Une équipe de recherche de la Queen Mary University a réalisé une méta-analyse sur les bénéfices potentiels d’une supplémentation en vitamine D sur le risque d’infections respiratoires aiguës. Les résultats publiés dans le Lancet en 2021 confirment les liens établis il y a quelques années dans une analyse secondaire similaire. Par conséquent, en fonction du dosage et d’autres facteurs, la prise de vitamine D présente un petit avantage pour la prévention des infections respiratoires aiguës.
Au total, les données de plus de 48 000 participants issus de 43 études (RCT) ont été prises en compte dans la méta-analyse publiée dans The Lancet Diabetes Endocrinology [1]. La base de données s’est ainsi enrichie de 18 études supplémentaires par rapport aux travaux publiés en 2017. Les chercheurs ont démontré un effet protecteur faible mais significatif de la supplémentation en vitamine D sur le risque d’une ou plusieurs infections respiratoires aiguës (IRA) par rapport au placebo (OR 0,92 ; IC 95% 0,86-0,99) : Au total, 61,3% des participants prenant de la vitamine D ont présenté une ou plusieurs infections respiratoires aiguës, contre 62,3% dans le groupe placebo. (tableau 1). Contrairement à la méta-analyse d’il y a environ quatre ans, Jolliffe et al. 2021, aucun effet protecteur n’a été observé chez les participants présentant les concentrations de 25(OH)D les plus faibles. Cependant, il a été démontré que l’administration quotidienne de 400-1000 UI de vitamine D pendant une période maximale de 12 mois chez des sujets âgés de 1 à 16 ans à l’âge de référence est associée à un effet protecteur d’ampleur variable. Une analyse exploratoire limitée aux données de cinq études répondant à ces critères d’inclusion a montré un effet protecteur plus important de la supplémentation en vitamine D par rapport au placebo (OR 0,56 ; IC 95% 0,38-0,82) par rapport à l’analyse principale, sans hétérogénéité significative entre les études.
Pertinence du statut en vitamine D à l’état de référence
Dans l’ensemble, l’ampleur de l’effet protecteur d’une supplémentation en vitamine D sur le risque d’IRA s’avère faible dans la présente analyse (OR 0,92 [95%-KI 0,86–0,99]), ce qui est similaire aux données au niveau des participants individuels (OR ajusté 0,88 [95%-KI 0,81–0,96]) de la méta-analyse précédente. En accord avec l’étude précédente, l’estimation de cet effet était plus faible chez les participants ayant des concentrations de base de 25(OH)D inférieures à 25 nmol/l que chez ceux ayant des concentrations supérieures à 25 nmol/l. Cependant, contrairement aux résultats précédents, aucun effet protecteur significatif de la vitamine D n’a été observé chez les participants présentant les plus faibles concentrations de 25(OH)D à la ligne de base. Cette différence reflète l’inclusion de données nulles provenant de quatre nouveaux ECR dans lesquels la vitamine D a été administrée à des équivalents de dose quotidienne de 2000 UI/jour ou plus à des intervalles hebdomadaires ou mensuels pendant 2 à 5 ans.
Une supplémentation en vitamine D permet d’obtenir une meilleure protection à faible dose
Les résultats nuls de ces études contrastent avec les effets protecteurs rapportés dans des études antérieures dans lesquelles des doses quotidiennes plus faibles de vitamine D ont été administrées sur des périodes plus courtes. Cela pourrait indiquer que la fréquence, la dose et la durée de la supplémentation en vitamine D pourraient être des facteurs clés pour un effet protecteur contre l’IRA, écrivent les auteurs. En accord avec cette hypothèse, leur méta-analyse a observé des effets protecteurs significatifs d’une supplémentation en vitamine D par rapport à un placebo dans des études où la vitamine D était administrée quotidiennement à des doses de 400-1000 UI/jour pendant 12 mois ou moins. Les effets protecteurs plus importants des doses plus faibles vs. plus élevées de vitamine D pourraient refléter les effets néfastes de la vitamine D à plus forte dose sur le métabolisme. Pour étudier ce problème plus en détail, des études en tête-à-tête sont nécessaires chez des personnes réparties de manière aléatoire entre différents régimes de supplémentation en vitamine D, selon les experts.
De manière restrictive, Jolliffe et al. Les auteurs ont donc utilisé des données agrégées au niveau de l’étude comme base de leur méta-analyse, plutôt que des données au niveau des participants individuels. Cela a permis d’avancer rapidement sans les retards qu’aurait entraînés la nécessité de conclure plusieurs accords de partage de données. Cependant, certaines informations manquaient pour examiner, par exemple, la race, l’ethnie ou l’obésité en tant que modificateurs potentiels de l’effet. Il n’a pas non plus été possible de prendre en compte d’autres facteurs susceptibles d’influencer l’effet protecteur d’une supplémentation en vitamine D pour la prévention des infections respiratoires aiguës, comme par exemple la prise du complément vitaminique avec ou sans repas.
Littérature :
- Jolliffe DA, et al : Vitamin D supplementation to prevent acute respiratory infections : a systematic review and meta-analysis of aggregate data from randomised controlled trials. Lancet Diabetes Endocrinol 2021 ; 9(5) : 276-292 ; doi : 10.1016/S2213-8587(21)00051-6.
PRATIQUE DU MÉDECIN DE FAMILLE 2022 ; 17(1) : 46-48