ; 394 : 1352-1363.
- Marignier, et al. : Investigateurs de l’étude N-MOmentum. Résultats d’invalidité dans l’essai N-Momentum de l’inébilizumab dans le trouble du spectre de la neuromyélite optique. Neurol Neuro-immunol Neuroinflamm 2021 ; 8(3) : e978.
InFo NEUROLOGIE & PSYCHIATRIE 2022 ; 20(3) : 32