L’OFSP et la Commission fédérale pour les vaccinations recommandent la vaccination contre le zona avec le vaccin sous-unitaire adjuvanté pour les personnes en bonne santé à partir de 65 ans et pour les patients immunodéficients à partir de 50 ans ou, le cas échéant, dès 18 ans. La vaccination de base contre la varicelle est prévue par le calendrier vaccinal pour les nourrissons âgés de 9 et 12 mois. Il est conseillé aux personnes âgées de 13 mois à 39 ans qui n’ont pas été vaccinées et qui n’ont pas encore contracté la varicelle de procéder à une vaccination de rattrapage.
Plus de 95% des personnes en Suisse sont infectées par la varicelle dans leur enfance, mais ne développent généralement qu’une légère fièvre et une éruption cutanée avec démangeaisons ou un exanthème généralisé [1,2]. Parmi ceux qui ne tombent malades qu’à l’âge de ≥16 ans, une cinquantaine doivent être hospitalisés chaque année en raison de complications et environ 20 pour 100 000 en meurent, ce qui est environ 10 à 20 fois plus fréquent que chez les enfants plus jeunes [3]. Les virus varicelle-zona restent dans l’organisme toute la vie et peuvent être réactivés des décennies plus tard et provoquer un herpès zoster (zona) [2].
Réactivation du virus de la varicelle : environ une personne sur trois souffre de complications
Environ un tiers des personnes qui ont eu la varicelle développent un zona plus tard dans leur vie [3]. La prévalence augmente à partir de 50 ans et est plus élevée chez les personnes immunodéprimées [4,5]. En Suisse, plus de 20 000 consultations par an sont liées au zona, dont la moitié concerne des personnes de plus de 65 ans [6]. L’herpès zoster se manifeste par une éruption cutanée douloureuse et/ou brûlante qui sèche après quelques jours et forme une croûte qui finit par tomber [6]. Des complications surviennent dans environ 30% des cas, notamment des infections oculaires qui peuvent être graves et s’accompagner d’un risque de cécité (encadré) [2,6]. En outre, des semaines ou des mois après un zona, des douleurs chroniques peuvent apparaître ; chez 20% des patients de plus de 65 ans, cet état dure plus de trois mois (névralgies post-zostériennes) [2,6].
Complications de l’herpès zoster : personnes âgées et immunodéprimées sont particulièrement vulnérables La complication la plus fréquente de l’herpès zoster (HZ) est la névralgie post-zostérienne (PHN). A l’âge de 30 ans, environ 7% des patients HZ sont atteints de PHN, à l’âge de 50 ans, ils sont environ 12% et à 70 ans, environ 18% [14]. Dans le cas de la névralgie post-zostérienne, la douleur névralgique peut persister plusieurs semaines, mois ou même années après la disparition de l’éruption. La douleur PHN est limitée au dermatome concerné, elle est typiquement décrite comme une sensation de brûlure ou de piqûre. Les épisodes de douleur peuvent varier considérablement d’une personne à l’autre et, dans certains cas, ils peuvent avoir un impact significatif sur la qualité de vie [15]. L’herpès zoster ophtalmique est une conséquence de la réactivation du virus varicelle-zona dans le ganglion du trijumeau et constitue une complication particulièrement grave. Elle peut menacer la vue et nécessite un traitement antiviral urgent [16]. Plus rarement, d’autres complications ophtalmologiques, dermatologiques, neurologiques, viscérales ou vasculaires peuvent survenir [8]. |
Vaccination de rattrapage recommandée en cas de manquement à la vaccination de base
Depuis le 1er janvier 2023, la vaccination contre la varicelle avec deux doses est recommandée en Suisse par la CFV et l’OFSP comme vaccination de base contre la varicelle (Varicella) pour tous les nourrissons âgés de 9 et 12 mois [2,3]. La vaccination doit être effectuée de préférence avec un vaccin combiné quadrivalent ROR, qui protège contre quatre maladies : Rougeole, Oreillons, Rubéole et Varicelle [3]. Étant donné que le risque de complications de la maladie est plus élevé chez les adultes et afin d’éviter la contamination de toutes les personnes non encore immunisées, il est recommandé à tous les enfants, adolescents et adultes âgés de 13 mois à 39 ans qui n’ont pas encore contracté la varicelle et qui n’ont pas encore reçu deux doses de vaccin au total, d’effectuer une vaccination de rattrapage (1 ou 2 doses) contre la varicelle (ou le VMRM) [3]. En cas d’incertitude quant à une varicelle antérieure, les anticorps IgG peuvent être déterminés pour clarifier le statut immunitaire [3]. Tant la vaccination de base recommandée que la vaccination de rattrapage au moyen de vaccins individuels contre la varicelle sont prises en charge par l’assurance obligatoire des soins (assurance de base) [3].
Shingrix® protège les plus de 65 ans et les autres groupes à risque contre le zona
La vaccination contre le zona avec le vaccin sous-unitaire adjuvanté (Shingrix®) est recommandée en Suisse depuis 2022 pour les personnes en bonne santé âgées de 65 ans et plus ainsi que pour les patients immunodéprimés âgés de 50 ans et plus ou souffrant d’une immunodéficience sévère âgés de 18 ans et plus [3,7]. Shingrix® – le système de gestion de la qualité est un vaccin recombinant, AS01B-adjuvant sous-unitaire [7,8]. Une dose (0,5 ml) contient 50 μg d’antigène glycoprotéine E (gE) du virus varicelle-zona, produit par la technologie de l’ADN recombinant. L’adjuvant AS01B contient 50 μg d’extrait végétal Quillaja saponaria Molina et 50 μg d’un monophosphoryllipide A (MPL) de Salmonella minnesota.
Dans de nombreuses maladies chroniques sans immunosuppression, le risque de zona n’est que légèrement augmenté, mais en cas d’immunosuppression due à la maladie ou au traitement, il est parfois massivement plus élevé par rapport à des personnes en bonne santé et appariées pour l’âge (tableau 1). [8]. Dans une méta-analyse sur le risque de zona chez les personnes immunodéprimées aux États-Unis, l’incidence annuelle était la plus élevée dans les cas d’hémopathies malignes et après une greffe de cellules souches hématopoïétiques, suivie par les transplantations d’organes [9–11].
Deux doses de Shingrix® sont nécessaires, à au moins deux mois d’intervalle. Les analyses d’immunogénicité ont montré que 2 doses de Shingrix® entraînent une augmentation >4 fois de la réponse immunitaire cellulaire par rapport à 1 dose [5]. Pour une bonne immunogénicité, 2 doses sont donc nécessaires, même après Zostavax® et même en cas de réactogénicité accrue [5]. Chez les personnes immunodéprimées, un intervalle de quatre semaines peut également être envisagé individuellement. En Suisse, la vaccination avec le vaccin sous-unitaire Shingrix® est remboursée par l’assurance obligatoire des soins [3].
Les anciennes recommandations de 2017 pour le vaccin vivant atténué (Zostavax®) ne s’appliquent plus qu’aux personnes âgées de 65 à 79 ans sans immunodéficience, qui préfèrent le vaccin vivant au vaccin sous-unitaire. La vaccination avec le vaccin vivant atténué n’est pas remboursée par l’assurance obligatoire des soins [3,7].
“ZOE50” et “ZOE-70” : Efficacité de Shingrix® chez les personnes âgées de ≥50 et ≥70 ans respectivement
L’étude d’efficacité clinique contrôlée par placebo “ZOE50” a examiné 15 411 participants âgés de ≥50 ans pendant une période de suivi moyenne (follow-up) de 3,2 ans [8,12]. Six participants du groupe vacciné et 210 du groupe placebo ont développé un zona (taux d’incidence de 0,3 vs 9,1 pour 1000 personnes-années). L’efficacité du vaccin contre le zona a été de 97,2% (IC à 95% ; 93,7-99,0% ; p<0,001) [8,12]. L’efficacité était comprise entre 96,6% et 97,9% pour tous les groupes d’âge [8,12]. Dans l’étude “ZOE-70”, très similaire, portant sur un total de 13 900 participants (âgés de ≥70 ans), l’HZ est apparu pendant un suivi moyen de 3,7 ans chez 23 participants après Shingrix® contre 223 après placebo (0,9 contre 9,2 pour 1 000 personnes-années) [8,13]. L’efficacité contre le zona était de 89,8% (IC à 95% ; 84,2-93,7% ; p<0,001) et était similaire chez les participants âgés de 70 à 79 ans (90,0%) et chez les participants âgés de 80 ans et plus (89,1%) [13].
Congrès: SGAIM Herbstkongress
Littérature :
- «Gürtelrose», www.usz.ch/krankheit/guertelrose, (dernière consultation 21.11.2023)
- BAG: Kommentar zu den Änderungen der KLV vom 28. November 2022 per 1. Januar 2023 AS 2022 840 vom 22. Dezember 2022
- «Windpocken & Gürtelrose», www.bag.admin.ch/bag/de/home/krankheiten/krankheiten-im-ueberblick/windpocken.html#-1259201142, (dernière consultation 21.11.2023)
- Schiffner-Rohe J, et al.: Herpes zoster in Deutschland. Eine retrospektive Analyse von GKV-Daten. [Herpes zoster in Germany. A retrospective analyse of SHL data]. MMW Fortschr Med 2010 Jan;151 Suppl 4: 193–197.
- «Wie ein Impfstoff der Gürtelrose vorbeugen kann», Dr. med. Daniel Desgrandchamps, Satelliten Symposium GSK, SGAIM Herbstkongress, 21.–22.09.2023.
- «Gürtelrose (Herpes zoster)». www.infovac.ch/de/impfunge/nach-krankheiten-geordnet/guertelrose-herpes-zoster, (dernière consultation 21.11.2023)
- Swissmedic: Arzneimittelinformationen,
www.swissmedicinfo.ch, (dernière consultation 21.11.2023) - BAG-Bulletin 47/2021, Ausgabe vom 22. November 2022.
- McKay SL, et al.: Herpes Zoster Risk in Immunocompromised Adults in the United States: A Systematic Review. Clinical infectious diseases an official publication of the Infectious Diseases Society of America 2020; 71(7): e125–e134.
- Chen H-H, et al.: Risk of herpes zoster in patients with systemic lupus erythematosus: a three-year follow-up study using a nationwide population-based cohort. Clinics (Sao Paulo, Brazil) 2011; 66(7): 1177–1182.
- Bastidas A, et al.: Effect of Recombinant Zoster Vaccine on Incidence of Herpes Zoster After Autologous Stem Cell Transplantation: A Randomized Clinical Trial. JAMA 2019; 322(2): 123–133.
- Lal H, et al. Efficacy of an adjuvanted herpes zoster subunit vaccine in older adults. The New England Journal of Medicine 2015; 372(22): 2087–2096.
- Cunningham AL, et al.: Efficacy of the Herpes Zoster Subunit Vaccine in Adults 70 Years of Age or Older. The New England Journal of Medicine 2016; 375(11): 1019–1032.
- Hillebrand K, et al.: Incidence of herpes zoster and its complications in Germany, 2005–2009. The Journal of infection 2015; 70(2): 178–186.
- Johnson RW, et al.: The impact of herpes zoster and post-herpetic neuralgia on quality-of-life. BMC medicine 2010; 8: 37.
- Liesegang T: Herpes Zoster Ophthalmicus: Natural History, Risk Factors, Clinical Prevention and Morbidity. Ophthalmology 2008; 115(2); suppl): S3–S12.
HAUSARZT PRAXIS 2023; 18(12): 24–25