L’approche thérapeutique des maladies allergiques repose sur trois principes : L’éviction ou l’élimination des allergènes est certes optimale, mais elle est complexe et, dans certains cas, peut s’avérer coûteuse. La pharmacothérapie est utilisable de manière symptomatique et en combinaison. Enfin, l’immunothérapie est une approche causale, relativement coûteuse, menée sur trois à cinq ans et dont l’efficacité a été démontrée à plusieurs reprises dans de grandes études contrôlées. Cette dernière était le thème de la 3e DermAcademy à Bâle. En outre, les aspects nutritionnels de l’acné ont été abordés.
(ag) Selon le professeur Andreas J. Bircher, médecin-chef en allergologie à l’Hôpital universitaire de Bâle, l’immunothérapie spécifique (SIT) est une sorte de “vaccin contre les allergies” qui peut être appliqué soit par voie sous-cutanée (SCIT), soit par voie sublinguale (SLIT), soit, de manière expérimentale, par voie intranodale ou topique-épidermique. Il s’agit de l’un des trois piliers du concept de traitement des maladies allergiques (figure 1).
Quels sont les allergènes majeurs du pollen ?
En principe, dans le domaine des polysensibilisations, on peut distinguer la sensibilisation croisée de la co-sensibilisation. Bet v1 est un allergène majeur pour les co-sensibilisations (protéines PR 10), tandis que Bet v2 est un allergène majeur pour les sensibilisations croisées (profilines).
Les conditions préalables à l’immunothérapie sont
- allergènes ubiquitaires, non évitables
- preuve évidente de sensibilisation
- Démonstration de la pertinence clinique.
Les allergènes appropriés pour les extraits à haute dose avec les allergènes principaux sont, pour le pollen, les graminées seigle, bouleau, aulne, noisetier, frêne, hêtre, chêne, armoise, plantain et ambroisie, pour les acariens D. pteronyssinus et D. farinae, pour les épithéliums d’animaux le chat et pour les venins d’hyménoptères le venin d’abeille et de guêpe.
En ce qui concerne les extraits et la composition, il convient d’utiliser au maximum deux à trois extraits d’allergènes différents et un mélange uniquement d’allergènes à réaction croisée, et non d’allergènes saisonniers ou perannuels différents. De même, il faut éviter les mélanges d’acariens et de poils d’animaux/moisissures, ainsi que de pollen et de moisissures (dégradation enzymatique). Il faut viser une teneur élevée en allergènes majeurs et administrer plusieurs extraits séparément dans chaque bras.
Quand utiliser l’immunothérapie ?
Pour que la forme sous-cutanée soit efficace, il est essentiel que l’allergie au pollen soit prédominante, que le spectre des allergènes soit étroit et que la durée de la maladie soit courte. L’atteinte réversible des voies respiratoires inférieures, le jeune âge et le traitement tout au long de l’année sont également des facteurs prédictifs de succès. “L’indication (tableau 1) doit être posée par un médecin formé ou un spécialiste en allergologie. Les allergènes pertinents doivent être documentés et les extraits d’allergènes doivent être sélectionnés (composition des allergènes)”, conseille le professeur Bircher.
Le choix de la procédure est crucial : quel type d’application utiliser (sous-cutanée, sublinguale) ? Suivre des schémas présaisonniers, cosaisonniers ou pérennes ? Choisit-on des procédures lentes, en grappes ou rapides (Ultrarush en cas d’allergie au venin d’abeille ou de guêpe) ?
Phases et schémas
La phase d’initiation dure de quelques semaines à quelques mois, la phase de maintien de trois à cinq ans. La SCIT peut être réalisée au moyen des schémas suivants :
- Pré-saisonnier : court (6-8 injections) ou long (12-18 injections)
- Perennial constant : introduction (12-18 injections), entretien (1×/mois)
- Réduction de la dose en période pérenne : Maintien (1×/mois), réduction de dose co-saisonnière (souvent recommandée selon le Pr Bircher).
“Dans tous les cas, il faut toujours demander au patient s’il présente des symptômes allergiques et généraux ou s’il a bien supporté la dernière injection. Également important : de nouveaux médicaments sont-ils pris, des vaccinations ont-elles eu lieu ? Il doit y avoir un intervalle d’au moins une semaine entre une injection SCIT et une vaccination programmée avec un vaccin vivant. Les vaccinations immédiatement nécessaires sont possibles à tout moment, la SCIT peut être poursuivie conformément à l’information professionnelle ou après deux semaines avec la dernière dose administrée. Les facteurs d’augmentation tels que l’alcool, l’effort physique, le sport intensif, le sauna, etc. doivent être évités juste avant l’injection et pendant le reste de la journée”, a expliqué le professeur Bircher en ce qui concerne la réalisation de la SCIT. (tableau 2). “En cas d’infection, il convient de noter ce qui suit : Ne pas désensibiliser pendant la phase aiguë de l’infection. Si cela entraîne un intervalle plus long, il faut éventuellement adapter la dose. En cas d’exacerbation infectieuse d’un asthme bronchique, il faut en outre impérativement viser une stabilisation rapide avant de reprendre la désensibilisation”. La grossesse est une contre-indication à l’initiation de l’immunothérapie.
Particularités de la SLIT
Dans tous les cas, le SLIT doit être interrompu en cas d’infection fébrile, en particulier au niveau des voies respiratoires (asthme), et suspendu en cas de blessure ou d’inflammation aiguë de la bouche/du pharynx, d’intervention chirurgicale majeure dans la cavité buccale, de gastroentérite aiguë, d’exacerbation de l’asthme et de vaccination. Si deux extraits sont utilisés, l’application doit avoir lieu à des moments différents de la journée.
Aspects nutritionnels de l’acné
“Le paléolithique, et donc le mode de vie sauvage, a pris fin il y a environ 20 000 à 12 000 ans. A cette époque, on ne consommait ni produits laitiers ni céréales et le taux d’insuline basal était environ 50% plus bas. Le néolithique marque ensuite la transition complète d’une culture de chasseurs-cueilleurs vers une agriculture sédentaire avec domestication des animaux et culture. C’est là que le style alimentaire occidental actuel trouve son origine. Il se caractérise par une consommation élevée de sucre, de produits céréaliers hyperinsulinotropes, de lait et de produits laitiers”, a expliqué le PD Dr Peter Häusermann, dermatologue à l’Hôpital universitaire de Bâle. “Des études récentes confirment la corrélation entre l’acné et l’augmentation de l’IMC ainsi que la résistance à l’insuline”.
La kinase mTORC1, sensible à la nourriture et aux facteurs de croissance, joue un rôle décisif dans ce processus : en cas de charge glycémique élevée et de consommation de protéines laitières, l’activation de la mTORC1 est renforcée. Des études ont pu confirmer ce lien et une moindre manifestation de l’acné en cas de réduction de la charge glycémique et de la consommation de lait [1,2]. “Le régime alimentaire occidental, avec sa charge glycémique élevée plus les protéines laitières, augmente la transduction du signal insuline/IGF-1 et exagère ainsi les signaux IGF-1 liés à la puberté de l’activation mTORC1”, a conclu le Dr Häusermann.
Régime paléolithique
En conclusion, l’acné est une maladie de civilisation, au moins en partie conditionnée par l’alimentation, et qui montre une association avec l’IMC, l’obésité, la résistance à l’insuline, un risque accru de diabète et de cancer de la prostate.
Un régime à dominante paléolithique peut donc être utile en cas d’acné : Il faut réduire les glucides à index glycémique (IG) élevé et à charge glycémique élevée, les sucreries, les boissons gazeuses sucrées, le pain blanc, le chocolat au lait entier, les yaourts, le lait de toutes les catégories de graisse, etc. Les glucides à IG et charge glycémique faibles, le pain complet, les légumes, les salades, les fruits, le chocolat amer et le poisson sont par exemple recommandés. “Des études contrôlées par placebo ont démontré l’efficacité d’un régime paléolithique contre l’acné”, conclut le Dr Häusermann.
En revanche, certaines formes particulières d’acné (acné stéroïde, acné chlorique et acné cosmétique) n’ont pas de lien avec l’alimentation, mais leur aspect clinique ne permet pas de les distinguer de l’acné classique.
Source : 3ème DermAcademy 2014, 13 février 2014, Bâle
Littérature :
- Smith RN, et al : A low-glycemic-load diet improves symptoms in acne vulgaris patients : a randomized controlled trial. Am J Clin Nutr 2007 ; 86 (1) : 107-115.
- Di Landro A, et al : Family history, body mass index, selected dietary factors, menstrual history, and risk of moderate to severe acne in adolescents and young adults. J Am Acad Dermatol 2012 Dec ; 67(6) : 1129-1135. doi : 10.1016/j.jaad.2012.02.018. Epub 2012 Mar 3.
DERMATOLOGIE PRATIQUE 2014 ; 24(3) : 49-51