En 2022, la Suisse a de nouveau participé aux enquêtes internationales sur la politique de santé menées par la fondation Commonwealth Fund. Comme les années précédentes, l’accent a été mis sur les médecins travaillant dans le domaine des soins primaires. La pandémie de Covid 19 et l’augmentation de la charge de travail et des facteurs de stress qui y sont liés sont soupçonnés d’être à l’origine de l’augmentation documentée du niveau de stress.
Un échantillon aléatoire de 4000 médecins de premier recours a été sélectionné sur la base des données des membres de l’association professionnelle FMH. Un peu plus d’un quart d’entre eux (n=1114)** ont finalement participé à l’enquête. Les médecins ont été invités à remplir un questionnaire en ligne. Au total, l’enquête en Suisse a duré du 10 mars au 30 mai 2022, tandis que l’enquête mondiale s’est déroulée de mars à septembre.
** L’échantillon de cette année est légèrement plus grand que les échantillons précédents (2019 : n=1095 ; 2015 : n=1065 ; 2012 : n=1025).
Le niveau de stress a sensiblement augmenté par rapport à 2019
En Suisse, la performance globale du système de santé se maintient à un niveau élevé depuis l’enquête de 2019. Suite à la pandémie de Covid 19, les consultations vidéo ont nettement augmenté dans tous les pays interrogés, mais c’est en Suisse qu’il y a de loin le moins de consultations séparées géographiquement. En ce qui concerne la proportion de médecins extrêmement stressés ou très stressés, on observe généralement une augmentation. En Suisse, près de la moitié (45,5%) des médecins jugent leur travail un peu stressant. Dans de nombreux pays interrogés, on constate une nette augmentation du nombre de médecins extrêmement ou très stressés depuis 2019 : c’est en Australie (+22,3 points de pourcentage) et en Nouvelle-Zélande (+21,7 points de pourcentage) que l’augmentation est la plus forte. L’augmentation de 37,1% à 43,1% enregistrée en Suisse correspond à la deuxième valeur la plus faible en comparaison internationale. La proportion de médecins extrêmement stressés ou très stressés reste presque inchangée en Suède (65,9% et 64,8% respectivement) et aux Pays-Bas (31,5% et 31,1% respectivement).
Le Commonwealth Fund (CWF) est une fondation à but non lucratif basée aux États-Unis. Depuis 1998, le CWF fait réaliser des enquêtes comparables au niveau international sur des questions de politique de santé. Dans notre pays, le projet est dirigé par l’Office fédéral de la santé publique et la société demoSCOPE a été chargée de réaliser l’enquête. |
Augmentation de la charge de travail et de la charge administrative
La charge de travail a augmenté dans tous les pays interrogés au cours de la pandémie de Covid-19. C’est en Suisse que la proportion de ceux pour qui la charge de travail a considérablement ou légèrement augmenté est la plus faible (56,4%) (tableau 1), alors qu’en Allemagne (93,5%) et au Royaume-Uni (90,5%), neuf médecins sur dix déclarent une augmentation. En Suisse et en Suède, environ un tiers des médecins déclarent que leur charge de travail est restée la même qu’avant la pandémie, tandis que 9,3% ont constaté une diminution. La mesure dans laquelle l’augmentation de la charge de travail due à la pandémie de Covid-19 est effectivement responsable de l’augmentation du niveau de stress doit être interprétée avec prudence, étant donné que le niveau de stress est resté stable en Suède et aux Pays-Bas alors que la charge de travail liée à la pandémie a augmenté.
Plus des deux tiers (68,0%) des médecins en Suisse considèrent que le temps consacré aux tâches administratives liées aux assurances ou à la facturation est un problème majeur. En comparaison internationale, cela correspond à la première place devant la Suède (62,3%) et l’Allemagne (59,9%). Si l’on compare dans le temps, on constate une augmentation significative en Suisse depuis 2019 (de 60,7% à 68,0%), alors qu’en Suède, une baisse significative (-18,1 points de pourcentage) a eu lieu sur la même période.
Plus de stress émotionnel pendant la pandémie
En Suisse, environ un tiers (32,0%) des personnes interrogées ont déclaré avoir ressenti un stress émotionnel tel que de la peur, une grande tristesse, de la colère ou un sentiment de désespoir depuis le début de la pandémie de Covid-19 en mars 2020. (tableau 2). C’est la plus faible proportion en comparaison internationale, la Suède se situant à l’avant-dernière place avec 43,7%. Dans les huit autres pays, les pourcentages sont supérieurs à 50%, avec plus de 60% en Nouvelle-Zélande et au Royaume-Uni. En conséquence, ce sont les médecins de Nouvelle-Zélande (19,2%) et du Royaume-Uni (16,2%) qui déclarent le plus souvent avoir eu recours à une aide professionnelle pour un problème de santé mentale depuis mars 2020. En Suisse, ce chiffre est de 8,7%, soit le deuxième plus faible pourcentage devant l’Allemagne (7,6%).
Source: Pahud O, Dorn M: Ärztinnen und Ärzte in der Grundversorgung – Situation in der Schweiz und im internationalen Vergleich. Analyse des International Health Policy (IHP) Survey 2022 der amerikanischen Stiftung Commonwealth Fund (CWF) im Auftrag des Bundesamtes für Gesundheit (BAG) (Obsan Bericht 01/2023). Neuchâtel : Observatoire suisse de la santé, www.obsan.admin.ch (dernière consultation 07.03.2023).
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