La Constitution fédérale a été modifiée comme suit le 18 mai 2014 :
“Art. 117a (nouveau) Soins médicaux de base
- La Confédération et les cantons veillent, dans le cadre de leurs compétences respectives, à ce que les soins médicaux de base soient suffisants, accessibles à tous et de qualité. Ils reconnaissent et encouragent la médecine de famille comme une composante essentielle de ces soins de base.
- La Confédération légifère sur :
a. la formation initiale et continue pour les professions de soins de santé primaires et sur les exigences pour l’exercice de ces professions ;
b. la rémunération appropriée des prestations de la médecine de famille”.
Depuis peu, il est de tradition en Suisse, après une bataille gagnée ou perdue, de se pencher sur les conséquences pratiques d’un projet soumis au vote. Il y a donc une grande joie à l’idée que la votation “Oui à la médecine de famille” ait été remportée. Les médecins généralistes ont reçu un soutien actif de toutes parts. Peu d’électeurs semblent avoir remarqué que le contre-projet adopté a fortement relativisé, voire dévalorisé, la position du médecin de famille. Voici quelques extraits du message du Conseil fédéral sur l’initiative populaire “Oui à la médecine de famille” du 16 septembre 2011 :
“… En revanche, il est nécessaire de faire preuve de flexibilité dans le développement durable de l’offre de prestations actuelle en vue d’une meilleure coordination des soins médicaux de base, qui soit adaptée aux besoins, de haute qualité et en même temps rentable. Celle-ci ne peut être garantie qu’avec l’implication de tous les professionnels de la médecine de premier recours, au bénéfice des patients”.
“… C’est pourquoi il faudrait à l’avenir s’orienter davantage vers des soins intégrés, dans lesquels d’autres professionnels de la médecine de premier recours seraient également impliqués pour conseiller, trier et traiter les patients. On peut penser ici aux pharmaciens, aux chiropraticiens, à d’autres spécialistes médicaux (par exemple dans le cadre de la consultation télémédicale), au personnel infirmier ou à des personnes d’autres professions thérapeutiques. De même, le rôle important des assistants médicaux (AM), souligné à plusieurs reprises dans les documents de l’initiative, est incontesté. En même temps, il n’est pas possible de leur confier toutes les tâches, en particulier pour les patients souffrant de pathologies multiples et complexes. Pour cela, il faut faire appel à d’autres professionnels spécifiquement formés (par exemple, les infirmiers)”.
“… Dans le cadre des soins médicaux de base, la médecine de famille est expressément mentionnée comme un élément essentiel. Ceci dans le contexte où la médecine de famille représente – même si ce n’est pas de manière exclusive – l’épine dorsale des soins médicaux de base et assume ou peut assumer une tâche importante pour la prise en charge globale des patients. Inversement, il est clairement affirmé que les soins médicaux de base ne sont pas monopolisés par les médecins de famille ni par d’autres groupes professionnels médicaux ou non médicaux. Compte tenu du caractère de plus en plus interdisciplinaire des soins de base, cela ne serait guère orienté vers l’avenir et pourrait même mettre en péril l’approvisionnement en cas de pénurie correspondante de médecins de famille. …” [1]
Dans un monde où la médecine est très fragmentée sur le plan professionnel (un à deux titres de spécialiste par organe et par maladie) et face à l’afflux attendu de médecins de premier recours non médecins travaillant à leur compte, il est très important pour les futurs médecins de famille d’avoir des connaissances étendues et approfondies en médecine générale, pour le bien de nos patients. Engageons-nous !
Littérature :
PRATIQUE DU MÉDECIN DE FAMILLE 2014 ; 9(6) : 1