Des études précliniques montrent que les cellules de Sternberg-Reed, caractéristiques du lymphome hodgkinien classique, utilisent la voie de signalisation PD-1 pour contourner l’immunodétection. C’est pourquoi les inhibiteurs de points de contrôle immunitaires tels que le nivolumab, qui se lie au récepteur PD-1, pourraient être efficaces dans ce cas. Les résultats préliminaires de l’étude de phase Ib CheckMate 039 sont prometteurs.
(ag) En se liant au récepteur PD-1 sur les cellules T activées, le nivolumab empêche les ligands naturels tels que PD-L1 et PD-L2 d’interagir avec le récepteur. Ces ligands sont souvent surexprimés dans le lymphome hodgkinien et sont responsables de la limitation de l’activation et de la prolifération des lymphocytes T. Les cellules T sont alors plus vulnérables aux infections. Le nivolumab prévient de tels processus et stimule ainsi le système immunitaire dans sa lutte contre les cellules cancéreuses. Jusqu’à présent, cette substance a montré une efficacité clinique dans différentes tumeurs solides.
Mise à jour de CheckMate 039
Les résultats préliminaires d’une étude portant sur 23 patients atteints de lymphome hodgkinien récidivant ou réfractaire ont été présentés à la fois au congrès de l’ASH 2014 [1] et dans le New England Journal of Medicine [2]. Il s’agit des premières analyses publiées sur un anticorps PD-1 dans le traitement du lymphome hodgkinien classique. L’hypothèse était que le nivolumab augmentait l’activité anti-tumorale, parfois même chez les patients qui avaient reçu du brentuximab vedotin auparavant. La dose était de 3 mg/kgKG toutes les deux semaines jusqu’à la confirmation de la progression ou de la toxicité insoutenable.
La cohorte de patients prétraités de manière intensive (n=23) était issue de l’étude de phase Ib CheckMate 039, toujours en cours, qui évalue le nivolumab chez des patients atteints d’hémopathies malignes récidivantes ou réfractaires. Les données sur les lymphomes non hodgkiniens et le myélome multiple ont été discutées séparément lors du congrès. Là encore, les premières constatations ont révélé une efficacité prometteuse [3].
Réponse élevée
Le critère d’évaluation secondaire de l’efficacité a permis de mesurer ce qui suit chez les 23 patients atteints de lymphome hodgkinien : Le taux de réponse objective globale (ORR) était de 87% (n=20). Quatre patients ont obtenu une réponse complète, 16 une réponse partielle. Pour les trois autres personnes (13%), la maladie était stable. Dans l’ensemble du groupe, il y avait 18 cas avec un traitement préalable par brentuximab. Dans ce cas, l’ORR était même de 89% – dont un patient avec une réponse complète. La survie sans progression était de 86% à 24 semaines.
En ce qui concerne le critère d’évaluation principal, à savoir l’innocuité, 78% des patients ont présenté des effets indésirables liés au médicament, près d’un quart d’entre eux ayant subi une toxicité de grade 3. Dans l’ensemble, les effets indésirables les plus fréquents étaient les éruptions cutanées (22%), la diminution du nombre de plaquettes (17%), ainsi que la diarrhée, les nausées, le prurit, la fatigue et la fièvre (13% chacun). Les effets secondaires plus graves comprenaient, par exemple, le syndrome myélodysplasique et la pancréatite.
En résumé, le blocage du PD-1 par le nivolumab est tolérable dans la cohorte étudiée. Aucun nouveau problème de sécurité n’est apparu par rapport aux études précédentes. Pour les patients atteints de lymphome hodgkinien prétraité, les taux de réponse élevés sont très encourageants. Ils indiquent que l’approche immuno-oncologique a également un grand potentiel dans ce cas.
La voie de signalisation PD-1 semble être d’une importance cruciale dans le lymphome de Hodgkin et il semble exister une sensibilité au blocage de PD-1. En 2014, la FDA a accordé au nivolumab le statut de “breakthrough” pour le traitement du lymphome hodgkinien en cas d’échec de l’autogreffe de cellules souches et du brentuximab. Une grande étude de phase II impliquant plusieurs pays participants est en préparation.
Littérature :
- Armand P, et al : Nivolumab chez les patients atteints de lymphome hodgkinien en rémission ou réfractaire – Résultats préliminaires de sécurité, d’efficacité et de biomarqueurs d’une étude de phase I. ASH 2014 Abstract #289.
- Ansell SM, et al : Blocage du PD-1 par le nivolumab dans le lymphome hodgkinien en phase de rémission ou réfractaire. NEJM 6 décembre 2014. DOI : 10.1056/NEJMoa1411087.
- Lesokhin AM, et al : Résultats préliminaires d’une étude de phase I du nivolumab (BMS-936558) chez des patients atteints de tumeurs lymphoïdes en rémission ou réfractaires. ASH 2014 Abstract #291.
InFo ONKOLOGIE & HÄMATOLOGIE 2015 ; 3(1) : 3