Le métier de médecin implique une grande responsabilité vis-à-vis du patient. Pour cela, il faut une constitution stable, tant physique que mentale. Mais la charge de travail est élevée et le temps disponible pour les personnes concernées est faible. Ce qui fonctionne au début devient de plus en plus difficile avec le temps. Il est donc essentiel de sortir à temps d’une spirale négative, avant que toutes les réserves ne soient épuisées.
La profession de médecin n’est pas seulement utile et judicieuse, 90% d’entre eux sont également tout à fait satisfaits de leur activité, comme l’a montré une enquête [1]. Cependant, la charge est très élevée. Le fait qu’une grande partie des médecins estiment qu’ils n’ont pas assez de temps à consacrer au traitement des patients n’est pas nouveau. Cependant, le fait que plus d’un quart des médecins libéraux interrogés se sentent épuisés par leur travail interpelle. A l’hôpital, les chiffres sont encore plus élevés. En effet, cette profession est la plus exposée au burnout après celle des enseignants. Travailler avec des personnes n’est pas seulement un défi, c’est aussi une grande responsabilité. Pourtant, c’est rarement la charge de travail seule qui montre le chemin vers cet épuisement total. En général, d’autres aspects viennent s’ajouter, comme les tensions au travail, le manque de soutien social ainsi que le classique “conflit travail-famille”. Une atmosphère de confiance et de convivialité sur le lieu de travail n’est pas seulement une question de psychologie, mais la base d’une performance à long terme. En outre, il convient de trouver un équilibre clair entre vie professionnelle et vie privée – y compris une séparation claire des deux domaines.
Le mythe du médecin
Les personnes les plus à risque sont celles qui ont un penchant perfectionniste – surtout associé à une idéalisation de l’image du médecin, qui sont ambitieuses et ont besoin d’harmonie. Une forte recherche d’harmonie conduit à ne pas aborder ouvertement les conflits, mais à les réprimer. Au cours d’une thérapie, l’objectif est donc d’établir des exigences plus réalistes envers soi-même et d’adapter ses valeurs et ses aspirations. Le mythe du médecin est encore omniprésent, à la fois dans l’esprit des patients et dans celui des médecins eux-mêmes. Un médecin ne tombe pas malade, il est toujours en forme et performant. Après tout, il sait comment s’y prendre. Malheureusement, ce n’est pas ainsi que la vie fonctionne. Personne n’a toujours tout sous contrôle. Bien sûr, on sait très bien quels sont les effets du stress chronique. Toutefois, s’avouer à soi-même une surcharge ou même des faiblesses est une autre affaire. Les médecins agissent entre responsabilité et impuissance. Il n’est pas rare que la peur de décevoir, voire d’échouer, s’y ajoute. Tout ce qui pouvait être fait l’a-t-il été ? Quelque chose a-t-il été oublié ? Aurait-on pu faire mieux ? Les pensées tournent en rond.
Risque élevé de suicide
Le taux de suicide des médecins est largement supérieur à celui de la population générale, de 1,3 à 3,4 fois selon les études [2,3]. Dans ce cas, les symptômes précoces du burnout ont souvent été ignorés (tableau 1). L’épuisement émotionnel, l’aliénation des autres et la baisse des performances sont les premiers signes. La baisse de performance ne doit pas nécessairement être constante. Souvent, il est d’abord compensé par la seule force de la volonté. Mais les ressources s’amenuisent de plus en plus. Même une invitation à dîner, même sympathique, peut alors dépasser les limites. Bien sûr, on pourrait reconnaître les signes. Mais pour cela, il faut du temps. Du temps pour se regarder, prendre conscience de ses besoins et aller au fond de ses maux. Et ce temps n’est pas là. Peut-être faut-il les prendre avant qu’il ne soit trop tard ?
Littérature :
- www.kbv.de/html/aerztemonitor.php (dernier accès le 15.09.2020)
- Suhai T : Suicide des anesthésistes. Anaesthesist 2010 ; 59 : 395-400.
- Reimer C : Suicidalité chez les médecins. Psychiat Prax 2005 ; 32 : 381-385.
InFo ONKOLOGIE & HÉMATOLOGIE 2020 ; 8(4) : 36