Les patientes atteintes d’un cancer du sein sont souvent confrontées au stress, à l’anxiété et aux douleurs physiques. Les ateliers de “Je le fais pour moi !” doivent permettre aux personnes concernées de relever ces défis. Le Dr Sonja Ebner et le PD Dr Marcus Vetter, de l’hôpital cantonal de Bâle-Campagne, donnent leur avis sur la campagne dans une interview.
Exemple de patient fictif
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Dr Sonja Ebner PD Dr Marcus Vetter
1. le diagnostic du cancer du sein entraîne de grands changements et défis. Selon votre expérience, quels sont les services de soutien les plus importants pour les patientes atteintes d’un cancer du sein ?
Dr Ebner : D’après mon expérience, il est essentiel d’offrir suffisamment de possibilités de discussion. Dès l’annonce du diagnostic, il faut suffisamment d’espace pour les entretiens, répartis si nécessaire sur plusieurs séances, afin que les patientes puissent tout prendre et tout assimiler. Mais c’est également un point central dans l’évolution de la maladie. Même si les patientes n’ont pas besoin d’un soutien dès le début, il est important pour elles de savoir qu’elles peuvent toujours s’adresser à quelqu’un ultérieurement. Il ne faut pas non plus perdre de vue l’aspect physique, par exemple la physiothérapie, et indiquer aux personnes concernées les offres correspondantes au sein de l’hôpital ou chez des physiothérapeutes établis.
2. quelles sont les offres disponibles à l’hôpital cantonal de Bâle-Campagne ?
Dr Ebner : Souvent, le médecin seul ne peut pas répondre entièrement aux besoins de discussion des personnes concernées, car cela dépasse le cadre temporel des consultations. C’est pourquoi nous avons des infirmières spécialisées dans les soins du sein dans notre équipe à l’hôpital cantonal de Bâle-Campagne. En cas de besoin, les patientes peuvent revenir ici pour un entretien ou téléphoner. Toutes les personnes concernées n’y ont pas recours, mais il est important que de telles offres existent. Il en va de même pour les soins psycho-oncologiques.
Dr Vetter : Nous proposons un concept interdisciplinaire/additif qui, en plus de ce qui a été mentionné, comprend par exemple une consultation d’acupuncture pour les patientes symptomatiques. Nous disposons également d’un service de psycho-oncologie au sein de l’établissement . Nous pouvons également proposer des services de réadaptation aux patients atteints d’un cancer sur le site de Bruderholz. Les patientes âgées atteintes d’un cancer du sein peuvent également bénéficier d’une rééducation. Mais les patientes plus jeunes peuvent également en bénéficier, par exemple en suivant une physiothérapie de rééducation. Une “pré-rééducation”, c’est-à-dire une augmentation de la condition physique avant un traitement contre le cancer, serait également envisageable à l’avenir. Globalement, il est important de permettre aux patientes de bénéficier d’un traitement multidisciplinaire et interprofessionnel. Des données d’études montrent que cela peut améliorer le pronostic des personnes atteintes d’un cancer du sein. En outre, devrait proposer des services tels que service social, aumônerie, thérapie nutritionnelle, ligue contre le cancer, etc.
Dr Ebner : Un autre point est la gestion des cas, dans laquelle on s’occupe des questions post-opératoires, comme les soins de suite ou les cures. Celles-ci sont organisées à l’avance, de sorte que les patientes âgées, qui seraient peut-être dépassées dans le cadre d’une prise en charge ambulatoire à domicile, sont bien prises en charge pendant les deux ou trois premières semaines.
3. quel a été l’impact de la pandémie sur les offres ? Avez-vous pu observer le développement d’alternatives ?
Dr Ebner : C’est surtout au premier semestre 2020 que nous avons eu moins de premiers diagnostics à l’hôpital, car de nombreuses patientes avaient peur de venir à l’hôpital en raison de la situation de Corona. De plus, de nombreuses patientes n’ont pas honoré leur rendez-vous et on m’a souvent demandé, lors de ma consultation, si un rendez-vous pour le suivi de la tumeur était vraiment nécessaire maintenant. En revanche, notre offre de soutien était utilisable sans restriction et le déroulement des opérations à l’hôpital n’a pas non plus changé.
Dr Vetter : L’European Society of Medical Oncology (ESMO) a publié des lignes directrices pour certaines entités tumorales sur les adaptations à apporter en situation de pandémie. Nous nous en sommes inspirés à chaque fois. En outre, nous avons également proposé dans notre service une consultation en ligne où les patientes pouvaient passer un appel vidéo via un système sécurisé. Mais les patientes reviennent à l’hôpital.
Dr Ebner : Malheureusement, surtout pour les patientes âgées, le passage aux consultations en ligne a été difficile, voire impossible dans certains cas. Nous avons donc également proposé des consultations téléphoniques afin de discuter de la façon dont les personnes concernées se sentent ou supportent leur traitement. Mais il n’est évidemment pas possible d’effectuer un examen physique en ligne, c’est-à-dire de contrôler les seins et de palper les ganglions lymphatiques, ce qui est essentiel, notamment pour le suivi du cancer du sein.
4. la campagne trilingue “Je le fais pour moi” propose des ateliers en ligne pour aider les patientes à sortir de l’isolement social. Comment évaluez-vous cela ?
Dr Ebner : Je pense que c’est quelque chose de très important, car la santé ne concerne pas seulement le corps, mais aussi l’esprit. Immédiatement après la fin du traitement, c’est-à-dire lorsque le patient est physiquement rétabli, il est essentiel de s’occuper également de sa santé mentale. Pendant le traitement, les personnes concernées s’isolent souvent pendant un certain temps et de nombreuses pensées tournent autour de la maladie. Cela fait évidemment peur et cette peur ne disparaît pas de sitôt. Souvent, les personnes concernées ont perdu confiance en leur santé et celle-ci doit être reconquise. C’est pourquoi je pense qu’il est bon qu’il y ait des offres qui ramènent les patientes à la vie quotidienne et leur permettent d’entrer en contact avec des personnes qui ont vécu des choses similaires. C’est ainsi que la qualité de vie peut être récupérée.
Dr Vetter : Le problème de l’isolement social ne se pose pas seulement au moment du diagnostic, mais aussi tout au long du suivi. Plus souvent, les patientes peuvent tomber dans un “trou noir” et ont alors besoin d’une “ancre” pour en sortir un jour. Les effets secondaires du traitement viennent souvent compliquer la situation. Nous avons besoin de notre soutien, mais aussi de celui d’autres disciplines, pour améliorer la situation des patientes. Je pense que pour cela, il faut aussi utiliser de telles offres numériques, comme dans la campagne “Je le fais pour moi”.
Dr Ebner : Dans un cadre en ligne, l’accès est également plus facile. Il n’est pas nécessaire de se rendre quelque part pour y rencontrer des personnes jusque-là inconnues. Cela demande de l’effort. Au lieu de cela, vous pouvez simplement vous asseoir devant votre ordinateur. Ce serait déjà un premier pas sur lequel on pourrait certainement s’appuyer.
5. la campagne se concentre sur des thèmes tels que l’alimentation, le sport et le stress. L’objectif est d’autonomiser les patientes afin de réduire les douleurs physiques et d’améliorer leur bien-être. D’après votre expérience, quel est l’impact de ces questions sur la vie quotidienne des patientes ?
Dr Ebner : Chez la plupart des patientes, le niveau de stress est relativement élevé et se maintient tout au long du suivi. Il s’agit bien entendu d’une charge importante pour les personnes concernées. Les offres qui contrecarrent ce phénomène ont donc certainement une bonne influence. Parfois, il suffit d’un bon départ pour un changement positif. Et une alimentation saine et une activité physique régulière permettent non seulement de normaliser le poids corporel et d’améliorer le sommeil, mais aussi d’accroître le bien-être et de lutter contre les éventuels effets secondaires du traitement adjuvant.
Dr Vetter : Il existe aujourd’hui un certain nombre de données qui montrent que le sport et une alimentation saine sont utiles. Ainsi, le risque de récidive du cancer du sein peut être réduit, parfois de manière significative, par le sport. Il a également été démontré qu’une alimentation grasse devait être évitée. Mais pour moi, l’image corporelle de la femme joue également un rôle important. C’est là qu’interviennent la psycho-oncologie et la chirurgie plastique. Le thème de la sexualité ne doit pas non plus être négligé lors des entretiens.
Dr Ebner : Ce serait justement quelque chose qui pourrait être bien discuté dans un cadre en ligne. Dans ce cadre plus anonyme, il est peut-être plus facile pour certaines personnes de parler de la sexualité et des difficultés qui y sont liées que dans le cadre d’une consultation, où ce sujet reste souvent tabou, surtout chez les femmes âgées.
Littérature complémentaire (remarque des personnes interviewées) : https://www.rosenfluh.ch/media/gynaekologie/2021/01/Aerztliches-Management-bei-Tumorpatientinnen-waehrend-der-Pandemie.pdf
Avec le soutien financier de Pfizer AG, Zurich.
PP-ONC-CHE-0304 Nov 2021
Articles en ligne depuis 22/12/2021