Dans une étude de population à grande échelle menée par l’Académie européenne de dermatologie et de vénéréologie (EADV), près d’un participant sur deux a déclaré avoir été affecté par au moins une maladie de peau au cours des 12 derniers mois. Les données ont été collectées auprès de plus de 44 000 adultes de 27 pays européens, dont la Norvège, le Royaume-Uni et la Suisse, en plus des pays de l’UE.
L’EADV a commandé cette enquête afin d’évaluer la prévalence des maladies dermatologiques et vénériennes en Europe et d’en savoir plus sur les soins et la perception des maladies de la peau [1]. Le professeur Marie-Aleth Richard, PhD, Hôpital de la Timone, Marseille (F) a dirigé le projet. Selon les résultats de l’enquête publiés dans le JEADV, la proportion de personnes ayant souffert d’au moins une maladie de peau au cours des 12 derniers mois sur un total de 44 689** personnes incluses était de 43,35% (n=19 915). Parmi eux, 35,38% avaient une maladie de peau, 24,32% en avaient deux, 14,06% en avaient trois et 26,34% en avaient quatre ou plus. La moyenne était de 3,04 ± 3,23 (médiane 2,00) maladies de la peau. Lorsque le dépistage du cancer de la peau était inclus dans l’analyse, la proportion de personnes touchées était supérieure de quelques points de pourcentage (47,20%).
** 48,97% d’hommes, 51,03% de femmes
Grand échantillon représentatif
La collecte des données a été réalisée par un institut de sondage (HC Conseil, Paris) [1]. Un échantillon représentatif de la population adulte totale (âgée de plus de 18 ans) a été recruté dans chacun des pays inclus à l’aide d’une approche randomisée et stratifiée proportionnellement. Les données d’Eurostat et des Nations unies sur les critères de pondération sociodémographiques (par exemple, l’âge, le sexe, l’éducation) ont été utilisées comme référence. Les personnes sélectionnées ont été invitées par e-mail à participer à une enquête, sans préciser le sujet. Cela a permis de réduire le risque de biais d’auto-sélection.

Le questionnaire basé sur le web, traduit en plusieurs langues, était composé de deux modules : (A) informations sociodémographiques et état de santé général, (B) Affections cutanées au cours des 12 derniers mois. La partie B contenait, entre autres, des questions sur la stigmatisation, la charge de morbidité, la qualité de vie (DLQI), les soins de santé. Les analyses statistiques ont été réalisées à l’aide du progiciel HARMONIE 1.7.
Quelles sont les maladies de peau les plus fréquentes ?
Dans l’ensemble, les infections fongiques de la peau arrivent en tête avec 8,9%, suivies par la dermatite atopique/l’eczéma (5,5%), l’acné (5,4%), l’alopécie (5,1%) et le psoriasis (3,9%) (tableau 1) [1]. L’alopécie, l’acné, l’eczéma et la rosacée étaient plus fréquents chez les femmes, tandis que les hommes étaient plus susceptibles de souffrir de psoriasis et d’infections sexuellement transmissibles. Dans le groupe d’âge des 18-25 ans (n=5543), les trois pathologies les plus fréquentes étaient l’acné (13,5%), les mycoses cutanées (9,5%) et les maladies sexuellement transmissibles (6,6%), tandis que chez les 26-54 ans (n=23 593), les infections cutanées étaient également en tête du classement, suivies par la dermatite/l’eczéma atopique (6,5%) et l’acné (6,4%). Chez les ≥55 ans (n=15 553), la proportion d’infections cutanées était de 7,9%, tandis que les mycoses cutanées représentaient 4,1% et l’alopécie/la perte de cheveux 4,0%.

Les auteurs de l’étude indiquent qu’il faut tenir compte du fait que les données de prévalence des maladies de la peau recueillies par le biais d’une étude par questionnaire ou d’un auto-rapport ont tendance à être plus faibles que celles recueillies auprès des médecins. Une analyse antérieure concernant le psoriasis, l’hidradénite suppurée et le vitiligo [1,2] a montré une bonne concordance entre les auto-évaluations et les évaluations par les dermatologues. En revanche, pour les maladies de la peau telles que l’acné, l’eczéma, les mycoses cutanées, le psoriasis et la dermatite séborrhéique, une sous-estimation de la fréquence a été constatée à partir des déclarations auto-déclarées [1,3].
L’un des points forts méthodologiques de l’étude est certainement l’échantillon représentatif très large [1].
Sources :
- Richard MA, et al : JEADV 2022 ; 36(7) : 108-1096.
- Phan C, et al : Acta Derm Venereol 2017 ; 97 : 1243-1244.
- Jagou M, et al : Br J Dermatol 2006 ; 155 : 1006-1012.
DERMATOLOGIE PRATIQUE 2023, 33(2) : 17