Lors du congrès sur le mélanome qui s’est tenu cette année à Hambourg, la question a été posée de savoir si les options thérapeutiques les plus utilisées jusqu’à présent pour traiter la kératose actinique (KA) étaient les plus efficaces et les plus rentables. Ils ont également souligné les avantages d’une approche holistique pour une thérapie ciblée : la maladie d’Alzheimer n’est pas seulement constituée de lésions isolées, mais est principalement une maladie de surface qui doit être abordée en tant que telle.
Selon le professeur Bruce H. Thiers, de Charleston, le diagnostic de la kératose actinique (KA) est le plus souvent clinique. Il existe cependant différents sous-types : kératosique, atrophique, hypertrophique, verruqueux, cornu cutané, pigmenté ou lichénoïde. Des examens histopathologiques sont parfois nécessaires pour exclure les carcinomes épidermoïdes (SCC). Les sous-types histologiques incluent une implication annexielle et un processus acantholytique.
“Les AK peuvent être précancéreuses, mais peuvent également être la première manifestation intra-épidermique d’un cancer de la peau non mélanocytaire (NMSC). Le fait est que l’incidence des NMSC est nettement plus élevée chez les personnes atteintes d’AK”, explique le professeur Thiers.
Le concept de maladie de surface
“La plupart du temps, ces lésions se produisent sur des zones de peau endommagées par la lumière et apparaissent par zones. Tous les stades de cette maladie (de la CA subclinique au SCC) peuvent coexister simultanément. Il est judicieux de parler d’une maladie de surface : Les transitions entre la peau normale et la peau endommagée par la lumière, ainsi qu’entre les AK et les SCC, sont fluides. Les carcinomes de terrain doivent être détectés et traités à un stade précoce”. (tableau 1). Les techniques classiques d’évaluation de ces zones malades sont les suivantes :
- Inventaire physique
- Examens histopathologiques
- Dermoscopie
- Microscopie confocale en réflexion.
“Les thérapies physiques ou ablatives qui ciblent directement l’ensemble du champ sont le peeling chimique, la dermabrasion et les traitements laser ou photodynamiques. Les traitements topiques sont le diclofénac, le 5-fluorouracile, l’imiquimod, le mébutate d’ingenol et la trétinoïne”, a résumé le professeur Thiers.
Quelle est la qualité de la cryothérapie ?
Dans l’ensemble, plusieurs méthodes sont établies dans le traitement de l’AK dans toute l’Europe (tableau 2), notamment la cryothérapie, qui est toutefois axée sur les lésions et ne concerne pas l’ensemble du champ. “Elle est souvent utilisée pour des lésions isolées et cliniquement visibles, car il s’agit d’une méthode rapide et simple. Mais elle est également associée à des hypopigmentations post-thérapeutiques et à ce que l’on appelle l’effet damier. De plus, l’efficacité de la cryothérapie est variable, difficile à standardiser entre différents médecins et dépend de la durée de l’application cryogénique et de la technique utilisée. Les taux de récurrence ne sont pas clairs”, a expliqué le professeur Jan-Christoph Simon, Leipzig. Même après des cryothérapies répétées, de nombreux patients continuent à présenter de nombreuses lésions AK. La méthode n’est pas adaptée au traitement de grandes zones (tableau 3).
“De nouvelles études, non encore publiées, indiquent qu’un traitement court à faible dose de 5-FU/SA (0,5% de fluorouracile, 10% d’acide salicylique) permet une élimination histologique et complète nettement meilleure que le traitement cryogénique et que les taux de récidive sont significativement plus faibles. En outre, la procédure est efficace contre les lésions AK-III (tableau 4)”, a déclaré le professeur Simon. “Il est donc temps que les médecins remettent en question leurs habitudes en matière de traitement de la CA”.
Considérations économiques
Matthias Augustin, Hambourg, a présenté l’importance de l’AK d’un point de vue économique : “Très peu d’études ont jusqu’à présent examiné le poids économique de cette maladie. Une méta-analyse de 2004 a calculé les coûts directs et indirects de la gestion de l’AK pour les États-Unis : elle arrive à des valeurs considérables de 1,2 milliard et 295 millions de dollars US respectivement. Les principaux facteurs de coûts sont les consultations médicales et les procédures associées”.
D’autres données nord-américaines de 2002 montrent que 8,2 millions de consultations médicales sont nécessaires chaque année dans ce contexte et que la charge financière augmente considérablement s’il y a une progression vers le NMSC, notamment le SCC. Comme l’incidence du NMSC continue de croître, il faut s’attendre à une nette augmentation des coûts à l’avenir [2].
“Pour plus de six lésions AK, le traitement topique avec du 5-FU à faible dose (0,5%) plutôt qu’à forte dose (1 ou 5%) semble être le plus rentable [3]. L’utilisation du 5-FU présente également un bon rapport coût/bénéfice par rapport à d’autres formes de traitement. Le coût total d’un traitement par 5-FU/SA à faible dose est finalement inférieur à celui de la cryothérapie. En ce qui concerne les thérapies combinées, la charge financière la plus importante résulte de l’utilisation conjointe de l’imiquimod et de la cryothérapie. En effet, la cryothérapie nécessite souvent plusieurs traitements”, conclut le professeur Augustin.
Source : “Making proper judgment when choosing a treatment for actinic keratosis”, symposium au 8e Congrès mondial du mélanome, 17-20 juillet 2013, Hambourg
Littérature :
- Stockfleth E, et al. : Low-dose 5-fluorouracil in combination with salicylic acid as a new lesion-directed option to treat topically actinic keratoses : histological and clinical study results. British Journal of Dermatology 2011 ; 165( 5) : 1101-1108.
- Housman TS, et al : Le cancer de la peau est parmi les plus coûteux de tous les cancers à traiter pour la population Medicare. J Am Acad Dermatol 2003 Mar ; 48(3) : 425-429.
- Gupta AK, et al. : The Management of Actinic Keratoses in the United States With Topical Fluorouracil : A Pharmacoeconomic Evaluation Cutis 2002 ; 70(2) : 30-36.
InFo Oncologie & Hématologie 2013 ; 1(1) : 41-42