Le traitement par nusinersen des patients adultes atteints d’amyotrophie spinale de type II et III associée à un déficit en 5q sera remboursé en Suisse à partir du 1er juillet 2020. La prise en charge des coûts est assurée par la liste des spécialités (LS) de l’assurance obligatoire des soins. C’est un grand soulagement pour les personnes concernées, car jusqu’à présent, une demande de remboursement médical au cas par cas était la seule possibilité de remboursement.
L’intérêt majeur d’un traitement oligonucléotidique antisens par nusinersen pour le traitement de l’amyotrophie spinale associée au 5q (5q-SMA) chez les patients adultes a été récemment étayé par la publication de nouvelles données d’étude dans la revue Lancet Neurology [1]. Jusqu’à présent, en Suisse, seul le traitement par nusinersen (Spinraza®) [2] des enfants et jeunes adultes atteints de 5q-SMA jusqu’à l’âge de 20 ans était remboursé par l’assurance invalidité (AI). Les patients adultes devaient espérer un remboursement au cas par cas par leur caisse d’assurance maladie. “Pour les patients adultes en Suisse, l’inscription de Spinraza® sur la liste des spécialités est donc une étape importante”, déclare le Dr Katharina Gasser, Managing Director de Biogen Switzerland SA. Elle poursuit : “Les nouvelles données démontrent que le traitement médicamenteux offre un espoir légitime de stabilisation, voire d’amélioration des capacités motrices des patients adultes atteints de 5q-SMA”. Sont exclus les patients qui ont besoin d’une ventilation continue ou d’une trachéotomie permanente. On entend par ventilation continue 16 heures ou plus par jour pendant 21 jours consécutifs, en l’absence d’infection aiguë réversible. La Limitatio sur Spinraza® peut être consultée sur le lien suivant de l’Office fédéral de la santé publique (OFSP) : www.spezialitätenliste.ch.
Spinraza® (nusinersen) Le nusinersen est un oligonucléotide antisens (ASO) destiné au traitement de la SMA causée par une délétion ou une mutation sur le chromosome 5q. En conséquence de ces mutations, il y a un déficit en protéine SMN. Le nusinersen est un modulateur d’épissage spécifique, bien étudié, qui laisse le génome tel qu’il est et renforce la fonction naturelle de la protéine SMN2. L’agent modifie l’épissage du pré-ARNm du gène SMN2, ce qui entraîne la formation en grande quantité de la protéine SMN complète et fonctionnelle. Les ASO sont de courtes chaînes de nucléotides synthétiques qui se lient par exemple de manière sélective à un ARN cible et régulent indirectement l’expression des gènes. |
Les données de l’étude montrent des améliorations cliniquement significatives
L’étude publiée dans Lancet Neurology par le Dr Tim Hagenacker, chef de clinique, et le Pr Christoph Kleinschnitz, directeur de la clinique de neurologie de l’hôpital universitaire d’Essen, ainsi que leurs collègues de neuf autres centres neuromusculaires en Allemagne, comprend des données sur un total de 124 patients atteints de SMA adulte (types 2 et 3). Tous les patients ont reçu du nusinersen selon la posologie approuvée de 12 mg par application. Sur les 124 participants à l’étude, 57 patients ont été suivis pendant une période de suivi de 14 mois. Sur les 20 patients de sexe féminin et 37 de sexe masculin, d’un âge moyen de 33 ans (fourchette : 16-59 ans), 35% avaient une SMA de type 2, 65% une SMA de type 3 et 40% étaient partiellement ambulatoires. Une majorité de patients traités par nusinersen (Spinraza®) ont montré une amélioration et/ou une stabilisation cliniquement significative des fonctions motrices courantes, qui ont pu être maintenues au fil du temps [2]. Les résultats sont basés sur l’évaluation de plusieurs échelles de fonction motrice telles que HFMSE (Hammersmith Functional Motor Scale Expanded), RULM (Revised Upper Limb Module) et 6MWT (test de marche de 6 minutes). Le score HFMSE (max. 66 points) était en moyenne supérieur de 3,12 points chez les personnes traitées par nusinersen. (Une variation du HFMSE ≥3 points est considérée comme cliniquement significative). L’amélioration était plus importante chez les SMA de type 3 que chez les SMA de type 2 (4,2 contre 1,1 point) et également plus importante chez les patients capables de marcher que chez les patients en fauteuil roulant (4,6 contre 2,1 points). Il est intéressant de noter que l’ampleur de l’amélioration des performances ne dépendait pas de l’âge des patients ou de la durée de la maladie. Le score RULM (37 points maximum) s’est amélioré de 1,09 point en médiane, ce qui est statistiquement significatif. Dans l’évolution naturelle de la maladie, on observe une détérioration annuelle de 0,41 point [3]. Là encore, aucune corrélation avec l’âge des patients n’a été observée. Lors du test de marche de 6 minutes, l’amélioration moyenne cliniquement significative après 14 mois était de 46 mètres de marche. Une amélioration de ≥30 mètres est considérée comme cliniquement significative [4,5]. Selon les auteurs de l’étude, les nouveaux résultats concordent avec ceux d’une étude d’observation antérieure [6]. Il y a donc de plus en plus de preuves que le traitement par nusinersen (Spinraza®) chez les patients adultes atteints d’amyotrophie spinale associée à 5q a une efficacité comparable à celle obtenue chez les nourrissons et les enfants dont la maladie SMA a débuté plus tard (type 2 et 3 SMA) dans l’étude de développement randomisée et contrôlée de phase III CHERISH [7].
Atrophie musculaire spinale
L’amyotrophie spinale (SMA) est une maladie génétique rare, caractérisée par la dégénérescence des motoneurones de la moelle épinière et du tronc cérébral inférieur [8–12]. La diminution des motoneurones entraîne une faiblesse et une atrophie graves et progressives des muscles dépendants. La forme la plus grave de la SMA se caractérise par une paralysie et une défaillance des groupes de muscles impliqués dans les fonctions vitales de base, telles que la respiration ou la déglutition. Dans la SMA, la protéine SMN (Survival of Motor Neuron) n’est pas produite en quantité suffisante en raison d’une perte ou d’un défaut du gène SMN1. Cette protéine est essentielle à la survie des motoneurones. La sévérité de la SMA est corrélée à la quantité restante de protéine SMN produite. Les patients atteints de SMA infantile, qui ont le plus besoin de soins intensifs et de soutien, produisent très peu de protéine SMN. Ils n’acquièrent jamais la capacité de s’asseoir sans aide et n’atteignent l’âge de plus de deux ans qu’avec une ventilation mécanique. Les patients dont la maladie SMA a débuté plus tard produisent de plus grandes quantités de la protéine SMN. Chez eux, la maladie est moins prononcée ; ils perdent à nouveau les jalons moteurs déjà acquis au cours de leur vie, ce qui a un impact profond sur leur vie.
Source : Biogen
Littérature :
- Hagenacker T, et al : Nusinersen chez les adultes atteints d’atrophie musculaire spinale 5q : une étude de cohorte observationnelle, multicentrique et non interventionnelle. Lancet Neurology 2020 ; 19(4) : 317-325.
- Information professionnelle Spinraza®, mise à jour août 2019 ; www.swissmedicinfo.ch
- Mazzone E, et al. : Module révisé du membre supérieur pour l’atrophie musculaire spinale : développement d’un nouveau module. Muscle Nerve 2017 ; 55(6) : 869-874.
- Young SD, et al : Six-minute Walk Test Is Reliable and Valid in Spinal Muscular Atrophy. Muscle Nerve 2016 ; 54(5) : 836-842.
- Montes J, et al : Six-Minute Walk Test démontre la fatigue motrice dans l’atrophie musculaire spinale. Neurol 2010 ; 74 : 833-838.
- Walter MC, et al : Sécurité et effets du traitement par nusinersen chez les adultes 5q-SMA de type 3 à long terme – une étude observationnelle prospective. J Neuromuscul Dis 2019 ; 6 : 453-465.
- Mercuri E, et al : Nusinersen versus sham control in later-onset spinal muscular atrophy. N Engl J Med 2018 ; 378 : 625-635.
- Darras B, et al : Atrophies musculaires spinales. In : Vivo BTD (éd.) : Troubles neuromusculaires de l’enfance, de la petite enfance et de l’adolescence (2e édition). San Diego : Academic Press ; 2015 ; 117-145.
- Lefebvre S, et al : Identification et caractérisation d’un gène déterminant l’atrophie musculaire spinale. Cell 1995 ; 80(1) : 155-165.
- Mailman MD, et al. : Analyse moléculaire de l’atrophie musculaire spinale et modification du phénotype par SMN2. Genet Med 2002 ; 4(1) : 20-26.
- Monani UR, et al : Une différence d’un seul nucléotide qui distingue le gène SMA SMN1 du gène de copie SMN2. Hum Mol Genet 1999 ; 8(7) : 1177-1183.
- Peeters K, et al : Diversité clinique et génétique des atrophies musculaires spinales proximales SMN1-négatives. Brain 2014 ; 137(Pt 11) : 2879-2896.
PRATIQUE DU MÉDECIN DE FAMILLE 2020, 15(8) : 34-35
InFo NEUROLOGIE & PSYCHIATRIE 2020 ; 18(5) : 38-39