Les maladies cancéreuses poussent toujours les patients et leurs proches à dépasser leurs limites psychologiques. Afin d’éviter que les personnes concernées ne se fassent du mal ou que leurs enfants ne présentent des troubles du comportement, il est essentiel d’identifier les facteurs de risque et de s’attaquer aux problèmes de santé mentale à un stade précoce. Deux études se sont penchées sur cet aspect important des maladies cancéreuses.
L’étude de Klaassen et al. il s’agit d’une analyse des données de 1 239 522 patients (observés sur un total de 7 307 377 personnes-années) [1]. Il s’agissait d’étudier le taux de suicide des personnes atteintes d’un cancer urogénital et de déterminer si certains facteurs de risque augmentaient le risque de suicide dans ce collectif. On sait qu’environ 70% des suicides chez les patients de plus de 60 ans ont pour cause des infirmités physiques. Ce taux est probablement encore plus élevé chez les patients atteints de cancer.
2268 suicides ont été identifiés. Le ratio standardisé de mortalité (SMR) se présentait comme suit pour les différents types de cancer :
- 1,37 pour le cancer de la prostate (IC à 95% : 0,99-1,86) correspond à une augmentation non significative du risque de suicide de 37% par rapport à la population générale.
- 2,71 pour le cancer de la vessie (2,02-3,62) ; augmentation significative du risque de 171% .
- 1,86 pour le cancer du rein (1,32-2,62) ; augmentation significative du risque de 86%.
- 1,23 pour le cancer des testicules (0,88-1,73) ; augmentation non significative du risque de 23%.
- 0,95 pour le cancer du pénis (0,65-1,35) ; réduction non significative du risque de 5%.
Les suicides sont plus fréquents chez les hommes
Il existait également des associations avec d’autres facteurs de risque. Le sexe masculin multipliait par 6,63 le risque de suicide chez les personnes atteintes d’un cancer de la vessie et par 4,98 chez les patients atteints d’un cancer du rein. Il en allait de même pour l’âge croissant pour les cancers de la prostate, de la vessie et des testicules (odds ratio 1,03-1,06) et pour les métastases à distance pour les cancers de la prostate, de la vessie et du rein (odds ratio 2,82-5,43). Dans ce dernier groupe présentant des métastases à distance, l’ethnie a également joué un rôle important dans le risque de suicide : Par rapport aux personnes d’origine caucasienne, les Afro-Américains présentaient un risque de suicide inférieur de 54 à 74%.
Impact sur la famille
Dans l’ensemble, les auteurs concluent que les hommes, les personnes âgées et les patients souffrant d’un cancer agressif sont particulièrement vulnérables et devraient donc faire l’objet d’une attention particulière en tant que groupe à risque dans le cadre des soins médicaux.
Mais les personnes touchées ne sont pas les seules à souffrir : Comme l’a montré une étude portant sur 235 familles, les enfants de patients cancéreux ont un risque accru de troubles affectifs et comportementaux [2]. La responsabilité en incombe principalement à une structure familiale qui ne fonctionne plus à cause de la maladie. Bien entendu, la prédisposition individuelle de l’enfant est également déterminante et, dans l’ensemble, la capacité d’adaptation des enfants est plus faible que celle des adultes. Dans tous les cas, les problèmes psychosociaux doivent être pris au sérieux. Les offres de soutien aident toutes les personnes concernées à mieux gérer la maladie.
Littérature :
- Klaassen Z, et al : Facteurs associés au suicide chez les patients atteints de tumeurs génito-urinaires. Cancer 2015. doi : 10.1002/cncr.29274
- Möller B, et al : Enfants de patients cancéreux : prévalence et prédicteurs de problèmes émotionnels et comportementaux. Cancer 2014 Aug 1 ; 120(15) : 2361-2370.
InFo ONKOLOGIE & HÄMATOLOGIE 2015 ; 3(5) : 5