Le Réseau suisse de recherche et de communication sur les maladies inflammatoires de l’intestin (Swiss Research and Communication Network on Inflammatory Bowel Disease, IBD-net) recommande que tous les patients atteints de maladies inflammatoires chroniques de l’intestin (MICI) soient vaccinés contre le SRAS CoV-2. Cette estimation est basée sur une évaluation du rapport bénéfice/risque pour ce groupe de patients, en tenant compte des données actuelles sur les risques d’infection par le SRAS-CoV-2 et d’évolution grave, ainsi que sur l’indication et la contre-indication de la vaccination dans le cadre des traitements en cours contre les MICI.
(red) Il y a quelques mois, un addendum aux lignes directrices S3 sur la maladie de Crohn et la colite ulcéreuse a été publié sous l’égide de la Société allemande de gastro-entérologie, maladies digestives et métaboliques (DGVS) concernant les questions liées à la prise en charge des patients atteints de MICI pendant la pandémie de COVID-19 [1]. Ce document traite du risque d’infection, de l’évolution possible de la maladie COVID-19 et des conséquences pour le traitement médicamenteux et chirurgical de la maladie sous-jacente, ainsi que des mesures générales de prévention des infections. Un comité d’experts du Swiss Research and Communication Network on Inflammatory Bowel Disease (IBD-net) a publié en janvier une prise de position centrée sur la vaccination dans le contexte suisse. Luc Biedermann, le professeur Stephan Vavricka, le professeur Michel Maillard et le professeur Pierre Michetti, experts en gastroentérologie, résument les preuves actuelles concernant l’infection par le SRAS-CoV-2 et la vaccination par le coronavirus chez les patients atteints de DICS [2–5]. En voici un extrait :
Recommandations de vaccination pour les patients atteints de CED
Le PD Dr Michel Maillard, Lausanne, résume les indications/contre-indications de l’administration du vaccin chez les patients atteints de DICS de la manière suivante [4] : Selon le rapport de l’Office suisse de la santé publique du 7 janvier, les patients présentant une immunodéficience acquise ou congénitale se qualifient pour l’administration du vaccin SRAS-CoV-2. En accord avec cette affirmation, la CED est considérée comme faisant partie des maladies inflammatoires à médiation immunitaire. Malgré les données rassurantes décrites dans la section suivante, les patients atteints de CED ont un risque accru de survenue de dépérissement, de complications thromboemboliques ou de manifestations extra-intestinales. En outre, ils sont plus souvent exposés aux stéroïdes ou aux médicaments immunosuppresseurs que la population générale, ce qui augmenterait leur risque d’issue défavorable de la maladie COVID. “Pour ces raisons, nous pensons que tous les patients atteints de CED devraient être vaccinés, quel que soit leur état de santé ou leur traitement en cours”, a-t-il déclaré [4]. Les contre-indications sont celles qui s’appliquent à tous les groupes, à savoir une grossesse en cours, un antécédent de choc anaphylactique dû à un vaccin, une fièvre >38°C au cours des dernières 48h et tout critère nécessitant un test SRAS-CoV-2 et une quarantaine en cours.
Lesite Tableau 1 présente les vaccins autorisés en Suisse avec les principales informations sur leur efficacité et leurs effets secondaires, selon les données d’études de phase I/II et de phase III publiées à ce jour [3].
Le registre SECURE IBD, une base de données importante
Le Dr Luc Biedermann, PD, Zurich, donne un aperçu des données actuelles sur le risque de SRAS-CoV-2 chez les patients atteints de MICI [2] : Le plus grand système mondial de déclaration des cas de COVID-19 chez les patients atteints de MICI, appelé registre SECURE IBD (situation en janvier 2021 : >4000 cas rapportés), les données actuelles permettent de tirer les conclusions importantes suivantes : Le risque d’évolution grave de COVID-19, y compris la nécessité de soins intensifs, d’assistance respiratoire ou le décès, n’était pas augmenté chez les patients atteints de DICS sous traitement standard (y compris les produits biologiques) [6]. Toutefois, on a constaté que le risque d’évolution défavorable était significativement plus élevé chez les patients qui prenaient des stéroïdes systémiques au moment de l’infection par COVID-19. L’influence des stéroïdes systémiques était comparable à celle d’autres facteurs de risque connus, tels que les comorbidités et l’âge avancé. Un risque accru d’évolution grave de COVID-19 sous thiopurine et traitement combiné anti-TNF pourrait être possible [7]. Bien que le registre SECURE-IBD dispose d’une vaste base de données et que des cas soient signalés dans le monde entier, il ne fournit pas une image basée sur la population du risque d’infection par COVID-19 chez les patients atteints de CED par rapport à la population générale. Des données importantes provenant du Danemark [8] indiquent clairement que le risque d’infection par COVID-19 n’était pas augmenté par rapport à la population générale (du moins lors de la première vague d’infection au début des années 2020, lorsque l’étude a été menée). Bien que cette étude ne permette pas de tirer des conclusions sur les raisons possibles de ce risque d’infection par COVID-19 plutôt faible (par exemple, un comportement plus conservateur et restrictif avec une moindre exposition à une infection potentielle chez les patients atteints de MICI), ces données sont certainement rassurantes et indiquent globalement que le risque d’infection par COVID-19 ne semble pas être plus élevé dans les maladies inflammatoires chroniques de l’intestin en général et plus particulièrement chez les patients traités par immunosuppresseurs et agents biologiques, ce qui confirme les résultats de SECURE-IBD.
Littérature :
- Stallmach A, et al : [Addendum aux S3-Guidelines Maladie de Crohn et rectocolite hémorragique : Prise en charge des patients atteints de maladie inflammatoire de l’intestin dans le cadre de la pandémie COVID-19 – questions ouvertes et réponses] [Article in German]. Z Gastroenterol 2020 ; 58(7) : e367.
- Biedermann L : Données actuelles sur le risque de SRAS-CoV-2 chez les patients atteints de MICI, IBDnet Position Statement on Covid-19 vaccination, 22 janvier 2021 (dernière consultation 24.03.2021)
- Vavricka S : Vaccins actuellement autorisés en Suisse, IBDnet Position Statement on Covid-19 vaccination, 22 janvier 2021, (dernière consultation 24.03.2021)
- Maillard M : Indications/contre-indications pour l’administration du vaccin chez les patients atteints de MICI, IBDnet Position Statement on Covid-19 vaccination, 22 January 2021, (dernière consultation 24.03.2021)
- Michetti P : Influence des différents traitements de la CED sur la sécurité et l’efficacité de la vaccination, IBDnet Position Statement on Covid-19 vaccination, 22 janvier 2021, (dernière consultation 24.03.2021)
- Brenner J, et al : Corticosteroids, But Not TNF Antagonists, Are Associated With Adverse COVID-19 Outcomes in Patients With Inflammatory Bowel Diseases : Results From an International Re-gistry. In : Gastroenterology 2020 ; 159 (2), 481-491.e3.
- Ungaro RC, et al. : Effet des médicaments contre les MICI sur les résultats du COVID-19 : résultats d’un registre international. In : Gut 2020, DOI : 10.1136/gutjnl-2020-322539.
- Attauabi M, et al : Prévalence et résultats de COVID-19 chez les patients atteints de la maladie intestinale inflammatoire – Une étude de cohorte prospective danoise basée sur la population. In : J Crohns Colitis 2020, DOI : 10.1093/ecco-jcc/jjaa205.
HAUSARZT PRAXIS 2021, 16(4) : 4-5 (publié le 7.4.21, ahead of print)