Alors que les concepts antérieurs de la maladie supposaient que les patients atteints du syndrome parkinsonien présentaient une évolution clinique plutôt uniforme au sein de leurs entités pathologiques (PD, PSP, CBD, MSA), des données de cohorte plus récentes montrent que les phénotypes cliniques et l’évolution de la maladie varient en fait considérablement au sein des entités pathologiques. Qu’est-ce que cela signifie dans la pratique ?
La maladie de Parkinson reste à ce jour un diagnostic clinique basé exclusivement sur des symptômes moteurs. La classification se fait en fonction des troubles tels que l’akinésie, la rigidité, les tremblements et les dyskinésies, entre autres. Cependant, les symptômes non moteurs ne se manifestent pas uniquement au stade prodromique. Les troubles olfactifs, la constipation, les troubles du sommeil ou la dépression peuvent se manifester tout au long de l’évolution de la maladie. Leur largeur et leur variabilité déterminent donc souvent le phénotype et la variabilité, a rapporté le professeur Claudia Trenkwalder, Kassel (D). Des études menées sur une cohorte prospective de la maladie de Parkinson ont montré une nette progression après seulement quatre ans, tant au niveau de la motricité que de la cognition. Parallèlement, des facteurs prédictifs ont pu être observés. Il s’agit par exemple d’une maladie coronarienne, de l’hypertension et de l’acide urique. “Nous devons donc garder à l’esprit que les maladies comorbides ont également une influence sur la variabilité des phénotypes”, ajoute-t-elle. Les patients qui développent un trouble du sommeil paradoxal pendant ou avant la maladie de Parkinson sont caractérisés par des déficits cognitifs plus évidents.
Analyser plus précisément les évolutions atypiques
Des évolutions similaires peuvent être observées dans les syndromes parkinsoniens atypiques. Il s’agit notamment des synucléinopathies avec l’atrophie multisystémique (MSA) et la maladie des corps de Lewy (MCL), ainsi que des tauopathies avec la parésie supra-nucléaire progressive (PSP) et la dégénérescence corticobasale (DBC). Les symptômes cardinaux de la PSP incluent une cognition réduite avec une attention et une vigilance fluctuantes, des hallucinations visuelles détaillées, des troubles du comportement du sommeil paradoxal ainsi qu’une bradykinésie, un tremblement de repos et/ou une rigidité. Un marqueur précoce chez les patients souffrant de troubles du sommeil paradoxal, qui représente un risque élevé de développer une maladie de Parkinson ou une PSP, est un RT-QuIC positif. A l’avenir, la MSA sera divisée en MSA cliniquement établie et MSA cliniquement probable. Pour l’akinésie, une corrélation avec une dégénérescence putaminale et nigrale a été détectée. La diminution de la réponse à la L-dopa, typique des stades avancés de la MSA, peut être attribuée à une perte des récepteurs de la dopamine de type D1 et D2.
Décrypter le caméléon
La PSP peut être divisée en différents phénotypes sur la base des connaissances neuropathologiques. “Grâce à cette caractérisation des types, il est désormais possible de diagnostiquer beaucoup plus de patients atteints de PSP”, a souligné l’experte. Outre le syndrome de Richardson typique (PSP-RS), la PSP se manifeste par exemple par un blocage progressif de la marche (PSP-PGF), un parkinsonisme prédominant (PSP-P), une présentation frontale prédominante (PSP-F) ou un dysfonctionnement moteur oculaire prédominant (PSP-OM). La PSP-RS est la plus fréquente (24%), suivie de la PSP-P (19%) et de la PSP-F (18%). Parmi les classifications diagnostiques les plus difficiles, on trouve le CBD, dont le phénotypage a été réalisé après une classification rétrospective sur la base d’examens neuropathologiques. Le syndrome corticobasal correspond aux critères actuels de la CBD, puis vient le syndrome frontal, la variante non fluente/agrammatique de l’aphasie primaire progressive et le syndrome PSP. Le CBD est également appelé le caméléon des syndromes parkinsoniens, c’est pourquoi l’attention portée aux différents phénotypes revêt une importance particulière. En cas de syndrome aphasique, le diagnostic de CBD devrait également toujours être envisagé, a recommandé Trenkwalder.
Source : “Variabilité du phénotype et de la progression dans les syndromes parkinsoniens : causes neurobiologiques et options thérapeutiques”, Symposium du Président, 24.03.2022. (Congrès allemand sur la maladie de Parkinson et les troubles du mouvement)
InFo NEUROLOGIE & PSYCHIATRIE 2022 ; 20(2) : 30