Lorsque les patients atteints de BPCO présentent des exacerbations aiguës, les antibiotiques constituent souvent le traitement de première intention. Cependant, leur utilisation est toujours associée à un risque d’effets potentiellement défavorables. Des chercheurs ont étudié la possibilité de réduire la nécessité d’un traitement antibiotique en mesurant la CRP avant le début éventuel de ce traitement.
Selon les recommandations GOLD, les antibiotiques (selon les critères d’Anthonisen) doivent être utilisés soit chez les patients présentant les trois symptômes cardiaques suivants : augmentation de la dyspnée, du volume des expectorations et des crachats purulents, soit chez les patients présentant deux de ces symptômes, si l’augmentation des crachats purulents en est un. Si un patient est gravement atteint au point de devoir être traité en unité de soins intensifs, les antibiotiques doivent être utilisés systématiquement, quelle que soit la situation clinique.
Une étude [1] de niveau généraliste s’est penchée sur la question de savoir dans quelle mesure la protéine C-réactive (CRP) est un biomarqueur pour ou contre l’utilisation d’un traitement antibiotique. 653 patients d’Angleterre et du Pays de Galles chez qui une BPCO a été diagnostiquée ont été randomisés en deux groupes : Le premier groupe a été soumis à un test dit “point-of-care” dans les cabinets de médecins généralistes, avec une réponse immédiate au bout de 10 minutes. Sur la base de ce résultat, une recommandation pour ou contre les antibiotiques a été émise. Le groupe de contrôle, quant à lui, a été traité avec un traitement standard selon les critères habituels. Les recommandations transmises aux collègues étaient réparties en fonction du niveau de CRP
- <20 mg/l : pas de recommandation sur les antibiotiques, car la probabilité d’efficacité est considérée comme faible.
- 20-40 mg/l : l’utilisation d’antibiotiques peut être envisagée (l’expectoration purulente est mentionnée ici comme critère de décision supplémentaire)
- >40 mg/l : l’utilisation d’antibiotiques est très probablement utile
Résultat de l’évaluation : en appliquant l’algorithme CRP décrit, les patients du groupe CRP ont reçu nettement moins d’antibiotiques (57%) par rapport au groupe témoin (77,4%) (Fig. 1). La probabilité de prescription d’antibiotiques a donc été réduite de 31%.
La seconde étude [2] avait une approche similaire, mais n’incluait que des patients (n=220) qui s’étaient présentés avec des exacerbations aiguës de BPCO et avaient été hospitalisés. Ici aussi, on a mesuré la CRP et soit on a appliqué la stratégie GOLD, soit on a pris une valeur de CRP ≥50 mg/l comme indicateur de l’utilisation d’antibiotiques. Les critères d’évaluation comprenaient l’utilisation d’antibiotiques dans les premières 24 heures, le taux d’échec du traitement à 30 jours, la durée d’hospitalisation et le délai jusqu’à la prochaine exacerbation.
Cette étude a également révélé que le nombre de patients ayant reçu des antibiotiques était significativement moins élevé dans le groupe contrôlé par la CRP (n=101) (31,7%) que dans le groupe GOLD (n=119) (46,2%) (p=0,028). Le taux d’échec du traitement à 30 jours était presque identique (44,5% CRP vs 45,5% GOLD, p=0,881). Ainsi, il a également été démontré que le fait de suivre la stratégie CRP ne nuit pas au patient et n’entraîne pas une augmentation des soins thérapeutiques.
En résumé, malgré le cadre différent des deux études (pays d’origine différents, patients atteints de maladies graves différentes), l’effet du test CRP est à peu près le même. L’utilisation de la protéine comme biomarqueur semble donc fonctionner et être rentable dans la mesure où elle permet de réduire l’utilisation d’antibiotiques de manière significative et cliniquement pertinente. De plus, rien n’indique que cette stratégie comporte des risques pour le patient.
Source : Pneumo-Update, Mainz (D)
Littérature :
- Butler CC, et al : N Engl J Med 2019 ; 381 : 111-120.
- Prins HJ, et al : Eur Respir J 2019 ; 53(5).