L’immunothérapie spécifique aux allergènes est établie comme traitement immunomodulateur de l’allergie au venin d’hyménoptère et de l’allergie par inhalation. La thérapie par injection sous-cutanée et la forme de thérapie sublinguale sont toutes deux considérées comme sûres, mais des réactions allergiques peuvent néanmoins survenir, parfois en raison d’une erreur humaine, comme le montre un exemple de cas.
Une patiente de 20 ans s’est présentée pour un incident allergique après une piqûre d’abeille. La jeune femme souffrait également d’une “Blood-Injection-Injury Type Phobia” (phobie des injections de sang). Les tests cutanés intradermiques au venin d’abeille se sont révélés positifs (0,1 µg/ml) et négatifs au venin de guêpe. Les IgE et IgG spécifiques n’étaient positives que pour le venin d’abeille, elles n’étaient pas détectables pour le venin de guêpe. Andreas J. Bircher, Hôpital universitaire de Bâle, le Dr David Spoerl, Hôpital universitaire de Genève, et Kathrin Scherer Hofmeier, Hôpital cantonal d’Aarau [1]. Avec le consentement de la patiente, une immunothérapie au venin d’abeille a été initiée : Après une procédure initiale d’Ultrarush, elle a reçu la dose complète de 100 000 SQU de venin d’abeille à des intervalles mensuels. Les injections ont été tolérées sans problème, aucune piqûre de champ n’a été subie.
Au cours de la troisième année d’immunothérapie, la femme a reçu par erreur une injection sous-cutanée de 100 000 SQU de venin de guêpe au lieu du venin d’abeille. Comme la patiente ne présentait aucun signe de sensibilisation préexistante au venin de guêpe, elle a été surveillée pendant une heure après l’injection, puis un sérum a été prélevé. Seule une réaction locale légère s’est produite, raison pour laquelle aucune mesure médicamenteuse n’a été prise. La patiente est sortie avec une trousse de médicaments d’urgence et des instructions. Par la suite, l’immunothérapie au venin d’abeille a été poursuivie comme prévu.
Après quelques semaines, une augmentation des anticorps IgE et IgG spécifiques au venin de guêpe, initialement négatifs, a pu être documentée. Il faut donc supposer une sensibilisation active due à la dose unique élevée de venin de guêpe. L’immunothérapie au venin d’abeille a pu être achevée après la durée recommandée de cinq ans. L’immunothérapie au venin de guêpe n’a pas été envisagée, car il n’y avait pas de pertinence clinique prouvée de la sensibilisation et la patiente ne devait pas subir de contrainte supplémentaire.
Nouvelle publication Au printemps 2022, le volume “Fehler und Irrtümer in dermatologie und Allergologie. Patientensicherheit und Qualitätsmanagement” (Sécurité des patients et gestion de la qualité), paru aux éditions Thieme. Il présente des casuistiques basées sur des affaires traitées par les organismes de conciliation auprès des chambres médicales régionales en Allemagne, mais aussi sur des procédures de responsabilité médicale devant les tribunaux civils et des expertises. Tous les rapports sont divisés en une description de cas, des conséquences pour les patients, des interprétations du point de vue du tribunal ou de l’expert, des recommandations pour une gestion professionnelle des erreurs et des messages Take-Home sur la façon d’éviter les erreurs la prochaine fois. L’ouvrage s’adresse principalement aux dermatologues, mais contient également une section importante consacrée à l’allergologie, dans laquelle neuf casuistiques sont présentés, en plus de celui décrit ici, notamment l’absence de traitement d’urgence d’un eczéma de contact allergique aigu, une réaction anaphylactique sévère à des tests cutanés à la ceftriaxone et un gonflement de la langue après une prise de pénicilline et un bilan allergique négatif. Elsner P, Meyer J, Lehmann P, Bircher A, éd. : Erreurs et fautes en dermatologie et allergologie. 1ère édition. Stuttgart : Thieme ; 2022. |
Possible cas de blessures involontaires
Comme les flacons de venin d’abeille et de guêpe du fabricant sont pratiquement identiques, ils ont été marqués avec des étiquettes de couleurs différentes. Dans ce cas, il s’agissait probablement d’une erreur humaine, à savoir l’inversion d’un flacon d’allergène destiné à un autre patient, écrivent les auteurs.
Les erreurs de ce type sont officiellement rares (environ 0,1 à 0,2% de toutes les injections), mais il faut s’attendre à ce qu’il y ait des cas non déclarés. Une enquête menée auprès d’allergologues américains a révélé qu’en l’espace de cinq ans, les trois quarts d’entre eux avaient effectué pour la plupart 1 à 3 injections erronées, voire jusqu’à 10. Les patients se sont vu administrer autant de mauvaises doses qu’un mauvais allergène. Des réactions allergiques peuvent survenir, en particulier en cas d’erreur de dosage, en plus des facteurs de risque liés au patient tels que l’asthme, la comédication avec des bêta-bloquants et les injections pendant les exacerbations ou les infections (aperçu 1).
L’induction d’une nouvelle sensibilisation doit être considérée comme beaucoup plus grave qu’une dose d’allergène trop élevée ou que la non-prise en compte de facteurs de risque intercurrents. Bien que la patiente n’ait pas subi d’effets secondaires graves immédiats dans l’étude de cas, un “dommage” permanent a été causé par une erreur médicale, expliquent les auteurs. D’un point de vue juridique, il pourrait éventuellement s’agir de blessures par négligence. Toutefois, dans ce cas, la jeune femme s’est abstenue d’engager des poursuites judiciaires à l’encontre de ses soignants.
Littérature :
- Bircher A, Spoerl D, Scherer Hofmeier K : Une guêpe au lieu d’une abeille – néo-sensibilisation accidentelle au venin de guêpe sous immunothérapie au venin d’abeille. In : Elsner P, Meyer J, Lehmann P, Bircher A, Hrsg. : Erreurs et fautes en dermatologie et allergologie. 1ère édition . Stuttgart : Thieme ; 2022.
InFo PNEUMOLOGIE & ALLERGOLOGIE 2022 ; 4(2) : 20
PRATIQUE DU MÉDECIN DE FAMILLE 2022 ; 17(8) : 38