L’hypothyroïdie subclinique est généralement un diagnostic de laboratoire sans symptôme significatif et est définie par une TSH élevée avec des valeurs normales de T3 libre et de T4 libre. Les contrôles de laboratoire effectués après 2 à 3 mois révèlent une normalisation spontanée dans 50 % des cas. Cela ne facilite pas l’identification et le traitement de l’hypothyroïdie.
En cas d’hypothyroïdie subclinique, la thyroïde produit encore suffisamment d’hormones (T4 libre), mais la stimulation par l’hypophyse est augmentée (augmentation de la FSH). En cas d’élévation persistante de la TSH, l’hypothyroïdie infraclinique est associée à la détection d’anticorps spécifiques de la thyroïde, dans le sens d’une thyroïdite auto-immune. Cette constellation est fréquente chez les personnes âgées. Selon la définition, 8 à 18% des seniors ont une hypothyroïdie subclinique, qui est associée à divers problèmes de santé, tels que la fatigue, les maladies cardiovasculaires, la faiblesse musculaire, le ralentissement de la pensée, l’hypertension et l’obésité.
L’interprétation de l’augmentation de la TSH doit tenir compte du fait qu’elle augmente physiologiquement avec l’âge. Un taux de TSH supérieur à la plage de référence définie pour la population générale, jusqu’à environ 8 mU/l, est considéré comme normal chez les personnes âgées. Certaines études suggèrent également qu’un taux de TSH légèrement plus élevé chez les personnes âgées est associé à une morbidité moindre. Cependant, les patients présentant une TSH sérique >10 mU/l ont un risque élevé de développer une hypothyroïdie manifeste avec de faibles taux sériques de T4 libre au cours des 10 prochaines années. Les études épidémiologiques montrent que les personnes concernées ont un risque accru de maladie coronarienne et de décès prématuré. Toutefois, il n’existe pas encore de normes liées à l’âge.
Initier un traitement précoce ou attendre ?
Il reste cependant à prouver que le traitement de la thyroïde protège les patients – en particulier les personnes âgées atteintes – des conséquences. Une étude portant sur un groupe important de seniors a comparé le traitement par L-thyroxine à un placebo sur une période de cinq ans. La substitution hormonale a atteint son objectif biochimique : les taux de TSH ont rapidement chuté sous traitement par la L-thyroxine, pour atteindre 3,63 mUI/l après 12 mois. Cette valeur a été maintenue par les patients qui ont été suivis après un total de cinq ans. La prise d’un comprimé de L-thyroxine une fois par jour, généralement sans effets secondaires, est acceptée par la plupart des patients. Cependant, aucune amélioration de l’état de santé n’a pu être détectée à l’aide d’un “score de symptômes hypothyroïdiens” et d’un “score de fatigue”. Les valeurs des deux scores n’ont guère changé. Il n’y a pas eu non plus d’effet placebo perceptible. Parallèlement, le traitement à la L-thyroxine n’a pas eu de conséquences négatives sur la santé. Les complications graves telles que la fibrillation auriculaire, l’insuffisance cardiaque, les fractures ou le nouveau diagnostic d’ostéoporose n’ont pas été diagnostiquées plus fréquemment avec le traitement par la L-thyroxine que dans le groupe placebo.
Une attention particulière pendant la grossesse
Les femmes enceintes constituent un groupe pour lequel le diagnostic et le traitement requièrent une sensibilité particulière. Ici, la mère et l’enfant doivent être traités comme deux individus différents. Il convient de tenir compte des valeurs cibles et des doses variables en fonction de l’âge de la grossesse. Le diagnostic des troubles de la fonction thyroïdienne n’est toujours pas inclus dans les directives de maternité. Cependant, les évaluations montrent une augmentation significative du taux d’accouchement prématuré chez les femmes enceintes souffrant d’hypothyroïdie. Des associations avec des fausses couches et un diabète gestationnel ont également été observées. La détermination des paramètres thyroïdiens est utile avant même de planifier une grossesse, afin de détecter et de traiter d’éventuels dysfonctionnements thyroïdiens avant le début de la grossesse. Le traitement de l’hypothyroïdie, aussi bien chez les femmes qui ne sont pas enceintes que pendant la grossesse, consiste dans la plupart des cas en une substitution de L-thyroxine. Il convient de noter que la dose doit souvent être ajustée plusieurs fois pendant la grossesse, ce qui implique des contrôles réguliers de la fonction thyroïdienne.
Littérature complémentaire :
- Meyer R : Hypothyroïdie subclinique : traitement uniquement “cosmétique de laboratoire”. Dtsch Ärzteblatt 2017 ; 114(15) : A-742/B-630/C-616
- Stott DJ, Rondondi N, Kearny PM, et al : Thyroid Hormone Therapy for Older Adults with Subclinical Hypothyroidism. N Engl J Med 2017 ; 376 : 2534-2544.
- www.msdmanuals.com/de-de/profi/endokrine-und-metabolische-krankheiten/schilddrüsenerkrankungen/hypothyreose
- Ruderich F, Feldkamp J : Hypothyroïdie subclinique. Dtsch Med Wochenschr 2022 ; 147(06) : 289-294.
- Pearce SHS, Razvi S, Yadegarfar ME, et al : Serum Thyroid Function, Mortality and Disability in Advanced Old Age : The Newcastle 85+ Study. J Clin Endocrinol Metab 2016 ; 101 : 4385-4394.
- Surks MI, Hollowell JG : Distribution en fonction de l’âge de la thyrotropine sérique et des anticorps antithyroïdiens dans la population américaine : implications pour la prévalence de l’hypothyroïdie subclinique. J Clin Endocrinol Metab 2007 ; 92 : 4575-4582.
- Kirschner W, Jückstock J, Henrich W : L’hypothyroïdie subclinique augmente le risque de fausse couche, d’accouchement prématuré et de diabète gestationnel. Gynécologue 2021 ; 5 : 326-333.
CARDIOVASC 2022 ; 21(2) : 34