Les données sur l’efficacité du pomalidomide dans les populations à haut risque de myélome multiple récidivant/réfractaire étant plutôt minces, une étude de phase II a entrepris d’évaluer la molécule chez des patients présentant des signatures GEP70 ou GEP80. Les résultats finaux ont été présentés au congrès de l’ASH à la Nouvelle-Orléans.
(ag) Selon Saad Usmani, MD, Charlotte, il existe à ce jour peu de données sur l’efficacité du pomalidomide chez les patients à haut risque atteints de myélome multiple récidivant/réfractaire (RRMM) : “Actuellement, le pomalidomide est approuvé par la FDA pour le traitement des patients ayant déjà subi plus de deux traitements antérieurs, dont le lénalidomide et le bortézomib, et ayant présenté une progression dans les 60 jours suivant la fin du dernier traitement”, a-t-il résumé. “Nos évaluations [1] portent sur une étude clinique de phase II. Celle-ci a évalué le pomalidomide chez des patients à haut risque qui prenaient déjà du lénalidomide ou qui étaient réfractaires à ce traitement”.
Que signifie “risque élevé” ?
Le “risque élevé” a été défini par une augmentation de la lactate déshydrogénase, la présence de certains facteurs génétiques appartenant au groupe à haut risque selon les études dites de “gene expression profiling” (notamment les signatures GEP70 ou GEP80), ou par une cytogénétique anormale en métaphase.
Le pomalidomide a été administré par voie orale à la dose de 4 mg (jours 1-21 toutes les quatre semaines). Si la réponse partielle n’était pas dépassée après deux cycles, il était possible d’ajouter de la dexaméthasone et/ou du bortézomib et/ou du vorinostat. Après quatre cycles et un dépassement toujours infructueux de la réponse partielle, le cyclophosphamide a pu être ajouté.
“Le critère d’évaluation principal était la survie sans progression à un an et les critères d’évaluation secondaires étaient la survie globale, le taux de réponse et la durée”, a expliqué M. Usmani.
Activité anti-myélome ciblée
L’étude a porté sur 71 patients atteints de MM à haut risque, dont une bonne moitié était âgée de plus de 65 ans. Des anomalies cytogénétiques étaient présentes dans 86% des cas. 41% étaient considérés comme GEP70 et 82% comme GEP80. Pas moins de 96% d’entre eux avaient déjà subi une autogreffe de cellules souches, et 42% avaient subi plus de deux procédures de ce type. La médiane des participants avait suivi cinq thérapies précédentes. 82% étaient réfractaires à la lénalidomide.
- Au moment de la collecte des données en juillet 2013, un peu plus des deux tiers des patients ne poursuivaient pas le traitement, principalement en raison de la progression ou du décès.
- Une bonne moitié des patients ont reçu >6 cycles. Parmi eux, 67% ont reçu de la dexaméthasone en complément, 18% du bortézomib et de la dexaméthasone, 12% du bortézomib, de la dexaméthasone et du cyclophosphamide et 3% du bortézomib, de la dexaméthasone, du cyclophosphamide et du vorinostat.
- 28% ont pu dépasser la réponse partielle avec une durée médiane de réponse d’un mois. La survie globale à un an était de 63% et la survie sans progression de 13%. Un léger bénéfice en termes de survie sans progression a été mis en évidence chez les patients plus jeunes.
- Les effets secondaires les plus fréquents (>grade 3) ont été les leucopénies (75%), les thrombocytopénies (60%), les anémies (44%), les infections (26%) et les hypophosphatémies (20%).
- Les analyses génétiques ont montré qu’après le traitement au pomalidomide, l’IRF4, l’une des cibles de Cereblon (CRBN), récemment décrite comme essentielle à la survie des cellules myélomateuses, était significativement dérégulée. Cela indique une activité anti-myélome unique dépendante du CRBN de la substance active.
“Le pomalidomide a donc montré une bonne activité en combinaison avec d’autres médicaments dans ce groupe à haut risque fortement prétraité”, conclut Usmani. “Si l’on met en relation l’efficacité et le très mauvais pronostic de ces patients, on en conclut que le pomalidomide, associé à d’autres nouvelles molécules, devrait être envisagé d’urgence comme premier choix pour la première ligne des patients à haut risque de GEP”.
Source : 55e réunion annuelle de l’ASH, 7-10 décembre 2013, Nouvelle-Orléans
Littérature :
- Usmani SZ, et al : Final Results Of Phase II Study Of Pomalidomide (Pom) In GEP-Defined High Risk Relapsed and Refractory Multiple Myeloma (RRMM). ASH Abstract #3191.
InFo Oncologie & Hématologie 2014 ; 2(2) : 35-36