Le burnout et la dépression sont deux maladies auxquelles les médecins doivent de plus en plus souvent faire face. Non seulement auprès des patients, mais surtout auprès d’eux-mêmes. L’opinion publique et les critères de qualité de plus en plus élevés exigent un médecin inattaquable sur le plan technique et doté d’une compétence émotionnelle aussi élevée que possible. Mais le métier de rêve peut aussi se transformer en cauchemar – encore aggravé par la pandémie de Corona.
On sait depuis longtemps que les médecins, en particulier, sont souvent surchargés de travail. Les conditions de travail ne contribuent pas à un équilibre serein entre vie professionnelle et vie privée. La médecine est donc une profession qui peut rendre malade. Actuellement, ils sont même plus nombreux qu’auparavant, comme le montre une enquête. La raison n’est pas seulement que des collègues sont infectés par le SRAS-CoV-2. Non, la situation professionnelle de nombreux médecins s’est encore aggravée avec la pandémie. Un médecin sur deux déclare que son sentiment de surcharge de travail et de mauvaise humeur a été renforcé par la crise.
Le burnout et/ou la dépression sont de toute façon très répandus parmi les médecins. Il y a deux ans, 45% des personnes interrogées déclaraient souffrir de tels symptômes. Mais ce pourcentage a encore augmenté de 10 points de pourcentage entre juin et août 2020 – aucune amélioration n’est en vue. 26% des médecins déclarent souffrir parfois d’états dépressifs, 15% ont plutôt des symptômes de burnout et 14% ont les deux (tableau 1). La frontière entre ces deux types de pathologies est floue. Au total, ce sont 55% des personnes interrogées qui font leur travail tous les jours malgré ces contraintes. Les commentaires mettent en évidence la manière dont ce surmenage s’exprime : très fonctionnel au travail, surexcité à la maison et inaccessible sur le plan émotionnel. De plus, de nombreux médecins souffrent de troubles du sommeil, ce qui alimente l’épuisement et la tension nerveuse.
Recherche des causes
C’est surtout la situation professionnelle qui semble être à l’origine de la détresse psychologique des personnes concernées. C’est surtout à l’hôpital que le travail semble jouer avec les nerfs : 67% ont déclaré que le travail contribuait fortement ou très fortement aux symptômes dépressifs. Seuls 39% des médecins libéraux partagent cet avis. C’est surtout l’isolement social, alimenté non seulement par la pandémie mais aussi par une charge de travail trop importante, qui contribue à la mauvaise ambiance. A cela s’ajoutent une bureaucratie excessive ainsi qu’une administration déresponsabilisante. Mais les médecins considèrent également comme une charge psychique la transmission sans espoir de leur cabinet, la double charge des enfants et de la profession, le “bombardement permanent par la politique et les caisses” ou la numérisation. Ce sont surtout les obligations peu appréciées de gestion et de documentation de leur travail (44%) et les heures supplémentaires (42%) qui les poussent à la limite de leurs capacités. Les médecins en cabinet sont également plus stressés par les directives du législateur – 46% contre seulement 7% pour les employés en hôpital. En revanche, les médecins hospitaliers se sentent plus stressés parce qu’ils passent trop de temps au travail – 49% contre 34% pour les médecins libéraux. La différence est encore plus marquée en ce qui concerne le manque de reconnaissance et de respect de la part de l’administration et des employeurs, mais aussi des collègues ou des employés : 55% à l’hôpital, 11% chez les praticiens libéraux. Un autre grand classique qui met les médecins sous forte pression dans le milieu hospitalier : lorsque la direction fait pression et que la maximisation des profits prime sur le bien-être des patients (47% contre 19%).
Déclencheur de stress Corona
L’enquête montre clairement que la charge mentale des médecins a encore augmenté par rapport aux années précédentes. Le questionnaire en ligne ayant été rempli peu après le pic de la 1ère vague de Corona, les participants ont déjà pu dresser un premier bilan : Un médecin sur deux a déclaré que la pandémie avait renforcé son sentiment d’épuisement professionnel. 40% des collègues n’ont pas constaté d’aggravation due à la crise.
Qu’est-ce qui pourrait apporter un soulagement ?
Les problèmes sont un peu différents pour chaque collègue, il ne peut donc pas y avoir de solution universelle. En ce qui concerne l’argent, ce sont plutôt les médecins généralistes (56% contre 28% pour les spécialistes) et les médecins libéraux en général (52% contre 19% pour les cliniciens) qui s’expriment. Plus de la moitié des personnes interrogées estiment qu’une meilleure rémunération leur enlèverait toute pression. Les médecins généralistes, par exemple, considèrent également les règles allégées comme un antidote au burnout (60%). En revanche, le stress avec l’administration et au sein de l’équipe est plutôt un sujet de préoccupation pour les médecins hospitaliers. Ils souhaitent plus de respect (52% contre 8% pour les titulaires) de la part de leurs employeurs et collègues. De même, 41% des personnes interrogées estiment que cela les aiderait de ne pas avoir à regarder constamment à la dépense lorsqu’elles soignent leurs patients.
Médecin – le patient le plus difficile de tous
Ceux qui ont déjà vécu un burnout tentent de stabiliser leur psychisme de différentes manières. Un médecin sur quatre a réduit son temps de travail et 22% ont organisé leur travail différemment. Les médecins généralistes, en particulier, embauchent souvent du personnel supplémentaire. Cependant, les médecins semblent avoir du mal à demander eux-mêmes de l’aide. 66% des personnes concernées n’ont pas encore cherché d’aide. Seuls 5% sont actuellement en recherche et 6% envisagent de se faire aider par un expert. Cela s’explique notamment par le fait que 38% des personnes interrogées ne considèrent pas leurs symptômes comme suffisamment graves – mais aussi par le fait qu’un médecin sur trois est tout simplement trop occupé pour s’occuper de lui-même et de son psychisme. Un cercle vicieux à briser !
Source : Rapport Medscape : Burnout et dépression dans la crise de Corona – ce qui affecte psychologiquement les médecins et comment on pourrait les aider. 10.11.2020. Disponible sur : https://deutsch.medscape.com/diashow/49000709
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