Pour la première fois, des représentants de la neurologie, de la psychiatrie et de la pharmacie se sont rencontrés lors du Berlin Brain Summit pour un sommet interdisciplinaire sur les maladies du cerveau. L’objectif de cet échange interprofessionnel était d’établir une base stable pour des soins durables aux personnes atteintes de maladies du cerveau et de pouvoir appliquer rapidement les connaissances scientifiques actuelles dans la routine quotidienne.
Cinq des dix maladies ayant une charge de morbidité élevée et entraînant un décès prématuré sont des maladies du cerveau. Un défi majeur pour la société et la médecine. Mais la recherche ne s’arrête pas là et les nouvelles découvertes donnent régulièrement lieu à de nouvelles stratégies de traitement. Dans le cas de la maladie d’Alzheimer, l’accent est donc mis sur le ralentissement de la progression de la maladie et non plus uniquement sur le soulagement des symptômes neuro-psychiatriques. Cela est possible grâce à de nouvelles préparations qui interviennent dans le mécanisme pathologique de la maladie. Les plaques amyloïdes et les fibrilles tau, typiques de la maladie d’Alzheimer, sont particulièrement visées. Mais l’inhibition de certaines kinases et la stimulation de l’approvisionnement en énergie des neurones sont également des possibilités thérapeutiques qui sont actuellement examinées à la loupe dans le cadre d’études de phase III [1].
Un autre aspect qui a été examiné de plus près est le diagnostic précoce. Les diagnostics conventionnels de démence ne permettent pas de détecter les stades précoces de la MA avec suffisamment de certitude pour cibler les approches thérapeutiques préventives. Ici, des études ont montré que les biomarqueurs du LCR peuvent être utiles pour identifier une maladie d’Alzheimer débutante chez les patients souffrant de troubles cognitifs légers (MCI). Selon une étude suédoise, les patients présentant des biomarqueurs typiques de la MA dans le LCR (quotient Abeta 42/40, tau total et phospho-tau 181) et une légère déficience cognitive ont un risque d’environ 90% de développer une MA dans les années à venir. En outre, la TEP amyloïde, appelée Pittsburgh Compound-B (PIB), permet de visualiser les modifications histopathologiques typiques telles que les dépôts amyloïdes [2].
La gestion de la dépression en ligne de mire
Une corrélation possible qui préoccupe toujours les chercheurs est celle entre la dépression et le stress. Des chercheurs suédois ont détecté une protéine qui semble être importante dans le cerveau pour la fonction de la sérotonine, impliquée dans la régulation de l’humeur, ainsi que pour la sécrétion d’hormones de stress [3]. La protéine p11 pourrait jouer un rôle important dans le mécanisme encore inconnu de la chronicisation du stress et de l’apparition de la dépression, ainsi que dans la réponse inadéquate au stress des patients dépressifs. Dans le modèle de souris, il a été démontré que l’expression de p11 est réduite dans le cerveau et peut être augmentée par l’administration d’antidépresseurs. Pour la première fois, les chercheurs ont également démontré un effet de p11 sur la sécrétion de cortisone, d’adrénaline et de noradrénaline. Les souris présentant un déficit en p11 ont réagi plus fortement au stress.
Le patient schizophrène
La schizophrénie est l’une des maladies mentales les plus graves et est relativement fréquente, avec une prévalence d’environ 1% de la population mondiale. Chez près d’un quart des patients, le traitement réussi ne provoque qu’un seul épisode psychotique dans leur vie et la santé mentale peut être entièrement rétablie. En conséquence, ce n’est pas le cas pour plus de 75% des personnes concernées. Après des phases de rémission (presque) complète, vous pouvez connaître des rechutes répétées – avec des symptômes résiduels parfois importants, accompagnés de troubles cognitifs et sociaux. Le développement d’antipsychotiques présentant un profil effet/effet secondaire favorable a été la première condition préalable à une gestion efficace du traitement. Il existe un consensus international sur le fait que seule une combinaison de mesures médicamenteuses, psychothérapeutiques et psychosociales permet de réduire durablement le risque de récidive. Mais pour une bonne adhésion, c’est surtout le spectre des effets secondaires qui est pertinent. En effet, chez les patients atteints de schizophrénie, les événements indésirables sont étroitement associés à la non-adhésion au traitement médicamenteux. La prévention, l’identification et la gestion efficace des effets secondaires liés aux médicaments sont donc importantes. Les antipsychotiques de deuxième génération (SGA) ont amorcé un abandon progressif du traitement paternaliste des symptômes du SMI au profit d’une approche centrée sur le patient, qui met l’accent sur les objectifs importants pour le patient, à savoir le fonctionnement psychosocial, la qualité de vie et le rétablissement. Il existe des preuves que les SGA présentent un meilleur profil de sécurité et de tolérance par rapport aux antipsychotiques de première génération. L’incidence des effets secondaires extrapyramidaux liés au traitement est plus faible et l’altération de la fonction cognitive ainsi que les symptômes négatifs liés au traitement sont moins fréquents. Cela a considérablement augmenté les chances de maintenir ou de rétablir les fonctions quotidiennes et la qualité de vie des patients schizophrènes.
Congrès : Berlin Brain Summit
Littérature :
- www.vfa.de/de/arzneimittel-forschung/woran-wir-forschen/neue-alzheimer-medikamente-in-entwicklung.html (dernier accès le 08.08.2022)
- www.berlin-brain-summit.de/publikationen/artikel-und-beitraege/diagnose-der-alzheimer-demenz.html (dernier accès le 08.08.2022)
- Sousa VC, Mantas I, Stroth N, et al : Le déficit en P11 augmente la réactivité au stress en même temps que l’axe HPA et l’hypersensibilité autonome. Mol Psychiatry 2021 ; 26:3253-3265.
- www.berlin-brain-summit.de/publikationen/artikel-und-beitraege/schizophrenie.html (dernier accès le 08.08.2022)
InFo NEUROLOGIE & PSYCHIATRIE 2022 ; 20(3) : 24