Entretien avec le Dr Marcel Halama sur les principaux aspects de la prise en charge du reflux gastro-œsophagien et ses limites.
1) Docteur Halama, le reflux gastro-œsophagien est une maladie que vous voyez souvent dans votre cabinet de spécialiste et qui est également très répandue parmi les patients d’un cabinet de médecin généraliste. Quelle est l’approche que vous recommandez en cas de brûlures d’estomac légères ou modérées ?
La première chose à faire est d’essayer de classer les plaintes des patients. Parfois, il s’avère que dans la vie quotidienne normale, un aliment particulier provoque les troubles. Je pense notamment à l’alcool ou à une consommation élevée de café. Si la souffrance persiste après une tentative d’abstinence, un essai dit “IPP” est indiqué. Nous examinons donc si un traitement de 2 à 4 semaines avec des inhibiteurs de la pompe à protons peut apporter un soulagement. La plupart du temps, ces deux étapes suffisent. Cependant, certains patients souhaitent en premier lieu une gastroscopie. Cela est bien sûr toujours réalisable et donne immédiatement une idée des conditions internes.
2. que doit faire le médecin si des symptômes résiduels persistent sous IPP ?
Je prescris généralement des IPP, comme je l’ai dit, pendant 4 semaines. Si des symptômes résiduels persistent, je double la dose d’IPP et une gastroscopie complémentaire est certainement indiquée dans cette situation, afin de ne pas passer à côté de complications éventuelles d’une maladie de reflux (par exemple un carcinome ou une sténose) ou de ne pas manquer un gros problème de diaphragme prédisposant. En outre, une administration supplémentaire de Gavisconell peut également être utile dans ce cas, en particulier après les repas. En effet, la plupart des gens ont des problèmes après avoir mangé. Il reste cependant important de supprimer les substances provocantes et de surveiller son poids. Donc, en résumé, demander une gastroscopie, augmenter la dose de l’antiacide et ajouter un alginate.
3. les inhibiteurs de la pompe à protons doivent être administrés avec modération et ne doivent pas dépasser 8 semaines. Comment procédez-vous au sevrage ?
Si le patient ne se plaint pas et qu’aucune inflammation grave n’a été détectée lors de la gastroscopie, il est tout à fait possible d’arrêter l’IPP après 4 à 8 semaines de traitement. J’essaie généralement de poser directement et d’observer la réaction du patient. Cependant, une partie des patients ressentent soudainement plus de symptômes après 2-3 jours, parfois même plus qu’avant le traitement. C’est ce que l’on appelle le phénomène de rebond. Dans cette situation, la plupart des gens reviennent à l’antiacide. Dans cette situation, il faut maintenant procéder à une diminution lente. Pour cela, on revient généralement à la plus petite dose et on réduit la fréquence des prises à tous les 2 ou 3 jours. J’ajoute souvent des substances neutralisantes, comme le Gavisconell, qui se chevauchent. Notamment pour que les patients n’aient pas l’idée d’augmenter à nouveau la dose de l’antiacide. Cette procédure peut prendre plusieurs semaines et demande un peu de patience et de cohérence. D’après mon expérience, le patient a toutefois de bonnes chances d’arrêter de prendre le bloqueur d’acide dans un délai de 6 à 7 semaines sans symptômes.
4. quelle est la marche à suivre pour les patients qui ne présentent pas de symptômes continus ou quand ces patients doivent-ils consulter un médecin ?
Je pense que la plupart des personnes concernées sentent relativement bien si c’est éventuellement quelque chose de provocant qui provoque les troubles et réduisent instinctivement ces derniers. Ils peuvent également prendre un alginate si nécessaire. Cela fonctionne également assez bien. Toutefois, si les symptômes apparaissent plusieurs jours de suite et que l’alginate ne soulage pas, il convient de faire un essai avec l’IPP. Simplement toujours aussi brièvement que possible, mais aussi longtemps que nécessaire pour que le patient soit à nouveau libre de tout symptôme.
5. quand le médecin généraliste doit-il faire appel à un spécialiste ?
Ensuite, lorsque les étapes décrites ci-dessus ne sont pas utiles : Donc en cas de symptômes réfractaires. Dans ce cas, un patient doit être adressé à un spécialiste pour une évaluation endoscopique, notamment pour différencier la forme non érosive ou érosive et exclure un carcinome. La première se traite bien avec des substances neutralisantes comme un alginate et avec un traitement court par IPP. Le souhait du patient est très important dans cette situation, parfois même les plus jeunes sont inquiets et ressentent le besoin d’une clarification plus spécifique. Pour les patients de plus de 50 ans et les nouveaux symptômes de reflux, je recommanderais de toute façon une endoscopie. Il en va de même lorsqu’il existe une forte souffrance, en cas de reflux gastro-œsophagien, de perte de poids involontaire et de troubles du reflux accompagnés d’anémie.
6. quelle est votre expérience avec les alginates ?
Mon expérience est bonne. Les patients les apprécient, notamment parce qu’ils n’ont pas d’action systémique, qu’ils sont néanmoins efficaces et qu’ils sont très bien tolérés. Le Gavisconell est généralement donné comme add-on, c’est-à-dire en plus de l’antiacide. Même pris sur une longue période, c’est un médicament très sûr, précisément en raison de son action purement physique : il forme une barrière physique contre le reflux au-dessus du contenu de l’estomac. On peut donc l’utiliser à long terme.
7. le Gavisconell peut-il être utilisé en cas de grossesse ?
Oui, vous pouvez – et aussi pendant la période d’allaitement. Le Gavisconell est l’un des rares médicaments pour lesquels il existe des études à ce sujet. Ceux-ci prouvent à la fois la sécurité et l’efficacité de la thérapie.